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cule du fiel assez grande, un foie très-volumineux.,
tantôt simple, et tantôt divisé en deux ou en trois lobes,
et qui , dans quelques uns des animaux dont nous traitons,
est aussi long que l’abdomen.
Cette quantité et cette force des sucs digestifs'sont
sur-tout nécessaires dans les poissons qui ne présentent
presque àucune'Sinuosité dans leur intestin, presque
aucun appendice auprès du pylore-,. presque aucune
dent dans leur gueule, et qui, ne pouvant ainsi ni couper
, ni déchirer, ni concasser les substances alimentaires,
ni compenser le peu de division de ces* substances
par un séjour plus long de ces mêmes matières
nutritives dans un estomac garni de petits cæcums',
ou dans un intestin très-sinueux et par conséquent
très-prolongé , n’ont leurs alimens exposés à la puissance
des agens de la digestion que dans l’état et pendant
le temps le moins propres aux altérations que ces
alimens doivent éprouver. Ce seroit donc toujours en
raison inverse du. nombre des dents, des appendices
de l’estomac, et des circonvolutions de l’intestin, que
devroit être, tout..égal d’ailleurs, le volume du foie ,-
si l’abondance des sucs digestifs pe pouvoit être suppléée
par un accroissement de leur activité. Quelque-
fois cet accroissement d’énergie est aidé ou remplacé
par une faculté particulière accordée à l’animal. Par
exemple , le brochet, et les autres ésoces, que l’on doit
regarder comme les animaux de proie les plus funestes
à, un très-grand nombre de poissons, et qui, consom-
S U R L A N A T U R È D É S P O I S S O N S . XXÏX
mant une grande quantité d’alimens, n’ont cependant
reçu ni appendices de l’estomac, ni intestin tres-con-
tourné, ni foie des plus volumineux, jouissent dune
faculté que l’on a depuis long-temps observée dans
d’autres animaux rapaces , et sur-toUt dans les oiseaux
de proie les plus sanguinaires ; ils peuvent rejeter facilement
par leur gueule les difiérentes substances qu ils
ne pourroient digérer qu’en les retenant très-longtemps
dans des appendices ou des intestins plusieurs
fois repliés qui leur manquent, ou en les attaquant
par des sucs plus abondans ou plus puissans que ceux
•qui leur ont été départis.
Nous n'avons pas besoin de dire que de l’organisation
qui donne ou qui refuse cette faculté de rejeter,
de là quantité et du pouvoir des sucs digestifs, de la
forme et des sinuosités du canal intestinal, dépendent
peut-être autant que de la nature des substances
avalées par l’animal', la couleur et les autres qualités
des exerémens des poissons; mais nous devons ajouter
que ces produits de ia digestion ne sortent du corps
que très-ramollis, parce qu’indépendamment d’autre
raison , ils sont toujours mêlés, vers l’extrémité de l’intestin,
avec une quantité d’urine d’autant plus grande ,
qu’avant d’arriver à la vessie destinée à la réunir, elle
est filtrée et préparée dans des reins très-volumineux,
placés presque immédiatement au dessous de l’épine du
dos , divisés en deux dans quelques poissons , et assez
étendus dans presque tous pour égaler l’abdomen eu