qu’il a communiqués à l’Institut national de France
Je ne puis mieux faire que d’extraire de ce mémoire-
une grande partie de ce qu’il est encore nécessaire de
dire du gastrobranche aveugle.
Ce cartilagineux est bleu sur le dos, rougeâtre sur
les côtés , et blanc sur le ventre ; quatre barbillons
garnissent sa lèvre supérieure, et deux autres barbillons
sont placés- auprès de la lèvre de dessous. Entre les
quatre barbillons d’en haut, on voit un évent qui communique
avec l’intérieur de la bouche, comme celui
des pétroinyzons ; cet évent est d’ailleurs fermé, à la
volonté de l’animal, par une espèce de soupape. Les
lèvres sont molles, extensibles, propres à se coller
contre les corps auxquels l’aveugle veut s’attacher; elles
donnent une forme presque ronde à l’ouverture de la
bouche, qui présente "un double rang de dents fortes,
dures, plutôt osseuses que cartilagineuses, et retenues,
comme celles de la lamproie, dans des espèces
de capsules membraneuses. On compte neuf dents
dans le rang supérieur, et huit dans l’inférieur. Une
dent recourbée est de plus placée au dessus des autres,
et sur la ligne que l’on pourroit tirer de l’évent au
gosier, en la faisant passer par-dessus la lèvre supérieure.
On n’apperçoit pas de langue ni de narine ; mais on
voit au palais, et autour de l’ouverture par laquelle
* Le premier prairial de l’an 5.
D E S P O I S S O N S . 5 2 9
i event communique avec la cavité de la bouche, une
membrane plissée , que je suis d’autant plus porté a
regarder comme l’organe de l’odorat du gastrobranche
aveugle , que son organisation est très-analogue à celle
de ^intérieur des narines du plus grand nombre de
cartilagineux, et que les plus fortes analogies doivent
nous faire supposer dans tous les poissons un odorat
très-sensible.
Le corps de l’aveugle, assez délié et cylindrique, ne
parvient presque jamais à la longueur d’un pied, ou
d’environ trois décimètres. Il présente de chaque côté
une rangée longitudinale de petites ouvertures , qui
laissent échappêr un suc très-gluant : une matière semblable
découle de presque tous les pores de l’animal ;
et ces liqueurs non seulement donnent à la peau de
l ’aveugle, qui en est enduite, une sorte de vernis et
une grande souplesse, mais encore, suivant Gunner et
d’autres naturalistes, elles rendent visqueux un assez
grand volume de l’eau dans laquelle ce gastrobranche
est plongé.
Ce cartilagineux n’a d’autres nageoires que celle du
dos , celle de la queue et celle de l’anus, qui sont
reunies, très-basses, et Composées de rajons mous
que 1 on ne peut compter à cause de leur petitesse et
de I épaisseur de la peau qui les revêt.
L’ouverture de l’anus est une fente très-alongée ; et sur
le ventre sont placées deux ouvertures, dont chacune
communique à six branchies. Une artère particulière
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