corps et ses membres, sont de grandeurs inégales : généralement elles sont assez
petites, pointues, légèrement carénées, imbriquées et disposées avec régularité'
mais d’espace en espace il s’en élève qui sont de beaucoup plus grandes que les
autres, pointues et libres par leur bord postérieur. Sur la queue on ne voit poi®
de ces grandes écailles épineuses ; mais sur le dos il en existe un grand nombre
plusieurs constituent une espèce de crête dorsale. Sur la tête on en trouve aussi
quelques-unes; mais elles diffèrent moins des autres, car toutes sont très-grandes
et saillantes. Les écailles de la face inférieure du corps sont, au contraire, uniformes
et non hérissées de pointes.
L e dessus de la tête de cet agame est de couleur bleu grisâtre ; le dessous
présente des raies de la même teinte, alternant avec d’autres raies blanches, mêles
de jaune olive. La couleur générale du dos est un gris pâle; mais on y voit un grand
nombre de taches nuancées de gris bleuâtre beaucoup plus foncé et de jaune verdâtre
: sur la queue, les taches grises affectent la disposition de bandes transversales
; enfin les flancs, les côtés de la queue et le dessous des pattes sont d’une
teinte jaune verdâtre.
La description qu’Olivier a faite de son Agame rude convient assez bien à l’individu
représenté ici, et la figure qu’il en a donnée ne peut laisser aucune incertitude
sur l’identité spécifique; car une légère différence dans les couleurs pourroii
tout au plus les faire regarder comme des variétés l’un de l’autre. Voici ce qu’il en
dit ; « Elle est d’un gris clair nuancé d’un gris nébuleux; la tête et tout le dessous
» du corps sont couverts d’écailles de grandeurs inégales, dont quelques-unes,
» plus grandes , et plus élevéçs, ressemblent à de petites verrues. Les écailles de
» la queue ont une ligne élevée au milieu; celles du ventre sont simples, rhom-
» boïdales, un peu terminées en pointe ( 1 ). » L ’Agame rude d’Olivier est très-
commun en Perse et au nord de l’Arabie : il fait son trou dans la terre et couri
à sa surface avec une grande agilité pendant la chaleur du jour; mais le matin
on le trouve quelquefois dans une sorte d’engourdissement.
6. 1. Individu de grandeur naturelle.
Longueur totale « a 1 c ,7 .
------------ de la tête...................................................................................... 2,2 .
-------------du co rp s ....................................................................................... 5,0.
-------------de la queue................................................................................ 8,5.
6. 2. Tête grossie,et vue en dessus.
6. 3 . La même représentée en dessous.
Genre L É Z A R D , L A C E R T A .
Fig. 7 - 1 1 .
Les reptiles de la famille des lacertiens sont caractérisés par leur langue mince,
extensible et terminée par deux longs filets. Leur corps est alongé ; leurs doigts,
(1) Voyage dans l’Empire Othoman, tome I I , p. 428.
au
au nombre de cinq à chaque pied, sont séparés, inégaux, non opposables, et tous
armés d’ongles. Leur tympan est membraneux et à fleur de tête; leurs yeux sont
protégés par un prolongement cutané orbiculaire, fendu longitudinalement, qui
se ferme par un sphincter, et à l’angle antérieur duquel se trouve un vestige de
troisième paupière. Sous le ventre et sous la queue, leurs écailles sont disposées par
bandes transversales ; leurs fausses côtes ne se réunissent point sur la ligne médiane
inférieure; leur anus est fendu transversalement, et, chez les mâles, on trouve
une double verge.
Les lézards proprement dits forment le deuxième genre de la famille des lacertiens.
On les reconnoit aux deux rangées de dents dont leur palais est armé, et au
collier qu'ils portent sous le cou, et qui est formé par une rangée transversale de
larges écailles séparées de celles du ventre par un espace où il n’y en a que de très-
petites, comme sous la gorge. La partie supérieure de leur tête est munie d’une
espèce de bouclier formé par une partie des os du crâne qui s’avancent sur les
tempes et les orbites. Enfin leur queue est cylindrique, et ne présente ni crête ni
carène.
La forme générale des lézards est assez élégante; leurs couleurs sont souvent
tres-vives, et leur agilité est extrême. Pendant la saison froide, ils s’engourdissent,
et meme, dans les jours les plus chauds, on les voit rechercher les rayons du soleil.
Les insectes, les petits mollusques terrestres et les oeufs d’oiseaux constituent la
principale nourriture de ces animaux. Ils ne paroisséfit pas dépourvus d’une certaine
intelligence, et sont naturellement très-doux. L e moindre danger les fait fuir
avec rapidité; mais, lorsqu’ils se voient réduits à la défensive, ils montrent du courage
et de 1 adresse. A u printemps, ils changent de peau; et quand ils sont remis
de 1 espece de maladie qui accompagne ce phénomène, ils se livrent aux plaisirs
de 1 amour. Les mâles sont monoïques, et souvent se battent avec acharnement
pour la possession d’une femelle;, les individus de chaque couple restent ensemble
pendant toute la saison. Leurs oeufs sont blanchâtres et membraneux, et c’est la
chaleur du soleil qui les fait éclore. Enfin la queue de ces animaux, d’une extrême
fragilité, se détaché plus ou moins près de sa base au moindre effort : le lézard
qui a éprouvé cette mutilation ne paroît nullement en souffrir, et, ce qui est plus
remarquable encore, il répare bientôt cette perte; mais la nouvelle queue qui se
forme n est pas toujours semblable à l’ancienne, et souvent elle est bifurquée.
Le genre Lézard, tel que M. Cuvier l’a décrit, comprend deux sous-genres assez
distincts, les takydromes et les lézards proprement dits. Les premiers, dont la
queue est excessivement longue par rapport au corps, se rapprochent un peu des
serpens par leur forme générale : ils ont des rangées d’écailles carrées même sur le
os, et deux vésicules aux côtés de l’anus, mais point de tubercules poreux sous les
cuisses. Les lézards proprement dits sont, au contraire, dépourvus de vésicules
ana es, et présentent, a la face interne des cuisses, une rangée longitudinale d’écailles
tuberculeuses et percées à leur sommet de pores circulaires. Les espèces
gurées dans cette planche et dans la suivante appartiennent toutes à cette division.
Mon ami M. Milne Edwards, qui s’occupe actuellement de recherches zoologiques
H. H. TOME I.“ , I.™ partie. z