sous lequel se voit une peau fine et comme ponctuée. Il est à ajouter, à l’égard
des écailles, que celles qui se trouvent placées au-dessous de la ligne latérale, sont
deux fois plus grandes que celles du dos et de la partie supérieure des flancs; caractère
assez remarquable, et qui ne se retrouve chez aucun autre mormyre. Au
contraire, l’oxyrhynque est assez semblable à ses congénères par son système de
coloration : il est généralement grisâtre avec le dos plus foncé et le ventre plus
clair que les autres parties du corps.
La tête est d’un gris mélangé de rose principalement à sa partie antérieure, et
les nageoires sont rouges à leur origine. L ’oeil, noir au centre, est bordé de deux
cercles concentriques, dont l’extérieur est noirâtre, et l’intérieur d’un blanc argenté.
T e l est le Mormyre oxyrhynque, espèce très-singulière par quelques-unes des
modifications organiques qui la caractérisent, et non moins remarquable par les
souvenirs historiques qui se rattachent à elle, s’il est vrai, comme l’a établi mon
père (i), qu’on doive lui rapporter le poisson devenu si célèbre, sous le nom
& oxyrhynchus [o^upoy^oV], par les récits des auteurs anciens, et particulièrement
d’Élien et de Strabon (2). Ce dernier nous apprend que l’oxyrhynchus étoit, dans
l’Égypte antique, l’objet de la vénération universelle, et qu’en outre il étoit
honoré d’un culte spécial, et possédoit un temple dans une ville à laquelle il
avoit même donné son nom (la ville d’Oxyrhynchus); et Élien (3) ajoute quelques |
détails assez curieux, qui nous montrent combien les pêcheurs redoutoient que
leur filet ou leur ligne impie ne vinssent à saisir ces mêmes poissons, dont leurs
successeurs modernes ne croient pas trop acheter la prise par les longues fatigues
de leurs nuits.
On conçoit qu’un animal environné il y a tant de siècles de la vénération d’un
grand peuple a dû exciter à un haut degré la curiosité des savans modernes, principalement
à une époque où l’étude de l’histoire naturelle étoit moins l’étude de la
nature elle-même que celle des ouvrages des naturalistes de l’antiquité : aussi s’est-
on assez anciennement occupé de déterminer à quelle espèce doit être rapporté
l’oxyrhynchus; et c’est ce que fit particulièrement Belon. Ce célèbre voyageur eut
sous les yeux le véritable oxyrhynque; mais, par une erreur singulière et qu’on a
peine à concevoir, après avoir parfaitement reconnu le poisson sacré des Égyptiens
dans le Mormyrus oxyrlynchus, il voulut ramener celui-ci à une espèce dont la con-
noissance lui étoit familière, et le confondit avec le brochet [Esox lucius]. Cette
(1) Recherches sur les animaux du N il connus des Grecs, ibim ¡ exaquatïlibus duo, lèpidotum piscemet oxyrhynchmn,
et sur les rapports de ces animaux avec le système théogo- Sunt et quæ seorsum coluntur dfc. ( Strab. Rerum gecgra-
niqûe des anciens Égyptiens. phic. lïb. X V I I , pag. 812, trad. de l’édition de 1680.)
Ce mémoire, qui donne la détermination de tous les (3) Oxyrhynchus Nili alumnus, ex acumine rosiri nom
poissons du Nil indiqués par les auteurs Grecs, a été trahens, illic venerationem et religionem habet, ut pisca-
composé en Egypte pendant le siège d’Alexandrie, et tores valdè timeant hequando is piscis, apud eos sacir
lu à l’Institut) ian-1.802. et magnâreligione preeditus, hamo trajiciatur : quein si
t2) In ulterïore regione est Oxyrhynchus civitas, fortè hamo ceperint, nunquam tamen edere audent, atijut,
et proefectura eodem nomine. Hic oxyrhynchus colitur, et cùm pisces retibus comprehenduntur, diligenter etiam atijui
oxyrhynchi templum est, quamvis etiam coeteri Ægyptii etiam perscrutantur num quid horum piscium imprudentu
omnes oxyrhynchum piscem colant. Sunt etiam queedam unàcum aliis ceperunt :rnalunt enimnihilpiscium exciptn, |
animalia quæ Ægyptii universi colunt, ut de terrestribus quàm, hoc retento, maximum numerum assequi. (Lib. XII,
tria, bovem, carient, filetn ; è volatilibus, accipitrem atque cap. 33')
détermination, qui fut depuis adoptée par Blanchard et par Larcher, est cependant
essentiellement fautive: car, dune part, Je petit nombre d’indications que
l’on trouve dans les ouvrages anciens ne se rapporte pas exactement au brochet ;
et, de Iautre, cette espece n existe meme pas dans le Nil. On doit donc admettre,
sinon comme rigoureusement démontré, du moins comme très-vraisemblable, que
le nom â’oxyrhynchus étoit donné par les anciens Égyptiens, ou au Mormyre
oxyrhynque, ou au Mormyre kannumé de Forskael, les deux seuls poissons du Nil
auxquels il puisse être appliqué avec quelque justesse, ou, ce qui est plus probable,
à I un et à 1 autie a-la-fois : car le kannume est, suivant la description malheureuse- *
ment trop incomplète que nous en a laissée le voyageur Suédois, une espèce très-
voisine de 1 oxyrhynque par la forme de son museau, comme par presque tous ses
autres caracteres zoologiques ; et l’on peut croire que tous deux, soit qu’on les eût
confondus, soit quon les eût distingués spécifiquement, portoient en commun
une dénomination qui convenoit au même degré à l’un et à l’autre (i).
LE MORMYRE D ’H A S SE LQ U IST , Geo f f r .
( Ælormyrus caschive, H a s s e l q . î p l. 6 , fi g . 2 . )
Cette espèce est très-voisine d e la pré céd en te pa r sa taille et ses p ro p o rtio n s;
elle se distingue d’ailleurs très-facilement par plusieurs caractères.
La tete est très-alongée, ¡comme chez i’oxyrhynque : mais elle ne se termine
pas par un museau mince et cylindrique; et la ligne qui la borne supérieurement
n est pas, comme chez ce dernier, alternativement convexe et concave, mais bien
uniformément convexe, si ce n’est entre les deux yeux, où se remarque une petite
surface plane. La mâchoire inférieure est un peu plus courte que la supérieure,
et 1 oeil se trouve placé a un pouce seulement de l’extrémité du museau : il est
presque exactement circulaire, quoique situé dans une cavité irrégulièrement
ovale,dont le diamètre antéro-postérieur est double du transversal. La couleur
de cette espèce est aussi un peu différente de celle de l’oxyrhynque, le corps étant
généralement d un gris bleuâtre argenté, et la tête se trouvant variée de jaune pâle
et de verdâtre, et finement tachetée de jaune doré.
La nageoire dorsale est un peu plus étendue encore que chez l’oxyrhynque,
et s avance proportionnellement davantage vers l’occiput : du reste, les rayons
quila composent né sont pas plus longs que chez celui-ci, et ils diminuent de
meme insensiblement du premier au dernier. L ’anale et les ventrales ne présentent
rien de remarquable; et il en est de même des pectorales et de la caudale, qui ne
diffèrent guère de leurs analogues dans l’espèce précédente que par la forme plus
arrondie de leur extrémité. Le corps est généralement couvert d’écailles assez
m m ,il“ ' PreT inuti'0 de r™ arq“ “ que si le Mer- de la détermination de I’ortyrhynque des anciens. On ne
ríeUe “"" '" f “ oxyrlynchus ne formoient trouve, en effet .aucun fondement. réel à l’opinion de
raison? d"' K Se“ le “ Pèce <comme ° ” a quelques quelques auteurs qui ont cru, comme nous le verrons bien-
1 ..... e, e CroIre- et comme le pensent les pêcheurs tô t , retrouver 'Voxyrhynchus dans d’autres poissons du Nil,
I. il ne rpqrpirsTf vvl... . . . j du Nil ) i_ . . . . . . . • • 1 _ . .
ne resterott plus aucun doute sur la certitude tels que le Mormyre de Behbeyt et là Perche latous.