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deux semences ou lobes de l’ovaire qui avortent. Dans ce fruit, comme dans celui
de laThébaïde, l’enveloppe de la graine se perce aisément au sommet, et laisse
une ouverture pour le passage d e l’embryon, quand il a commencé à germer. Une
disposition analogue se retrouve dans les fruits de palmiers à semences contenues I
dans des enveloppes ligneuses, et favorise la germination. Ces enveloppes ou I
noix, comme celles du Cocotier, ne contiennent qu’une graine, et sont marquées I
de trois cicatrices, dont une'seule, qui est facile à percer, répond précisément à I
l’embryon ; les deux autres cicatrices aboutissent à des plaques ligneuses et restent I
fermées.
J’ai conservé au Doum le nom de Cucifira, sous lequel Théophraste l’a exac- I
tement décrit dans les.termes suivans : « L ’arbre appelé Cucifera ressemble au Dat- I
» tier; mais le tronc du Dattier est simple, tandis que celui du Cucifera se partage I
» :en deux branches, qui en produisent elles-mêmes deux autres, et qui portent
» encore des rameaux courts et peu nombreux. Il produit un fruit remarquable
» par sa grosseur, sa figure et son goût; il est assez gros pour remplir la main, I
n arrondi, un peu jaune ; et son suc est doux et agréable. Ce fruit renferme un I
» noyau d’une grande dureté, dont on fait au tour des anneaux pour les rideaux. I
» Le bois du Cucifera est meilleur que celui du Dattier : ce dernier est mou et I
» composé de fibres lâches; l’autre est, au contraire, serré, pesant, dur et veiné. I
» Les Perses recherchoient ce bois pour en faire des pieds de lit (i). »
La description du même arbre dans Pline (2) ne diffère point de celle de Théo- I
phraste. Strabon (3) a fait mention des ouvrages tissus de feuilles de Cuci d’Egypte, I
qui avoient la fermeté et l’apparence des feuilles de jonc ou de palmier.
Il: ne paroît pas que cet arbre ait été employé dans les hiéroglyphes. Je n’ai I
point vit de figure qui le représentât sur les monumèns de la haute Egypte ; et il I
est difficile de déterminer si ses fruits ou d’autres productions analogues ont servi I
à la composition de quelques ornemens des temples.
Bruce rapporte que le Doum ou Palmier de la Thébaïde est le Cucifera des I
anciens; mais" il paroît attribuer aux fruits, comme distinctive, une qualité qui est I
très-passagère, celle d’être amers. Cette amertume n’a lieu que dans les fruits verts; I
ils la perdent et deviennent doux et sucrés en mûrissant. Bruce rapporte aussi que I
le Doum croît dans la Nubie; ce qui est confirmé par les Nègres qui viennent du I
Dârfour et de Sennâr au Kaire.
Forskal a observé le Doum en Egypte et en Arabie, et a parlé brièvement de ses I
usages (4). Il a placé ce palmier, d’une manière incertaine, dans les genres Borassus I
et Corypha, et n’en a point donné de description.
Le Doum a de l’affinité avec le genre Chamoerops, dont les feuilles ont presque I
la même forme; mais l’embryon, placé au côté de la graine dans le Chamoerops, I
et au sommet dans le D o um , établit entre ces deux genres une distinction I
importante et facile à saisir.
On n’avoit bien connu jusqu’ici que les fruits d'Hyphoene ou Cucifera. Le I
(1) Hist. plant. Iib. IV, cap. 2.
(2) Hist. nat. Iib. x i l l , cap. 9.
(3) Ceogr. Iib. XVII, p. 1179, edi t. A msteloed. 1708.
(4) Flora Arabia: Fèlicis, p. XCVII.
voyage
D U P A L M I E R D O U M .
voyage de la haute Egypte m’a procuré l’occasion de décrire les fleurs de ce
genre de palmier. J’ai aussi comparé la description que Théophraste a faite du
Cucifera, et je l’ai citée comme une preuve de l’exactitude et du mérite de ses
ouvrages.
Henri Etienne, auteur de l’excellent Dictionnaire ou Thésaurus linguoe Groecoe,
me paroît s’être appuyé (i) sur des observations et des règles exactes pour traduire
par le mot Latin Cucifera, le nom qui désigne cet arbre dans le texte Grec.
J’ai adopté le mot ainsi traduit, et je l’ai préféré aux noms diversement écrits,
que plusieurs auteurs ont cités.
Le nom Arabe de l’arbre et de son fruit est Doum.
Il est appelé Amboni par les Barâbras des environs de Philæ.
Les synonymes suivans se rapportent au Doum :
Cuciophoron. A n g u i l la r a , pag. y o.
Cornisi fructusprò Bdelliomissus, qui vertus Cucì fructûsmix interior..C lu s . A rom.
Hist. 1 , fol. 160, icon.
Palma cujus fructus Cucì. Bauh. Pin. fol. 509. '
Bdellii fructus. L o b e l, icon. 2, fol. iyo.
Palmoe fte ie Cuciofera. C h ab ræ i Sciagr. fol. 29, icon.
Palma Africana coccifera, procerior et ramosa, trittico loeviore nigricante, radiato
fo lio ,.ir e . L iP P I , manuscr. è biblioth. D . de Jussieu.
Palma Thebàica dìchotoma, folio flabelliformi, pedunculis spinosis, fructu racemoso
sparso sessi/i. P o c o c k e , Lond. 1743, tom. I , pag. 280, tab. 72 et 73.
Hyphoene crinita. G æ r tn e r , de seminib. plant, tom. I I , pag. 13 , tab. 82.
Doma. Lamaric, Ulustr. tab. 900, fig. ultima.
Cucifera Thebàica. Tableau de l’École de botanique du Muséum d’histoire
naturelle, par M. Desfon tain es , Paris, 1804.
Hyphoene Cucifera. P e r so o n , Synopsis, 2 , p. 623.
Voici un résumé de la description :
Flores dioici in spadicibus ramosis. Singulo spadici spatha i-phylla brevis. Ramu/i
spathis vaginantibus suffiilti, et supra paginas radiatim divìsi in amenta tecta squamìs
imbricatis, setis fasciculatis et floribus solitariis interpositis.
Masculi. Calix sex-partitus. Lacinioe très exteriores ,angustoe, appressoe ; très interio-
res e prtorum fundo supra stipitem parvum elevatoe, crassiusculoe, patentes. Stamina sex.
Filamenta basi coalita, calìcis laciniis ìnteriorìbus affixa.
Feminei. Calix inferus persistons, sex-partitus, coriaceus, laciniis sub-oequalibus.
Germen trilobum. Stigmata, propter induratum gummi in floribus marcidìs, forma et
numero incerta. Fructus. Drupa pyramidata, fibrosa, basì plerumque 2-tuberculata,
magnitudine ovi gallinacei, mellitum succum parce exhibais, loevi cortice tecta, fréta nuce
coriacea monospermâ, apice tantummodo facile pervia. Semen ovarttm autferè conicum,
substantia alba cornea j intus cavum. Fmbryo in vertice seminis.
(1) Tom. IV, fol. 1279.