
est ronde et très-mince ; c’est sur la base demi-circulaire du triangle qu elles forment,
que viennent s’appuyer les apophyses tutrices des rayons.
Ayant depuis donné plus d'attention aux os qui portent la nageoire pectorale
e t les pièces de son prolongement, et les ayant trouvés, après en avoir soumis
les ligamens à une très-longue macération, plus nombreux q u a un premier examen,
je suis revenu sur l’opinion-que je men etois faite. Il seroit possible en effet que
les trois os du pédicule ou prolongement brachial ne fussent tout simplement
que des ©s du carpe; et l’on pourroit en alléguer pour preuve ce principe bien
établi, que la forme des organes indique bien moins sûrement leurs analogues
que leurs connexions , leur nombre et leurs usages.
J’ai compté quatorze pièces dans le bandeau osseux sur lequel battent les opercules,
sept de chaque côté. C e bandeau est formé d autant de pièces dans les
autres poissons, et c ’est parmi elles que j’ai retrouvé tous les os de l épaule et du
bras. L ’analogie ne permettant pas de croire que le bichir différé à cet égard de
ses congénères, il seroit alors soumis aux mêmes lois qu’eux tous, il auroit le bras
aussi court et couché de même tout le long de la clavicule; et toute cette différence
qui avoit d’abord causé notre étonnement, auroit porté seulement sur les
os du carpe, lesquels auroient été assez agrandis pour procurer au polyptère bichir
ce long pédicule ou cette sorte d’avant-bras qui n’en reste pas moins un des traits
les plus remarquables de son organisation : mais du moins la singulière anomalie
qui nbus occupe n’auroit pas été produite par un mode reserve aux autres classes
des animaux vertébrés.
J’ai fait figurer à part, sous le n.° y , les os du bras : d est le sternum dont nous
parlerons plus bas, b l’omoplate, C la clavicule et l’humérus joints ensemble ; l’humérus
est l’os de gauche, et la clavicule celui de droite : d représente le radius,
e le cubitus, et f i e furculaire.
Les nageoires ventrales ne diffèrent de celles des autres poissons que par plus
de longueur des quatre osselets qui servent de base aux rayons.
§. V I .
D u Sternum et de ses dépendances.
A vant de décrire ces parties dans le b ich ir, faisons co n n o itre ce q uelles sont
dans les poissons osseux.
Leur considération a fait le sujet d’un mémoire que j’ai lu à l’Institut de France,,
et que j’ai eu occasion de publier depuis (i).
J’y ai fait voir que les poissons ont le devant de la poitrine abrité par un
appareil osseux semblable à celui des oiseaux;
Que cet appareil, que sa situation extérieure, ses connexions avec les branchies,
sa forme et ses usages font aisément reconnoître pour un véritable sternum,
( i) Troisième Mémoire sur les poissons, où l’on traite de leur sternum sous le point de vue de sa détermination.
Annales du Muséum d’histoire naturelle, t. X , p. 87.
est
D E S P O I S S O N S D U N I L .
est formé d’autant de pièces que le sternum des jeunes oiseaux, c’est-à-dire, d’un os
impair et central, et de quatre annexes, deux de chaque côté, qu’on désignoit
autrefois sous le nom de grands os de la membrane branchiostége;
Que cet appareil est pareillement accompagné de côtes sternales qui se retrouvent
dans les rayons branchiostéges;
Que sa principale différence, par rapport aux oiseaux, est d’avoir en quelque
sorte passé en avant du bras et sous la tête, et d’être ainsi entré en connexion
et en relation d’usage avec le crâne, ce qui a mis les annexes sternales dans le
cas de s’appuyer sur les os de la langue, et privé les côtes sternales ou les rayons
de leur articulation vertébrale ;
Enfin, que la nécessité de ménager, pour la sortie du liquide ambiant porté sur
les branchies, une issue particulière sous la gorge, a seule empêché les annexes
de s’articuler avec la branche latérale de la pièce impaire et centrale, et qu’ainsi la
réunion des cinq pièces du sternum dans les oiseaux adultes, et leur séparation
constante dans les poissons, dépendent d’une circonstance secondaire et appréciable.
A peine retrouve-t-on quelques traces de ce plan dans le bichir ; la pièce
unique et centrale du sternum fournit à elle seule trois exceptions.
Elle est d’abord fixée sur toute la face inférieure des clavicules. En second lieu,
elle n’est point engagée dans les chairs, mais visible en entier au dehors. Enfin
ce n’est plus un os impair, il est rendu double par une séparation faite à son
milieu; séparation qui existe vers les points d’articulation des clavicules, et que
les mouvemens de ces deux pièces auroient bien pu occasionner.
La principale pièce du sternum ne remplit donc plus son usage habituel, qui
est de servir de plastron aux organes de la respiration; mais, ajoutée aux clavicules,
ou, comme s’exprime très-heureusement M. Cuvier, aux os en ceinture,
elle les fortifie, et procure, par l’addition d’une lame de plus en dessous, un point
d’appui sur lequel le bichir fait porter tout son corps, quand il se traîne ou qu’il
repose sur le roc..
La loi qui subordonne certains organes à de plus essentiels et de plus généraux,
• reçoit, dans ce cas-ci, une application bien digne de remarque; et cela n’étonnera
pourtant pas, si l’on réfléchit qu’il falloit bien que le sternum, que nous venons
de voir employé à former une cuirasse, fût suppléé dans ses usages, ou qu’il fît
tout au moins éprouver à ses annexes le contre-coup de sa métamorphose.
C ’est en effet ce qui arrive à celles-ci, qu’il est difficile de reconnoître au premier
aspect, à cause d’une grande différence de forme et de l’inégalité de leur volume.
L ’annexe antérieure (i) ressemble à un bec de spatule qui seroit alongé; elle
est mince, mais si étendue en surface, qu’elle remplit avec sa congénère tout
l’espace compris entre les branches de la mâchoire inférieure. Sa face extérieure est
au surplus recouverte par un épiderme très-mince qui adhère fortement à l’os.
La seconde annexe n’est qu’un petit osselet arrondi, engagé dans les chairs.
(1) Voyez \a figure 10, où elle.est désignée par ¡es lettres u c j la seconde annexe est numérotée e.
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