TRO I S IÈME MÉMOIRE.
OB SERVA T IONS
S U R LES A S C ID I E S P R O P R E M E N T DITES,
D E C O N S I D É R A T I O N S G ÉN É R A L E S SU R LA C L A S S E D E S A SC ID IE S .
e s t e n examinant des corps dont les attributs extérieurs étoient loin de
rappeler ceux des Ascidies ordinaires, que nous sommes parvenus à la découverte
de l’ordre des Ascidies composées ou sociales ( i ). L intérêt de cette découverte
exige que nous abandonnions momentanément la classe des Polypes, pour nousI
occuper des êtres plus compliqués qui font l’objet de ce troisième Mémoire. I
Les Ascidies ont l’organisation variée et l’aspect uniforme. La configuration!
qui leur est affectée, ne permet pas que les différences intérieures se manifestent!
au-dehors par des signes fort sensibles. Aussi les distinctions nécessaires à la par i
faite connoissance des espèces sont-elles difficiles a tracer. II ne me paroit cepeu-l
dant pas impossible de les diviser en plusieurs genres. Je vais essayer deneta-l
blir quatre, et je ne doute pas que par la suite on n’en admette plusieurs autres. I
Les genres que je propose sont fondes sur les considérations suivantes, le testI
des Ascidies est coriace, ou il est gélatineux ; il est sessile, ou il est pédicule (i).l
(i) A proprement parler, ces Ascidies sont plutôt retrouvées
que découvertes. Le genre Distomus, proposé
par Gærtner il y a quarante-cinq ans, présentoit la réunion
déjà effectuée des Ascidies composées aux Ascidies
simples. Voici ce que Pallas dit à ce sujet: « Alcyoniuni
» Ascidioïdes seu Distomus variolosus Goertneri novain
» indïcat et perfieït affinitatis seriem inter Zoophyta et
» Testacea bivalvia, per Âscidia Basteri seu Priapos, quos
» Gcertnerus in genere Distomos vocare amavit, quique
» sunt quasi Bivalvia testis exemta, branchiisque lamella-
» ceis orbata et basi rupibus adnata. » ( Spicil. zool. fasc. X,
pag. 35.) Ces observations sont de 1774* M. Renier,
naturaliste de Venise, a fait imprimer en 1793, dans les
Opuscoli di Milano, tom. X V I , une longue lettre dont le
but principal est d’établir l’affinité des Botrylles avec les
Ascidies. II est vrai qu’il ne leur suppose d’autres viscères
qu’un tube courbé en siphon et allant d’un orifice a l autre;
c’est même ainsi qu’il les a représentes. Mais il faut se rappeler
qu’à l’époqne où cet auteur écrivoit, l’organisation
intérieure des Ascidies étoit à peu près inconnue, et qu’au
fond tous ces rapprochemens avoient leur principe dans
des analogies extérieures. Je suis arrive a la vérité en
suivant une autre voie; et le lecteur a pu remarquer quel
si l’existence des Ascidies composées n’est pas encore rt-1
connue dans mon premier Mémoire, du moins y trouve-
t-on tous les éjémens nécessaires pour la démontrer. I
(2) M. Cuvier ( Mém. du Mus. d’hist. nat. tom. 11)1
divise le genre des Ascidies en quatre tribus, dont les!
caractères sont pris dans la forme et les dimensions du sac £
branchial :
i.° Sac branchial plissé longitudinalement, descen- .
dant jusqu’au fond de la tunique propre sans s y re 1. J
courber. Ascidia rnicrocosmus, A . papilluta. T
2.0 Sac branchial non plissé, descendantjusquaufon p
de la tunique propre sans s’y recourber. Ascidia pliuscb]
3.0 Sac branchial descendant jusqu’au fond de Iatu-j
nique propre, se recourbant ensuite, et remontant juH
qu’au milieu du corps. Ascidia mamillata, A. monacliM-
4.0 Sac branchial ne pénétrant pas jusquau fon ej
la tunique propre. Ascidia intestinalis, A . clavata.
Ces divisions sont très-simples et d is p o s é e s trcs-naWL
Tellement. Je ne m’en suis écarté que pour y a)0llie| .J
quelques développemens et donner une sorte de priori***
aux caractères extérieurs.
Je range parmi les Ascidies à test coriace, celles dont l’enveloppe extérieure est
dune substance sèche , peu ou point transparente, dure à entamer, doublée intérieurement
d’une peau dense, qui souvent a les reflets de la nacre et son opacité;
celles qui admettent dans 1 épaisseur de leur enveloppe divers corps marins, et qui
s’incrustent de gravier, de coquillages, de lithophytes, de fucus, &c.; celles dont
la surface, sans être ainsi incrustée, est profondément ridée, ou verruqueuse, pa-
pilleuse, scabre, épineuse, velue. Les espèces auxquelles j’attribue un test gélatineux,
se distinguent par des qualités contraires. Leur enveloppe est plus molle,
plus tendre et plus facile à couper ; elle a la transparence de la gelée ou du cartilage.
Elle est doublée d’une membrane mince et séreuse; sa surface est unie ou simplement
bosselée, le plus souvent glabre et polie. Enfin il est rare quelle reçoive
dans sa substance quelques corps étrangers.
Ces deux divisions présentent encore les différences suivantes. Les Ascidies à
test coriace ont l’orifice branchial ouvert en quatre rayons; l’anal, de même, ou
fendu transversalement. Les Ascidies à test gélatineux, lorsqu’elles sont pourvues
de rayons, en ont communément de huit à neuf à leur orifice branchial, et pas
moins de six à l’orifice anal ( i ).
Enfin, comme le nombre des rayons, dans les Ascidies contractées ou privées
de vie, est souvent difficile a déterminer, s’il restoit de l’incertitude sur la place
d’un individu quelconque, on la feroit cesser par une simple section du sac
branchial : car toutes les espèces que je considère comme des Ascidies à test
coriace, ont leurs branchies divisées longitudinalement par des plis saillant à l’intérieur,
réguliers etpermanens (2); et toutes celles que j’admets parmi les Ascidies
à test gélatineux, ont leurs branchies unies et sans aucun pli.
Chacune de ces divisions possède des espèces sessiles et des èspèces pédiculées,
avec cette différence néanmoins que, dans la première division, le pédicule naît du
sommet du corps, et, dans la seconde, de sa base; de sorte que chez les espèces
de cette seconde division le corps est véritablement supporté par le pédicule,
tandis que chez celles de la première il y est plutôt suspendu.
Tels sont les résultats généraux des observations que j’ai pu faire sur les
Ascidies de ma collection et sur celles que M. Cuvier a bien voulu me communiquer.
Les Ascidies à test coriace et pédicule, composent le genre B o l t e n i a .
Les Ascidies a test coriace, sessile ...................................... le genre C y n t h i a ,
Les Ascidies a test gélatineux, sessile ............................... le genre P h a l l u s i a .
Les Ascidies à test gélatineux, pédiculé, ............................ le genre C l a v e l l i n a .
» maintenus constans, quelles que soient d’ailleurs les di-
» Iatations du sac branchial, par des ligamens et des
»vaisseaux sanguins qui traversent sur leur base et enve-
»loppent ce sac comme autant de cerceaux.»
(0 Èa tunique adhère moins fortement aux orifices
dans cette seconde division; la membrane veloutée qui
double ces orifices a moins d’épaisseur et de solidité.
(2) « Ces plis, suivant la remarquede M. Cuvier, sont