Ce t arbre est un des plus utiles parmi ceux que la nature a placés dans ce pays; I
toutes ses parties ont un usage quelconque : son fruit sain et nourrissant est un I
aliment agréable : son bois léger et poreux se travaille facilement ; on en fait I
communément des solives ; on peut aussi l’employer cojnme combustible ; ses I
feuilles servent à faire des paniers, des couffes, des nattes, &c. On emploie leI
réseau filamenteux qui s’entrelace à la base de ses feuilles, pour fabriquer des»
cordages grossiers, mais solides et peu coûteux. C e t arbre paroît parfaitement I
approprié au sol de l’Égypte; car on le voit prospérer également dans les.sables du I
désert et sur les rives du Nil. L ’Égypte possède encore une seconde espèce de pal-1
mier; c’est celui qu’on nomme en arabe doum, et quePococke a décrit. M. Delilea I
donné un mémoire détaillé sur cet arbre ; ce qui me dispense d’en parler plus au long. I
Les palmiers ne sont pas les seuls végétaux étrangers à la France et naturels i l
l’Egypte. Parmi les productions utiles je ne citerai que le r iz , non pas qu’il croisseI
spontanément dans ce pays, mais parce que sa culture a naturalisé beaucoup del
plantes des Indes, qu’on lui trouve toujours associées : aussi les rizières sont-ellesI
les lieux que les botanistes visitent de préférence ; ils sont sûrs d’y trouver uni
grand nombre de plantes naturelles à la zone torride, et dont les graines paroissentl
avoir été apportées anciennement avec le riz. Ces végétaux se plaisent, commel
le riz, dans les eaux stagnantes, et ne prospèrent que lorsque leurs racines y sont!
constamment plongées.
Une classe de végétaux manque presque totalement en Égypte; c’est celle quel
Linnéus a placée la dernière dans son système, et qu’il a nommée cryptogamie, oui
noces cachées, parce que les organes de la fécondation et de. la fructification son!
cachés, et tellement différens de ceux des autres plantes, qu’on n’a pu encorel
parvenir à découvrir leur structure et à développer les usages des diverses partiesl
qui les composent. Les espèces rangées dans cette classe sont extrêmement répanl
dues dans les régions tempérées et boréales : ce sont les fougères , les mousses, Ici
hépatiques, les lichen, les champignons, les byssus. Ces plantes aiment toutes l’ombrel
épaisse des forêts et la fraîcheur perpétuelle qui y règne ; elles ne fleurissent qu’enl
hiver, et ne sont jamais en meilleur état que lorsque les autres plantes languissent!
et sont comme engourdies par le froid. Le soleil ardent de l’été les dessèche ail
point qu’elles sont à peine reconnoissables dans cette saison. L ’Ëgypte, par soil
climat, par son sol nu et brûlé, ne peut leur convenir en aucune manière:!
aussi n’en trouve-t-on dans ce pays qu’un nombre infiniment petit par rapport il
celui que la France en possède. En général, ceci peut s’étendre au règne végétal
considéré dans sa totalité ; il est beaucoup plus riche en France qu’en Egypte. Eli
consultant les ouvrages les plus récens, on voit que la Flore de la France peu!
offrir une liste d’environ deux mille quatre cents plantes, tandis que, dans l’oii!
vrage de Forskal , qui jusqu’à présent est le plus complet que nous ayons sur l liisl
toire naturelle de l’Egypte, on ne trouve mentionnées que près de six cents plantes!
la cause de cette grande différence provient sur-tout de la variété des terrains!
des expositions, des températures en France, mise en opposition avec l’uniforraitil
qui règne en Égypte dans toutes ces circonstances.
S Y S T E M E
D E S
OI SEAUX
D E
L’ÉGY P T E ET DE L A SYRIE,
P a r J u l e s - C é s a r S A V I G N Y ,
M e m b r e d e l ’ I n s t i t u t d ’ É g y p t e .
Ouvrage présenté à l’assemblée générale de la Commission, le 29 Août 1808.