
L A P E R C H E L A T O U S ,
P e RC A L a T U S
( P o i s s o n s d u N i l , p lanche 9 , fig . 1 ).
C e t t e espèce, l’une des plus grandes de la famille des perches, appartient au
genre Centropome établi par M. de'Lacépède, et caractérisé par M. Cuvierdela
manière suivante : Dents en velours; préopercules dentelés ; opercules sans épines ou i
pointes très-aplaties, comme chez les pristipomes ; sous-orbitaire ordinairement denttlt
comme chez les scolopsis. Tous ces caractères se voient parfaitement chez le latous;
et c’est, en effet, cette perche que M. Cuvier indique comme type du genre Centropome.
Dans cette espèce, la dorsale antérieure est plus haute et un peu plus longue que
la postérieure; elle se compose de huit rayons épineux disposés de la manière
suivante : le troisième est le plus grand et en même temps le plus épais de tous, le
quatrième est de quelques lignes plus court que celui-ci, et les suivans diminuent
dans la même proportion ; quant aux deux premiers, ils sont à peu près égaux au
dernier. La dorsale postérieure a pour premier rayon une épine, séparée seulement
du huitième rayon de l’antérieure par une distance égale à celle qui existe
entre ce dernier et celui qui le précède; en sorte qu’il n’y a, on pourroit le dire,
qu’une seule dorsale très - profondément échancrée. Les autres rayons de la
seconde dorsale, dont le nombre est de onze, sont tous articulés et de grandeur
moyenne. Les ventrales s’insèrent presque exactement au-dessous des pectorales,
auxquelles elles ressemblent par leur grandeur et leur forme : elles sont composées
d’un rayon épineux et de cinq rayons articulés très-larges et très-distincts. Les pectorales
sont, comme à l’ordinaire, formées de rayons mous de grandeur moyenne:
leur nombre est de seize, et leur disposition n’offre rien de remarquable. L’anale,
qui se trouve opposée à la dorsale ; présente d’abord une épine fort petite,
puis deux beaucoup plus grandes; les autres rayons, au nombre de neuf, sont
plus grands encore, et tous articulés. On compte à la caudale dix-huit rayons,
dont les plus longs sont placés au milieu, les plus petits vers les deux extrémités:
d’où il résulte que le bord postérieur de cette nageoire est arrondi et convexe,
La tête est grosse, assez courte et à peu près triangulaire; son bord supérieur
est légèrement concave, et l’inférieur est rectiiigne. Le bord ventral du corps est
également rectiiigne ; mais le dorsal est convexe et très-oblique de bas en haut
jusqu’au commencement de la première nageoire du dos, ou, ce qui revient au
même, jusqu’au niveau de l’insertion des ventrales : il devient alors horizontal et
rectiiigne, et présente même une légère concavité vers les derniers rayons épineux;
puis il est oblique de haut en bas, et légèrement convexe dans toute l’étendue
qui correspond à la seconde nageoire. La queue, dont la hauteur est égale à la
moitié de celle du corps, a ses deux bords presque parallèles jusqu’à son extrémité,
où elle s’élargit un peu. L ’anus est situé vers le tiers postérieur de la longueur
totale. La ligne latérale commence à la partie supérieure de l’opercule, et se
dirige parallèlement à la ligne dorsale, en présentant, comme elle, quelques sinuosités.
Les deux mâchoires sont garnies d’une multitude de dents aiguës, d’une extrême
petitesse, comme chez les autres centropomes; et l’inférieure est plus longue de
quelques lignes que la supérieure. Le sous-orbitaire et le préopercule présentent
une série de dentelures tres-fines, comparables a celles dune scie, le premier sur
son bord inférieur, le second sur le postérieur. Il y a de plus sur ce dernier quatre
aiguillons, dont trois, courts et dirigés en bas, occupent son bord inférieur, et dont
le dernier, très-grand et dirigé en arrière, occupe son angle. Enfin on remarque
aussi vers la partie supérieure et postérieure de l’opercule un autre aiguillon un
peu plus petit, mais de même forme et de même direction que celui du préopercule,
et sur le bord de l’os de lepaule quelques dentelures semblables à celles du
sous-orbitaire, mais deux ou trois fois plus grandes.
Les écailles, de grandeur moyenne, ne présentent rien de particulier : il est
seulement à remarquer que celles de l’opereule sont plus petites que celles des
flancs, du dos, de la queue et du ventre, et que la partie antérieure de la tête
n’est couverte que d’une peau unie et lisse. La couleur générale est le gris blanchâtre;
mais tout le corps présente une foule de très-petites taches de couleur
blanche, parce que les écaillés laissent apercevoir à leur base la membrane dans
laquelle elles se trouvent enchâssées, et qui est d’un blanc argenté. Les nageoires
sont dun blanc verdâtre dans presque toute leur étendue; cependant celles du dos
et de 1 anus, et sur-tout les pectorales et les ventrales, sont rouges à leur origine.
La vessie natatoire, qui est très-grande et remplit tout l’abdomen, est fusi-
fonne, renflée dans sa partie antérieure, et légèrement façonnée en coeur. L ’estomac
est de forme alongée : il se trouve placé sur la vessie. L ’intestin, fort
court et enroulé sur lui-même, présente à son origine quatre coecums.
Le latous (Perça latus, Geofff. S.‘-Hil. ; Perça Nilotica, L.) est celui de tous
les poissons du Nil qui atteint la plus grande taille; on trouve quelquefois des
individus de dix pieds de long : c est aussi celui des poissons du Nil dont la
chair est le plus estimée, et conséquemment l’un de ceux qui sont le mieux connus
des Arabes. En outre du nom de latous que lui donne le peuple dans la haute
Egypte, et de celui de variole sous lequel il est connu des Francs, on l’appelle aussi
kertn, keschr ou kescheré, lorsqu’il a de grandes dimensions, et homar ou hemmor
lorsquil nest encore que de petite taille (1).
Mon pere a établi, dans son Mémoire déjà cité sur les animaux connus des
anciens, que la Perche latous est le latus [aLtos] des anciens, poisson célèbre par
le culte qu on lui rendoit dans quelques villes de l’Égypte antique. En effet, le
petit nombre de détails qui nous ont été transmis par Athénée (2) sur le Act-ro«,
« jy&M laÿ est aPPeIé s a m dans quelques cantons (a) Qui verb in Nilo ftumwe gignuntur lad,
, „ | \ ,aute ëypteî mais le meme nom est aussi donné, eâ reperiuntur magnitudine ut supra ducentas libras inter-
C 6S hHPkeaucouP pécheurs, à une espèce qui dum pendant. Candidissimus hic piscis est, quacumque
ressem e au Perça latus que par sa grande taille, le modo paratus fuerit suavisshnus. ( Deipnosonh. lib v u ,
bayaddocmac. M i 1 : ’