
nous avons dit que les tétrodons les tiennent exactement fermées ; mais, la même
résistance n’ayant pas lieu à l’oesophage, l’air suit ce conduit et se répand dans
l’estomac. Il y est retenu, comme nous l’avons vu plus haut, par la vessie natatoire,
qui ferme l’oesophage en pesant sur lui, et qui remplit, en effet, à l’égard de tout
ce mécanisme, les fonctions d’une véritable soupape.
La cavité pectorale, reprenant tout aussitôt toute la capacité dont elle est susceptible,
se rétrécit de nouveau pour faire passer dans l’estomac une sec'onde, puis
une troisième prise d’air, et ainsi de suite: l’estomac en est bientôt rempli; ce
qui suffit, si les tétrodons ne se sont proposé qu’une sorte de promenade sur
le miroir des eaux.
Mais si le besoin de se soustraire aux poursuites d’un ennemi redoutable les a mis
dans le cas de venir humer de l’air atmosphérique, ils ne cessent plus d’en aspirer;
tant que durent les alarmes que leur cause un si dangereux voisinage, ils font les
plus grands efforts pour accumuler de ce fluide et pour en condenser dans leur
réservoir. Us ne sont en effet tranquilles1 sous l’abri de l’immense vessie qui les
couvre, que quand elle est fortement tendue, et que les piquans qui en hérissent
la surface sont e t bien redressés et très-roidis.
Il suit enfin de ce que nous venons de dire, que l’estomac des tétrodons se
charge d’air de la même manière que la culasse d’un fusil à vent : le demi-coffre
pectoral est, en effet, construit sur les mêmes principes qu’une pompe foulante;
disposition dont il est principalement redevable à la singulière conformation des
annexes stcmales.
§. X.
D e la Voix des Tétrodons.
O n ne croit point les poissons susceptibles de voix, dans la véritable acception
de ce mot : le vulgaire l’a dit, à la vérité, de quelques-uns ; mais un examen attentif
a toujours appris que le bruit ou l’espèce de cri que certaines espèces font entendre
, est produit ou par le battement des mâchoires, le jeu des opercules, le
mouvement de quelques nageoires, ou par le frottement de forts rayons osseux.
En effet, le renversement des organes pectoraux, leur passage en avant des extrémités
antérieures, la simplicité de la langue et de ses dépendances, l’absence enfin
d’un larynx, semblent rendre toute existence de voix impossible.
Néanmoins les tétrodons, qui cependant à cet égard ne diffèrent en rien de
leurs congénères, produisent du son , non pas exactement de la manière, mais du
moins par un mécanisme analogue à celui des reptiles. Ils portent quelquefois en
avant leur langue; et en la refoulant sur le palais, ils peuvent en faire une barrière
qui sépare en deux la cavité des branchies et celle de la bouche. Si dans ces circonstances
, 'agissant sur les tuniques musculeuses de leur estomac, les tétrodons
en expulsent de l’air, en lui opposant en même temps une foible résistance à
chaque issue, l’air qui s’échappe, s’engage d’abord dans la cavité des branchies, et
le moment d’après dans celle de la bouche : cela n’a pas lieu qu’il n’éprouve,
sur-tout en passant à portée de la langue , un refoulement, qu’il ne subisse une
certaine modification, et qu’il ne fasse enfin explosion.
C ’est absolument ce qui arrive à quelques reptiles : placés dans des circonstances
toutes semblables par l’état vésiculeux de leurs poumons, ils emploient pareillement
ces sacs aériens à souffler de l’air du dedans en dehors, et à produire la
voix qui leur est propre.
§. X I .
D u Canal intestinal, du Foie et des autres Viscères abdominaux.
L e canal intestinal (C C, C C, C C, fig . i j a ses fibres beaucoup plus unies et
ses tuniques plus épaisses que celles de l’estomac : il naît du milieu de cette poche,
et conséquemment du centre de la région abdominale. Je n’ai aperçu à sa naissance
ni sphincter ni étranglement, en sorte qu’il communique sans obstacle
avec l’estomac, et qu’il se remplit d’air et se gonfle comme lui et avec lui. Il se
replie deux fois sur lui-même; il manque de coecum; son diamètre est presque
égal dans toute sa longueur, un peu plus fort à sa naissance et à sa terminaison.
On remarque particulièrement l’intestin rectum, comme se détachant davantage
de la portion qui lui est contiguë. Sa longueur totale est deux fois et demie celle
de la longueur de l’animal.
Le foie ( d d , fig . 1 ) est remarquable par sa masse : la vésicule du fiel est
arrondie en poire.
Les testicules ( 1 1, fig . 3 ) forment deux petits corps alongés.
Les reins occupent tout le haut de la région abdominale : on les voit h k,
même figure, ainsi que les uretères.
La vessie urinaire, e e , s’aperçoit un peu au-dessous. On a figuré dans le
cloaque commun ,h h , le point où elle y aboutit. On a aussi figuré cette vessie,
mêmes lettres, fig . 1.
§. X I I .
D es Parties osseuses.
Nous avons déjà fait connoître plusieurs parties osseuses ; entre autres, celles
qui constituent la chaipente solide des organes de la respiration.
, Le tronc (fig. 2 3 ) n’est formé que des pièces de la colonne épinière : on en
compte dix-huit, y compris la dernière, qui est terminée en un bord arrondi, et
autour de laquelle sont articules les rayons de la nageoire caudale. Toutes ces
vertebres sont sans apophyses latérales : comme celles-ci n’existent ailleurs que
pour offrir un point d appui aux côtes, il est tout simple qu’elles soient comprises
dans la suppression de ces côtes. Les cinq premières vertèbres (n.°s 14 et 16)
différent des suivantes, en ce qu’au lieu d’être terminées vers le haut par une
apophyse unique, elles le sont par deux lames minces, assez écartées l’une de
lautre et assez elevées pour donner lieu, par cette disposition, à la formation