de deux pieds, du bout du museau à l’extrémitc de la queue. Sa peau, généralement
lisse et couverte d’une épaisse mucosité, est blanche sous le ventre, mais
d’un noir bleuâtre sur le dos et sur les côtés du corps. S C ’est à cette dernière
circonstance que se rapporte le nom sous lequel le Silurus anguillaris est connu
des Arabes, celui de harmout (1) ou harmout a’raby, et de poisson noir. Il esta
remarquer que les femelles se distinguent des mâles par quelques caractères extérieurs
: elles ont le dos d’une nuance un peu plus claire ; et de petites taches
noires sont éparses sur le corps ét les nageoires (2). Leâ pêcheurs, qui apprécient
très-bien ces différences de coloration, prétendent que les femelles ne ressemblent
pas entièrement aux mâles par leurs habitudes : elles sont, disent-ils, plus farouches,
et se tiennent plus constamment éloignées du rivage. Les femelles passent aussi
pour avoir la chair plus délicate; et ce qu’il y a de certain, c’est que les pêcheurs
les distinguent toujours des mâles lorsqu’ils les vendent, et les tiennent à un prix
plus élevé. Au reste, l’harmout est en toute saison assez commun dans le Nil,
principalement dans les roseaux; et il se laisse prendre avec une telle facilité,
que les plongeurs de Rosette en saisissent avec la main un très-grând nombre
d’individus. L’espèce se trouve aussi dans le lac de Menzaleh.
L ’ Hetcrobranclnis anguillaris est encore intéressant sous un autre rapport : suivant
les recherches de mon père, c’est à cette espèce que doit être rapporté
Yalabes des anciens. En effet, ce nom (qui peut être traduit par le mot insaisissable)
convient parfaitement à un poisson que sa forme très-alongée et presque
cylindrique, et sa peau enduite d’une mucosité abondante, rendent nécessairement
très-difficile à saisir.
J e passe maintenant à l’histoire de YHeterobranchus bidorsalis, Geoffr. S.'-Hil.,
ou ( comme l’appellent les Arabes) de. Y harmout halé ou ala. Cette espèce est ausii
rare en Egypte que Yharmout a’raby y est commun : elle appartient essentiellement
au Nil supérieur; et ce n’est, pour ainsi dire, qu’accidentellement qu’on la
trouve en Egypte, où, par une raison assez facile à concevoir, il n’arrive jamais
que de très-grands individus : ceux-ci, chassés de leur véritable patrie par leur
extrême voracité, s’engagent à la poursuite des troupes de poissons voyageurs
qui descendent le fleuve, et arrivent avec eux dans le Nil Egyptien.
Vharmout halé, très-voisin de Yharmout a’raby par presque tous ses caractères
extérieurs et par son organisation interne, en diffère cependant d’une manière
très-remarquable par sa nageoire dorsale : celle-ci se termine vers le tiers postérieur
de la longueur totale, et se trouve remplacée en arrière par une adipeuse, I
qui lui est presque contiguë. Cette seconde dorsale ; très-épaisse dans sa partie
antérieure et terminée par une saillie demi-circulaire, est soutenue par 1 extre-
( 1 ) Ce nom a¡été écrit d’une manière on peu difîe- Sonnini (Atlas, pl. 2 1 , fig. 2 , et tome I I , page 288 dn I
rente par plusieurs auteurs : ainsi VHeterobranchus an- texte).
guillàris est appelé sharmüth par M. Cuvier, .charmuth (2 ) Il paroît que les jeunes mâles présentent aussi ce I
par Hasselquist et par M. de Lacépède, et harmouth par dernier caractère.
mité des apophyçes épineuses des dernières vertèbres (i); disposition assez remarquable
qui dépend de la longueur considérable de ces apophyses, mais qui n’est
pas apparente extérieurement à cause de 1 épaisseur de la nageoire adipeuse.
Lhale diffère encore de 1 harmout araby par quelques autres caractères de
moindre importance . son corps est plus uniformément bleuâtre ; sa tête est proportionnellement
plus1 longue et sur-tout plus large ; son épine pectorale est à
peine dentelée, et sa taille est aussi généralement plus considérable. E n f in ¡1
existe aussi d’importantes différences dans le nombre des rayons, comme le montrera
le tableau suivant (2) :
Hétérobrancht harmout. B. 5 . D. 60. P. 10. V . 6. A. 50. C 19
. hal é . . . B. 13. D. 42. P. V . 6. A. 56. C . 21.
Je terminerai cette histoire des deux hétérobranches du Nil, en présentant le
tableau comparatif des dimensions de l’un et de l’autre :
Longueur totale, prise du bout du museau à
l’origine de la nageoire caudale.
----------- de la caudale......................................
— 1—-— 'delà tête............................................
Largeur de la tête en arrière......................
au niveau des yeux.. . .
Hauteur de la tête..........................................
du corps un peu après l’anus ( en
comprenant les nageoires dorsale
\et anale ) ............................
2 pieds 1 pouc. 2 fig. 2 pieds 4 pouc. 6 lig.
E X P L I C A T I O N D E S P L A N C H E S l 6 E T 17.
Anatomie de l ’Hétérobranche harmout et de VHétérobranche halé.
HÉTÉROBRANCHE HARMOUT.
Planche 16.
% J, myologie de l’épauie ; fig. 4 , myologie de i’os fitrculaire ; fig. 5, vessies natatoires et vessie
urinairç.
Planche 17.
fig. 1. Les viscères abdominale dans leur position naturelle— Vii, canal intestinal; m , mésentère;
e , estomac; r r , rein; o , ovaire.
fig. 2. Lès viscères abdominaux préparés. — i i i i , canal intestinal; mmm, mésentère; e e , estomac-
o’, ovaire.
fig- 3 et 4- Les organes de la respiration et de la circulation. — bbb, branchies; s s , branchie surnuméraire
( voyei plus haut) ; c , coeur; o, oreillette; a, pédicule de l’artère pulmonaire; p , pha-
rynx ; v , corps vertébral.
fe R e f e r a™ ? ’ 8/ e, .! tPl’ 7 ’ ° \ se trOUVe rePr“ enté m° " père sur des individus frais; mais je dois remarquer
(Tl Ce nH lH “ mbr chuS hid°rsalis- dfa» g e e difficilement plus de quinze ou seize
I taweau est extrait des observations faites par rayons dans la nageoire caudale
H. N. TOME I.«, i.nj partie. Rr2
I