
respiration ou d’oxigénation, ie sang acquiert une haute température, par conséquent
plus de fluidité et de volume. Rendu plus fluide, il'pénètre dans les vaisseaux
capillaires, où n’avoit pu s’introduire le sang veineux, visqueux et surchargé de
carbone ; augmenté de volume, il porte les tissus qui le contiennent à la condition
de tissu érectile ( i ) , en réagissant contre les parois des cloisons Contenantes,
lesquelles sont alors forcées de s’étendre.
Je viens de rapporter une manière toute nouvelle de concevoir et d’expliquer
le phénomène de l’érection. T ou t ce que je puis sur'ce point affirmer, c’est qu’en
ce qui concerne le crocodile il y a organes à cet effet. Que ce phénomène dépende
d’une action locale de la respiration, je n’en puis être surpris, après que j’ai vu
l’odoration tenir à une causé toute semblable : toute trachée isolée chez les animaux
inférieurs donne le même fait.
Je pense que ces mêmes phénomènes caractérisent plus ou moins la plupart
des ovipares; mais je n’étends aujourdhui qua eux, et non pas aux mammifères,
mes prévisions d’analogie.
M. de Blainville a décrit les issues péritonéales chez le Squale pèlerin dans son
Mémoire (2). Ces routes lui ont paru | une sorte de papille molle, flasque, longue
» d’un pouce, et libre intérieurement de valvules. L eau de la mer, ajoute ce savant
» académicien , doit, au gré de l’animal, entrer dans 1 abdomen et y porter un
» volume d’eau qui aide à la natation en l’absence de la vessie aérienne. » Mais
cette eau introduite dans l’abdomen n’y arriveroit-elle point plutôt afin de porter
aux conditions du sang artériel par le bienfait de 1 oxigénation des masses d un
sang noir et coagulé, que M. de Blainville a observées dans certaines parties de
l’abdomen, et sur lesquelles il a appelé l’attention!
Quelques fonctions de la rate pourroient tenir à ce mode particulier de respiration
aquatique.
Qu’on veuille bien me pardonner cette digression. Je reprends la description
des organes sexuels des crocodiles.
Les testicules se rapprochent à quelques égards de ceux des poissons ; ils sont
étroits et alongés. On les aperçoit un peu au-dessus et en avant des reins.
La semence est apportée dans deux vésicules assez grandes, contiguës et logées
en arrière du cloaque commun : ces vésicules sont en partie formées par un sac
cartilagineux; elles s’ouvrent dans la poche urétro-sexuelle, disposées circûlâirement
autour des orifices des uretères.
H reste à décrire le système osseux : j en-ai souvent fait le Sujet de mes études,
mais je redoute, pour cela même, d avoir a m en occuper ici. En considérant
l’étendue que je viens de donner à cet article, je me fais un devoir d’être sobre
de détails qui y ajouteraient considérablement, qui sont publies ailleurs et auxquels
je puis renvoyer ceux des lecteurs de cet écrit quils pourroient intéresser. Jai
donné un travail ex professo sur les os de la tête des crocodiles dâns les Mémoires
(1) Dans l'esprit de ces recherches, le rissu érectile tension extrême des mailles,..possible en tonte me®-
ne formeroit point un tissa sui generisj mais il deviendroit brane, y dévelope momentanément le caractère,
tel sous le ressort de causes incessamment agissantes : une (2) Annales du Muséum d hist. nat. t. XVII , p-11 du
du Muséum d ’histoire naturelle, 1 ." collection, t. II, p. y 3, et t. X , p. 67 et 342;
et 2.' collection, t. XII, p. 97 : ces considérations sont reprises et très-étendues
dans les Annales des sciences naturelles, t. III, p. 245, et t. X II, p. 338. Duverney
a décrit toutes les autres parties du squelette dans les Mémoires de l ’Académie des
sciences pour l’année 1669, t. III, partie m , p. 161.
DES ESPECES DE CROCODIL ES
QUI V I V E N T D ANS LE NIL.
Mes derniers travaux en portent le nombre à cinq espèces, que je vais décrire
sous les noms de Crocodilus vulgaris, Croc, marginatus, Croc, lacunosus, Croc,
complanatus et Croc, suchus.
P R E M I È R E E S P È C E .
D u Crocodile sacré, ou Crocodilus suchus.
Pour dégager tous les faits de simple observation des points difficultueux et contestés
de la question concernant les espèces de crocodiles anciennement connues,
je traiterai d abord du crocodile sacré, appelé suchus ou suchos par les anciens.
Je reviens a d anciennes idées; car j’ai déjà rappelé et établi, selon les règles
des nomenclatures modernes , cette espèce qui fut d’abord mentionnée dans
Strabon. Le mémoire que je publiai sur ce sujet parut, à la date de 1807, dans
le recueil des Annales du Muséum d’histoire naturelle, tome X. Je revois par conséquent
et je reproduis en i’étendant ce même travail.
Javois, il y a vingt ans, peu d’élémens et de motifs pour une détermination
rigoureuse; c’étoient principalement une tête embaumée que j’avois moi-même
recueillie dans les hypogées de Thèbes, et un crocodile existant dans le Muséum,
mais qui venoit du Sénégal, d’où il avoit été rapporté par Adanson. Or ces
matériaux étoient-ils suffisans pour devenir un sujet de recherches ! Loin de
m abuser, j’avois souhaité d’en »accroître le nombre : car faire concorder une
dépouille venant dêtre prise parmi des objets vivant au Sénégal, avec un seul
débris des demeures mortuaires de l’ancien peuple Égyptien, m’avoit paru à moi-
meme une hardiesse qu’il falloit justifier ou abandonner. En effet, il n’étoit
point certain qu’on découvriroit un jour dans le Nil un crocodile comme celui
d Adanson. L ’espérer, devois-je me le permettre! M. Cuvier, ne voyant là que
des preuves insuffisantes, s’en tint à mentionner le suchus dans son tableau des
crocodiles, mêmes ouvrage et volume, en ne l’y faisant figurer qu’à titre d’une
race particulière : il ajouta que cette réserve lui étoit en outre commandée par
un autre motif, par un doute de son esprit, qui portoit sur le nom même de suchus,
dont il .lui paroissoit que les érudits n’avoient pas fait un emploi judicieux. Le
public goûta cette sage réserve, et le témoigna par un acquiescement contre lequel
il ne s est élevé qu’une seule réclamation (1).
( 1 ) Celle du colonel et académicien Bory de Saint-Vincent, dans le Dictionnaire classique d'histoire naturelle,
mot Crocodile-.
U. N. TOME h«, 1.« partie. ü