masse d’air, ou du moins on est absolument sans connoissance sur la manière
dont s'e passe ce phénomène. Si, à la rigueur, la vessie peut se vider, en tout ou
en partie, au moyen d’un canal qui la mette en communication avec l’oesophage
et la b ouche, on ne peut rien conclure de cette circonstance , attendu qu’il est un
assez grand nombre de poissons qui ont des vessies sans aucune issue ni communication
au dehors.
D ’ailleurs les poissons qui s’élèvent ou descendent, se déplacent avec beaucoup
trop de vitesse pour qu’on puisse hésiter de croire que ces déplacemens,
comme tous les autres mouvemens progressifs des animaux, ne dépendent pas
uniquement des seuls organes soumis à l’empire de la volonté.
La vessie natatoire n’auroit-elle donc qu’une influence médiate et éloignée sur
la locomotion verticale des poissons! ne seroit-elle qu’une sorte de modérateur
dont les dimensions auroient été calculées sur le poids absolu de ces animaux, et
dont, en définitif, le principal usage serait de leur procurer une pesanteur égale,
•ou à-peu-près, à celle du fluide qu’ils habitent !
Ce t aperçu m’a mis dans le cas de rechercher quelle partie du système musculaire
ëtoit mise en jeu pour faire varier ainsi au gré de l’animal le volume de son
co rp s, et de découvrir que ¡¿‘ locomotion des poissons dans une ligne verticale
étoit due en effet aux contractions alternatives des muscles fiirctilaires et des
muscles dorsaux.
Les muscles.de l’os furculaire, que je me suis d’abord attaché à constater dans
des cyprins et des ésoces, sont au nombre de deux ; ils proviennent de la clavicule,
et se rendent, l’un au furculaire, et l’autre au furculaire et par-delà, à la première
côte. Si ces deux muscles se contractent, ils entraînent du côté de la
clavicule, non-seulement l’os furculaire et la première côte où ils aboutissent,
mais en outre toutes les côtes à -la-fo is , attendu qu’elles sont liées les unes aux
autres par une aponévrose.
L ’effet général qui en résulte, est de ramener dans une direction perpendiculaire
à la colonne épinière toutes les côtes naturellement un peu' inclinées en
arrière, d’augmenter par-là la capacité de l’abdomen, de permettre à l’air contenu
dans les viscères abdominaux et particulièrement à celui de la vessie natatoire de
se dilater, e t, en dernière analyse, de procurer aux poissons une plus grande
légéreté spécifique.
La restitution des muscles furculaires et la contraction des muscles dorsaux,
qui ramènent les côtes en arrière et les rétablissent dans leur inclinaison habituelle,
sont les moyens dont se servent les poissons pour reprendre leur première pesanteur;
à quoi, s’ils veulent descendre à pic au fond des eaux, ils ajoutent la
contraction des muscles de l’abdomen; ce qui donne lieu à une compression de
tous les viscères, à une forte condensation de l’air contenu tant dans la vessie
natatoire que dans l’estomac et les intestins, et en général à une diminution de
volume qui les rend plus lourds que le volume d’eau qu’ils déplacent.
Les tétrodons n’ont point de côtes; mais toutefois cette explication leur convient
également, parce que la grandeur des furculaires supplée à ce qui leur
manque
D E S P O I S S O N S D U NI L . 3 3
manque à cet égard. En effet, voici ce qui arrive : s’ils nagent horizontalement,
les furculaires restent engagés dans une position à-peu-près parallèle à l’épine du
dos; s’ils cherchent au contraire à monter, des muscles propres (G et H .j ig .j )
entraînent les furculaires du côté de la clavicule, et leur font prendre une autre
position plus rapprochée de la verticale. Comme en même temps la continuation
de ces muscles (1), qui se prolongent sur les flancs de l’abdomen depuis les fùrcu-
laires jusqu’à la nageoire anale, forme de chaque côté une large bande extrêmement
tendue, l’abdomen en est élargi et agrandi aussi efficacement que si ces
muscles eussent reposé sur une série de petits filets osseux : c’est donc le même
résultat qu’à l’égard des poissons qui sont pourvus de côtes; et il est tout simple,
en conséquence, que les tétrodons, devenus plus volumineux par tous ces
efforts, soient alors, et bien promptement, portés à la surface du milieu qu’ils
habitent.
Mais les efforts qui les y amènent ne les y sauraient maintenir aussi long-temps
qu’on les y voit demeurer : on sait que l’action des muscles n’a qu’une durée fort
courte. Les tétrodons ont donc recours à une autre industrie pour ne pas revenir
à leur première pesanteur; faisant usage de tous les moyens musculaires que nous
avons examinés dans le précédent paragraphe, ils aspirent de l’air et le dirigent
dans leur estomac.
On a lieu detre surpris du grand nombre de pièces qu’il leur faut mettre, pour
ce la , en mouvement ; ils agissent sur les arcs des branchies qu’ils entrouvrent,
sur les os hyoïdes et le demi-coffre pectoral qu’ils entraînent en arrière, et spécialement
sur les annexes intérieures, qu’ils écartent l’une de l’autre et qu’ils renversent
sur elles-mêmes, en les faisant rouler sur leur axe : la cavité pectorale est
alors réunie à celle de la bouche, et dans son plus grand développement.
Ceci se passant à la surface de l’eau et dans l’air atmosphérique, les tétrodons
ont donc, à chaque aspiration, à introduire dans leur estomac une prise d’air
assez considérable : ils la dirigent ensuite dans ce vaste réservoir, au moyen de
deux actions successives.
Ils lui ôtent d’abord toute issue à l’extérieur, en fermant hermétiquement les
ouïes et la bouche : les ouïes, par (’abaissement de l’opercule et la contraction
du muscle y (Jig. y ) ; et la bouche, en ramenant les os hyoïdes, et en poussant
sur le palais et les dents la langue, qui est charnue et épaisse dans les tétrodons.
Us agissent, en second lieu, sur l’air conservé dans la cavité des branchies, en
ramenant tout le demi-coffre pectoral, en rétablissant les annexes intérieures dans
leur premier état, et en fermant enfin les arcs des branchies. ,
La cavité pectorale, venant à cesser d’exister comme cavité par le rapprochement
et la contiguité de toutes ces parties, perd auparavant tout l’air qu’elle con-
tenoit : ce ne peut être par aucune des issues qui versent à l’extérieur, puisque
(1) Je ne doute pas que cette portion des muscles G et rieure; et peut-être aurois-je dû les considérer comme
• H qui.se prolonge en arrière des furculaires, ne soit autant de muscles séparés, d’autant mieux que chacun
analogue aux muscles intèreostaux ; des entre-croisemens agit indépendamment de l’autre»
de fibres en établissent la liaison avec la portion anté-
H . N . Ë