Égyptien : on ne songea plus à Hasselquist que pour lui attribuer le mérité de la
première découverte ; le nouveau tétrodon avoit fait oublier le premier.
Je ne pouvois plus employer une expression qui avoit produit cette confusion
d’espèces : j’y ai suppléé en rendant au tétrodon du Nil ses noms ancien et
moderne ; celui de physa, qu’il me paroît avoir porté autrefois chez les Grecs et
les Latins; et.celui de. fahaka, s.ous lequel il est présentement connu, en écrivant
ce nom avec l’orthographe consacrée par Hasselquist.
Rondelet, dont l’Histoire des poissons date de est le premier parmi
les modernes qui ait décrit [de orbe, lib. x v , p. 4 *9 ) et Ie seu' *IU'
l’ait encore figuré : la description d’Hasselquist parut en 1757 dans son Voyage
en Palestine, page 400; Linnéus en reproduisit.une autre en 1764, dans le supplément
à sa Description du cabinet du prince A d o lfe , page y y ; et Forskal une quatrième
en 1775 , dans sa Faune Arabique, page7 6 , n. 114.
Tous quatre, mais principalement Hasselquist, en ont présenté les traits principaux
et décrit avec soin l’extérieur : aussi nauroit-on eu rien a ajouter à la détermination
de cette espèce, sans la méprise échappée à Bloch , qui fit peindre et qui
donna un tétrodon rayé sous le ventre , pour le fahaka, chez qui ces rayuies sont
disposées sur le dos et les flancs.
Le genre du tétrodon est parfaitement défini dans les auteurs : il comprend
tous les poissons qui gonflent une partie de leur corps au point de ressembler à
une vessie soufflée, et qui ont les mâchoires armees de quatre grosses dents, ainsi
que l’explique leur nom de tétrodon, ou mieux celui de tetraodon, dont on se
servoit plus anciennement. Il est bien quelques autres poissons qui partagent avec
eux la faculté de se gonfler de même, tels que les balistes, les ovoïdes et les dio-
dons; mais la forme de leurs mâchoires établit entre eux de si grandes différences,
que le genre tétrodon reste parfaitement circonscrit.
§. IL
D e la Description de son extérieur.
Nous allons donc nous borner à donner les caractères particuliers du fahaka .
dans un genre très-naturel, ils reposent ordinairement sur un bien petit nombre
de traits.
Le fahaka ne s’élève jamais au-delà de trois décimètres : celui que nous avons figure
l’a été de grandeur naturelle ; c’est la taille la plus habituelle sous laquelle on le trouve.
Il se rapproche, à beaucoup d’égards, du tétrodon lagocephale; et il est paiti-
culièrement remarquable par une tête assez grosse, un front large, des yeux saillans
et assez haut placés, l’iris jaune, la prunelle bleu-foncé et le dos voûté.
Un peu en avant des yeux, et plus sur le devant, on trouve un petit tubercule
qui se divise en deux barbillons. On croit d abord trouver la les ouvertures
nasales ; mais la peau n’est pas perforée en cet endroit, et ce n est qu un peu au-
dessous qu’on y aperçoit les conduits des narines.
La ligne latérale commence près et au-devant de l’oe il, le contourne en dessus,
se relève pour descendre parallèlement au dos jusque vers la nageoire dorsale.,
d’où elle se rend droit à la queue.
Les nageoires sont disposées comme dans tous les tétrodons : la dorsale est
opposée à celle de l’anus ; et toutes sont petites, circulaires et transparentes, à
l’exception, toutefois, de la nageoire de la queue, plus grande et d’un jaune
orangé.
Aucun tétrodon n’offre un assemblage de couleurs mieux assorties et plus
agréables ; chaque partie attire l’oeil par la vivacité des teintes, le dos étant d’un
bleu noirâtre , les flancs rayés de brun et d’orangé, le ventre jaunâtre, et la gorge
d’un blanc de neige. Les jeunes et les femelles ne diffèrent des mâles adultes que
par un peu moins de vigueur dans le coloris; et quant aux diffërens accidens de
couleur dont tous les animaux sont plus ou moins susceptibles, ils se bornent,
dans le fahaka, à un défaut de parallélisme de deux raies, qui alors coïncident l’une
sur l’autre ; ce qui est rare et ne s’est jamais offert à moi des deux côtés à-la-fois.
Tout tétrodon est plus ou moins armé de piquans. Ceux du tétrodon du Nil
sont fort courts; ils se dirigent en arrière, et ne dardent leurs pointes que dans
son plus grand gonflement : les plus longs couvrent le ventre, et l’on n’en trouve
aucun à la gorge, sur la queue et sur le dos ; en revanche, une humeur visqueuse
est répandue sur toutes les parties qui en sont dépourvues.
Enfin la description de cette espèce sera complétée par la connoissance suivante
du nombre de chaque nageoire.
Il n’y a que des nageoires dorsale, pectorales, anale et caudale : la ventrale
manque dans tous les tétrôdons.
D. 12: P. 21.' A. p - C . 11; ( Suivant Hasselquist. )
D. 11. P. 18. A. p. C . 11. (SuivantLinnéus.)
D. 12. P. 10. A. 0. C. 10. ( Suivant Forskal. )
B. 5. D. 1 1. P. 18. A. p. C . p. ( D ‘après mes observations.)
Toutes ces observations rentrent les unes dans les autres; et il seroit même
possible que les différences qu’elles présentent fussent moins dans. la nature que
dans la manière d’observer, puisque je me trouve rapporter le même nombre que
Linnéus, si je regarde comme entièrement séparée et indépendante l’une de l’autre
chaque bifurcation des rayons externes de la nageoire caudale.
§. I I I .
D e ses Habitudes.
Q uoique j’aie beaucoup voyagé sur le N i l , j’y ai très-rarement aperçu des
fahakas : aussi ai-je peu de chose à dire de leurs habitudes.
On les voit seulement à l’époque des grandes eaux, qui sans doute les apportent
d’au-delà des cataractes : le haut Nil les entraîne dans son cours et les disperse