» espèce : ils descendent, en se rapprochant l’un de l’autre à leur sortie du crâne
» vers le corps de la première vertèbre qu’ils traversent^ ils s’introduisent d’abord
» par un orifice qui est propre à chacun d’eux, et en sortent ensuite, du côté
» opposé, par une seule ouverture; après s’être rencontrés, ils s’écartent tout-à-
» coup et se rendent sous chacune des lignes latérales : on les trouve alors logés
» entre les muscles abdominaux et l’aponévrose générale qui s’étend sur le réseau
» électrique ; enfin ils pénètrent sous la peau au moyen de grosses branches qui
» se portent à droite et à gauche du nerf principal. Ces branches sont au nombre
» de douze à quinze de chaque côté ; elles percent l’aponévrose qui revêt la surface
» interne du tissu réticulaire, pénètrent jusqu’au centre du réseau, et finissent par
» s’y épanouir. »
Les Arabes connoissent très-bien le Malaptérure; et le nom même qu’ils lui
ont donné suffiroit pour prouver qu’ils n’ignorent pas les propriétés électriques
qui le rendent si remarquable (i). Comparant la commotion produite par ce
poisson aux effets de la foudre, ils lui ont donné le nom de râad ou raasch, qui
signifie tonnerre, comme s’ils eussent voulu rapporter à l’électricité céleste les
phénomènes de l’électricité animale, et comme si l’un des plus grands faits de la
science des Franklin et des Volta eût été deviné par un peuple demi-barbare.
Il est même à remarquer que les Arabes donnent aussi le nom de râad à la torpille,
malgré les caractères si différens de ces deux poissons, et malgré les usages,
on pourroit dire, malgré les lois qu’ils ont constammentsuivies dans leur nomenclature.
Chaque espèce porte en Egypte, comme dans les méthodes des naturalistes,
deux noms, dont l’un indique le genre, et dont l’autre détermine l’espèce;
et il n’y a guère d’exception que pour les deux poissons électriques.
La chair du râad est un peu plus estimée que celle de la plupart des autres
silures; et sa peau s’emploie à divers usages. L e peuple prétend aussi que la
graisse sous-cutanée de ce poisson possède d’importantes propriétés thérapeutiques:
on la brûle sur des brasiers, devant lesquels on expose les malades pour
leur procurer le contact des gaz produits par cette combustion.
E X P L I C A T I O N D E L A P L A N C H E 1 2 .
Anatomie du Aialaptérure électrique.
Fig. 2. Les viscères abdominaux. — f , le foie; i i, le canal intestinal.
F ig . 3. L a colonne vertébrale et l'appareil électrique. — v v , vertèbres; c , côtes; I et m , apophyses des
premières vertèbres, portant la partie supériéure de la vessie natatoire; g g , coupe de la peau
et du tissu adipeux sous-cutané ( voye^ plus haut ) ; n n , le nerf de l’appareil électrique.
( 1 ) Forskael, qui a indiqué cette espèce sous le nom
de Rata torpédo, et Adanson, ont eu, le premier en
Egypte, èt le second au Sénégal, l’occasion de faire
quelques expériences sur les propriétés électriques du Ma-
Iaptérure; mais les détails qu’ils ont recueillis sont si incomplets,
que l’histoire entière de ce poisson si remarquable
forme seulement une page dans Forskael, et moins
encore dans Adanson. Depuis, Broussonnet a publie sur
lui un mémoire ex professo, intitulé, Mémoire sur le trem-
bleur, espèce peu 'connue de poisson électrique (Mémoires de
l’Académie royale des sciences, année 1782); mais ce
travail ne contient aucune observation nouvelle,, et h
science attend encore une histoire détaillée des effets
électriques produits par le Malaptérure.
Fig. 4- vess‘ ‘ natau’ re• ° > sa Part>e supérieure; i , sa partie inférieure ; a , coupe pour montrer son
intérieur. Voye^ ci-dessus la description de la vessie natatoire.
Les deux dernières figures représentent le crâne et les premières vertèbres, vus en dessus et en dessous;
d , vomer ; e , maxillaire supérieur; p , frontaux; j , os du palais; s , sternum; r , rayons branchiostéges ;
a et b, apophyses des premières vertèbres , portant la partie supérieure de la vessie natatoire.
L E S P IM É L O D E S
( P o i s s o n s d u N i l , planche 12 , fig. j et 6 , planche 13 et planche i4) ,
ET LES BAYAD o u BAGRES
“ '( planché
L e s sept espèces de la famille des siluroïdes figurées dans l’Atlas sous les
noms depimélodes et de bayad appartiennent, suivant la classification de M. de
Lacépède, au genre Pimelodus, et suivant celle de M. Cuvier, à trois sous-genres
distincts, celui des schals, synodontis, Cuv. ; celui des pimélodes proprement
dits,pimelodus, Lacép.; et celui des bagres, auquel l’illustre auteur du Règne animal
n’a point donné de désignation Latine, mais que mon père avoit déjà appelé •»
porcus, Je me conformerai à ces bases de classification dans la description que
j’ai à donner des sept pimélodes d’Egypte ; et je rapporterai chacun d’eux au
sous-genre auquel il appartient, suivant les principes de la méthode exposée
dans le Règne animal.
I LES SCHALS , S Y N O D O N T I S , Cuv.
Ce sous-genre est caractérisé à peu près de la manière suivante par M. Cuvier :
museau étroit; mâchoire inférieure portant un paquet de dents très-aplaties
latéralement, terminées en crochet, et suspendues chacune par un pédicule
flexible (i); le casque rude, formé par le crâne, se continuant sans interruption
avec une plaque osseuse qui s’étend jusqu’à la base de l’épine de la première dorsale,
épine qui est très-forte, aussi bien que les aiguillons des pectorales; les barbillons
inférieurs, quelquefois même les maxillaires, ayant des barbes latérales.
L E P IM É L O D E S Y N O D O N T E
( Pimelodus synoiontes, G e o f f r . S.t - H i l . , planche i a , fig. 5 et 6 ).
C e t t e espece pourra etre désignée sous le nom de Synodontis macrodon, d’un
caractère très-remarquable que présentent ses dents inférieures, semblables, pour
leurs formes générales et leur disposition, à celles des autres espèces du sous-
genre, mais beaucoup plus longues, et pouvant même être comparées pour
11 ) On ne connoît point d’autre exemple de ce système de dentition.