remarquable, et sur quelques autres d’une moindre importance, que Daudin a rno
tivé la formation, pour les agames, d’un genre particulier, genre aujourd’hui g(.
néralement adopté, et qui a même été subdivisé en plusieurs sous-genres.
L ’espèce, figurée sous le nom d’Agame variable, l’une des intéressantes décoJ
vertes dont l’histoire naturelle est redevable à l’expédition d’Egypte, compose àellel
seule un de ces sous-genres, celui auquel M. Cuvier a donné le nom de Changeai),!
[ Trapehts ]. Si ce petit animal eût été connu de l’antiquité ; s i , abondamment réJ
pandu dans quelques-unes des contrées que fréquentent les Européens, il eûtpil
devenir le sujet de fréquentes observations, sans doute le nom du caméléon ml
seroit point de nos jours aussi célèbre, et une comparaison cent fois répétée n’ciVl
point fait de ce reptile l’emblème ingénieux de l’inconstance et de la flatterie. M
effet, l’Agame variable est sujet à des changemens de couleur plus prompts encoul
et plus rapides que ceux du caméléon, quoique ce dernier lui-même puisseeil
quelques minutes se peindre d’une foule de nuances différentes, comme chacal
a pu dans ces dernières années le constater, en France même, par ses proprcl
observations.
Sous le rapport des caractères qui ont porté M. Cuvier à le séparer, comme souri
genre, des autres agames, le Changeant est remarquable par ses écailles, qui son]
toutes lisses, non épineuses et extrêmement petites, et par ses dents, semblables!
celles des stellions. A u contraire, les agames ordinaires ont quelques écailles cpl
neuses sur diverses parties du corps, et particulièrement dans le voisinage éel
oreilles ; et la ressemblance entre leur système dentaire et celui des stellions csl
moins grande. Ces caractères différenciels paroissent d’une assez foible importance!
néanmoins le sous-genre Trapelus a généralement été adopté par presque tous la
auteurs qui ont écrit depuis M. Cuvier; et quelques-uns ont même trouvé le ChaJ
géant assez différent des autres agames pour penser qu’il ne doit peut-être pas êJ
rapporté comme section à ce genre, mais bien à celui des stellions ( i ) : telle eu
en effet, l’opinion émise par l’auteur de l’article Agame du Dictionnaire classiipl
d’histoire naturelle, M. Bory de Saint-Vincent.
L ’Agame variable est, comme la plupart de ses congénères, de petite taille:!
n’a que cinq pouces et demi du bout du museau à l’extrémité de la queue, celle-il
formant environ la moitié de la longueur totale ; la distance du membre antei'ici!
au postérieur est d’un peu moins d’un pouce et démi. Les membres sont plifl
alongés proportionnellement que chez la plupart des lézards, les antérieurs aya*
près d’un pouce et demi, et les postérieurs ayant deux pouces. La tête, d’iml
forme très-remarquable, est triangulaire, et aussi large à sa partie postérieure f |
longue; le corps, de forme alongée, mais légèrement renflé dans sa partie moyenntl
se rétrécit au contraire entre les deux membres de derrière. La queue, large et Kg
peu déprimée à sa base, est mince et arrondie dans le reste de sa longueur. L«l
membres sont aussi très-grêles, sur-tout dans leur dernière portion : ils sont to*
(i) Auxontraire, Merrem, dans son ouvrage ( publié le Changeant sous le nom d’Agama mutabïlis, traduciwl
en 1820), ne fait du sous-genre Trapelus de M. Cuvier littérale de celui que l’espèce porte dans l’Atlas,
qu’une simple section dans le genre A gaina; et il indique
terminés par cinq doigts armés d’ongles crochus et acérés; très-inégaux, et dont
les proportions, fort remarquables, doivent être indiquées avec soin. A la patte
postérieure, les doigts vont en augmentant de longueur, à partir du premier jusqu’au
quatrième, de telle sorte que le premier, quoique d’une dimension moyenne,
se trouve égal seulement au tiers du quatrième : quant au cinquième, il est aussi
court que l’interne, et se trouve si reculé, que son extrémité atteint à peine la première
phalange de celui qui le précède. La disposition des doigts antérieurs èst
analogue à celle des postérieurs : ils vont en augmentant depuis le premier jusqu’au
quatrième, le plus grand de tous, le cinquième étant au contraire seulement égal au
premier. Du reste, les cinq doigts antérieurs sont beaucoup moins inégaux entre
eux que ceux du membre de derrière; les trois intermédiaires ont même des dimensions
très-peu différentes, et aucun d’eux n’est, à beaucoup près, aussi alongé
que le quatrième de la patte postérieure.
Les écailles de l’Agame variable sont, pour la plupart, très-petites; et celles
qui couvrent le dos sont même assez fines pour qu’on ne puisse les distinguer
nettement qu’avec le secours d’une loupe, ou du moins avec beaucoup d’attention.
Celles de la gorge, de la poitrine et de la partie inférieure de l’abdomen, se voient
beaucoup plus aisément; et l’on aperçoit saris aucune difficulté celles du dessous
de la queue, celles des membres, celles du ventre, qui se trouvent rangées en
lignes transversales régulières, et celles du dessus d é ‘la tête, qui sont les plus
grandes de toutes. ' Elles ^stïnt généralement disposées comme chez les agames
ordinaires'; mais on ne voit point, comme chez ces derniers, quelques épines
répandues sur diverses parties du corps, ét principalement sur le pourtour du trou
auditif et sur les côtés du cou.
Les individus' conservés dans les cabinets depuis quelques années paroissent
généralement d’un gris brunâtre en dessus, avec le dessous blanchâtre. Mais ces
couleurs ne ressemblent presque en auciinë façon à celles ;que l’animal présente
dans l’état de vie : il est souvent alors d’un beau bleu foncé nuancé de violet,
avec la queue annelée de noir, et des taches rougeâtres peu distinctes, disposées
sur le dos de manière à former quatre ou cinq petites bandes transversales assez
irrégulières. Dans d’autres instans, le bleu est remplacé par le lilas clair : alors la
tête et les pattes sont ordinairement nuancées de verdâtre, et rien ne rappelle
plus les premières couleurs du Changeant, si ce n’est les petites taches rougeâtres
du dos. • • "1
L Agame ponctué est une espece un peu plus petite que la précédente, à laquelle
elle ressemble par les proportions de son corps et de sa queue, mais dont elle
diffère beaucoup par ses pattes plus courtes et sur-tout par sa tête plus alongée.
Ses doigts sont généralement conformés comme ceux des autres agames; mais, à
la patte postérieure, le quatrième ne présente pas cet alongement disproportionné
qui forme , à l’égard du Changeant, un caractère si remarquable. La langue est
charnue, épaisse, non extensible, comme dans toute la famille des iguaniens, et