nuance dessine sur la queue des bandes transversales, peu distinctes, maisdij
buées avec assez de grâce et de régularité.
Les ongles, d’un brun jaunâtre, sont comprimés, crochus et acérés, mais mJ
que chez le Tupinambis du N il ; ils sont aussi proportionnellement plus petits. qJ
au système dentaire, il est très-différent de celui de l’espèce précédente : toutes]
dents sont très-petites, très-fines et très-aiguës ; caractère assez remarquable, J
auquel il ne faut pas néanmoins attacher une bien grande importance, parce J
ne se trouve pas lié d’une manière constante avec la modification de la forme dtl
queue, que nous avons signalée chez le Tupinambis du désert. En effet, quelJ
espèces Indiennes, chez lesquelles on retrouve le même système dentaire qui caJ
térise ce dernier, ont la queue carénée comme le Tupinambis du Nil.
Les deux monitors que nous venons de décrire paroissent avoir été de tout ten
bien connus dans l’Egypte : l’un d’eux, celui du N il, se trouve même figuré sut]
monumens antiques de cette contrée.
Celui du désert paroît être, comme l’a remarqué Prosper Alpin, le vériial
scmque des anciens, dont le nom a depuis été transporté à d’autres sauriens. Ntl
avons déjà dit qu’Hérodote avoit aussi fait mention de ce dernier sous le nom]
Crocodile terrestre; dénomination qui indique la remarque, déjà faite dans l’antiml
de beaucoup de ressemblance entre les tupinambis et les crocodiles. Cette*
semblance a également frappé les modernes ; car le peuple croit en Egypte q u i
Tupinambis du Nil n’est autre que le jeune crocodile éclos dans un terrains!
erreur assez singulière, que Daudin ¿étoit d’abord laissé entraîner à partager,a|
qu’il a lui-même ensuite appréciée à sa juste valeur, comme on peut le voirdil
son Histoire des reptiles.
C ’est sur les bords du Nil, comme son nom l’indique, que se trouve l’espèce*
nous avons décrite en premier lieu : on la voit assez fréquemment sur le rivage,!
on la pêche même quelquefois dans le fleuve. L ’espèce terrestre habite principil
ment les déserts qui avoisinent l’Egypte du côté de la Syrie; ce qui n’empêcheI
qu’elle ne soit très-bien connue dans l’Egypte proprement dite, et .sur-tout au Ka|
parce que les bateleurs de cette ville possèdent presque toujours quelques indivil
qu’ils emploient dans leurs tours et leurs exercices, après leur avoir arraché!
dents.
L e Tupinambis du Nil est très-carnassier : en captivité, il attaque tous lespti
animaux qu’il peut atteindre, et se jette avec avidité sur les alimens qu’on lui pl
sente. Lorsqu’il est irrité, il siffle avec force, et cherche à mordre, ou à frapper a*
sa queue; L e Tupinambis du désert a des habitudes très-différentes : bien loin de!
jeter sur sa proie avec avidité; il la refuse même tout-à-fait lorsqu’il est captif!
l’on ne parvient à le nourrir qu’en lui mettant dans la gueule des morceaux!
chair et en employant la violence pour les lui faire avaler.
Les Arabes ont très-bien senti les rapports de ressemblance qui rapprochent!
deux tupinambis d’Egypte, et les différences qui les distinguent; et ils ont met!
parfaitement exprimé et ces rapports et ces différences par les noms qu’ils ont donnés
aux deux espèces : l’aquatique est appelée Ouaran (1) el-balir, c’est-à-dire, Lézard
du fleuve; et l’autre, Ouaran el-liard, c’est-à-dire, Lézard des sables ou du désert.
Nous avons cru ne pouvoir mieux faire que d’adopter comme sciéntifîque cette
nomenclature, qui, due à des peuples ignorans et à demi civilisés, n’en est pas
moins très-conforme à l’esprit des méthodes Linnéennes.
E X P L I C A T I O N D E L A P L A N C H E 6 .
Anatomie du Tupinambis du N il et du Tupinambis du désert.
Tupinambis du N il : fig . 5 , crâne vu en dessus; fig. 6 , crâne vu en dessous; fig . 7 , mâchoire inférieure;
fïg. 8 , 9 , 10 , 1 1 , 12 et 1 3 , inyologie de la tête , et langue hyoïde, trachée-artère, &c.
Tupinambis du désert : fig. i 4> crâne vu en dessus; fig. 15 , mâchoire inférieure vue de côté.
§. H
L E S T E L L IO N S P IN I P È D E
( R e p t il e s , planche 2 , fig. 2 )
E T LE ST E L L IO N DES A N C IE N S
( planche 2 , fig. 3 );
Le Stellion spinipède [ Stcllio spinipes, D au d . ; Uromastix spinipes, A'ÎERR. ;
appartient au sous-genre ou plutôt à la section des stellions bâtards de Daudin,
ou des fouette-queue de quelques auteurs ; groupe auquel M. Cuvier assigne pour
caractères particuliers d’avoir toutes les écailles du corps petites, lisses et uniformes,
et celles de la queue très-grandes et très-épineuses ; une série de pores à la partie
interne de la cuisse ; enfin la tête non renflée en arrière par les muscles des mâchoires.
Tous ces caractères existent en effet chez le Stellion spinipède.
Cette espèce a communément de deux à trois pieds de long, de l’extrémité de la
tête à celle de la queue; mais l’individu qui a servi de type à la figure étoit beaucoup
plus petit, et navoit qu’un pied trois pouces de long, la distance entre les deux
paires de membres étant de cinq pouces, et le point d’insertion de l’antérieure se
trouvant éloigné du bout du museau de trois pouces et demi. Les écailles ont des
dimensions et des' formes très-variables, suivant les régions où on les observe : ainsi
celles de la partie supérieure du corps et de la gorge, généralement circulaires,
présentent des différences remarquables sous le rapport de leur étendue; déjà très-
petites dans toute lapartie qui avoisine la ligne médiane, elles le deviennent encore
davantage sur le reste du dos, sur le cou, à la gorge, et sur les flancs, où elles ont
meme a peine un demi-millimetre de diamètre. Les écailles du ventre et de la partie
interne des membres, de forme a peu près carrée, sont deux fois environ plus
(1) B. Merrem , dans son ouvrage sur les reptiles du Nil est appelé par lui Varanus dracoena, et noire T u -
( Versuch eines System, de, Amphibien ) , a latinisé ce pinambis du désert, Vamnusscincus. On concevra faci-
mot,, dont il fait un non. générique pour le groupe des lement les motifs qui nous ont portés à ne pas adopter
monitors proprement dits de M. Cuvier. Le Tupinambis cette nouvelle nomenclature.
H. N. TOME I.w, i.»partie. uv" ' ' v ' -bliT 2