trajet, l’intestin se dilate de nouveau en une poche globuleuse beaucoup p|lls
petite que la première, en une sorte de coecum. Le reste de ce canal, qu’on peut
considérer comme le gros intestin, descend jusqu’au bas de l’abdomen ; il se
recourbe ensuite comme un siphon, et va, en remontant jusqu’à la poitrine se
terminer à l'anus.
Il paroît que la première digestion s’opère dans le ventricule thoracique, qyj
contient souvent des animalcules, tandis qu’on n’en aperçoit jamais dans les
viscères de l’abdomen. C ’est un fait que je ne veux pas laisser ignorer ; car j’avoue
que je n’ai aucune lumière certaine sur la nature des fonctions de ces divers
organes. On peut cependant supposer que les substances grossières et essentiellement
indigestes sont revomies par le Polype, à peu près comme elles le sont par
certains oiseaux de proie nocturnes, et que les molécules les plus déliées et lesI
plus nutritives sont les seules qui passent de la cavité thoracique dans l’intestin I
grêle. C e t intestin et le ventricule qui le termine ne contiennent ordinairement I
qu’une matière liquide et peu abondante. Néanmoins le gros intestin est presqueI
toujours rempli, depuis son origine jusqu’à l’anus, d’une matière assez compacte,!
quelquefois grumeleuse, plus souvent homogène, d’un gris jaunâtre, moulcepatl
petites masses arrondies ou ovoïdes, mais que, malgré leur forme, on prendraitI
à tort pour des oeufs ou pour des amas d’oeufs. J’ignore si elles ont, dans l’éco-l
nomie de l’animal, quelque usage particulier; je ne les considère ici que comme!
les excrémens.
L ’organe que je crois destiné à la génération est tout différent de ceux-ci :il|
termine inférieurement le corps du Polype. C ’est un sac oblong, membraneux,!
quelquefois vide, mais le plus souvent occupé par vingt-cinq à trente corpuscules!
oviformes, attachés à deux ou trois cordons ondulés. Ces corpuscules sont sans|
doute des germes; et le sac qui les réunit, est un véritable ovaire. Il ne paroît pas!
communiquer immédiatement avec l’abdomen. Les germes inférieurs sont ordi-l
nairement les plus gros ; je pense qu’à leur maturité le sac s’ouvre et les laisscl
échapper par un petit canal qui monte avec le rectum. On trouve, en effet,]
souvent un de ces corpuscules engagé dans ce canal et faisant saillie au-devant!
du thorax.
Telle est la première espèce. La seconde espèce ( P o l y c l in u m saturnium),|
étendue de même sur le sable ou sur les rochers, produit des masses un peuj
convexes, molles, demi-transparentes, violettes, comme irisées, semées d’uni
nombre prodigieux de mamelons jaunâtres, la plupart groupés autour de quelques!
grands pores, qui, par leur dilatation et leur contraction successives, semblent!
avoir la fonction d’agiter et de renouveler l’eau. Après avoir détaché doucement!
l’Alcyon pour l’examiner de plus près, on voit que tous ces grands pores sont!
autant de centres auxquels aboutissent certains filets membraneux qui partent des!
mamelons, et que la transparence générale laisse apercevoir (t). On voit de phisl
que tous ces mamelons sont divisés en six dents, et qu’ils donnent passage,!
en s’ouvrant, à de petites étoiles saillantes et mobiles. Ce sont les bouches des!
( i) Ces filets ne diffèrent point de l’appendice anal décrit ci-devant, page 11.
Polypes, formées d’une ouverture un peu hexagone, et de six tentacules ovales ou
lancéolés, aplatis, semblables aux pétales d’une fleur en rose, tous très-entiers et très-
réguliers. Les étoiles, rapprochées et groupées autour des pores, semblent constituer
autant de systèmes particuliers qu’il y a sur l’Alcyon de pores différens
Dans les intervalles qui séparent ces divers systèmes, sont d’autres étoiles plus ou moins isoiees. r
Au reste, il ne faut pas être surpris de la tendance que montrent les animaux
particuliers de cette espece d A lcyon à se réunir et à se former en systèmes autour
de certains centres . la même disposition est commune à toutes les espèces con-
j génères de celle-ci. Elle se retrouve même dans des genres étrangers à cette
famille, notamment dans les Flustres : elle est tellement marquée dans les Bo-
: trylles,que, malgré les judicieuses observations d’Ellis ( i) sur ces animaux com-
! posés, chaque système de Botrylle est considéré par les zoologistes actuels
comme un seul Polype, et chaque Polype comme un seul tentacule J’ai eu
occasion d examiner récemment une très-belle espèce de ce genre qui m’a été
communiquée par M. Desmarets fils, et je puis assurer que chacun de ces Pré-
i tendus tentacules est pourvu d’une bouche, d’un intestin, d’un anus de deux
ovaires; en un mot, est un animal très-complet. Ces systèmes, si bien ordonnés
et doues de propriétés si extraordinaires, ne sont pas même nécessaires à l’existence
particulière des individus : on trouve toujours quelques animalcules isolés
et séparés des autres. Mais je reviens aux Alcyons.
J’ai dit que l’extraction et l’examen des Polypes de la première espèce se
feraient sans difficulté. Il n’en est pas ainsi des Polypes de la seconde espèce •
on le croira sans peine, si l’on se représente que chaque Polype n’est pas contenu'
dans une seule cellule, mais dans plusieurs : il y en a une pour le thorax une
pour 1 abdomen, une pour l’ovaire; et ces trois cellules, qui n’ont pas toujours la
meme direction, ne communiquent entre elles que par deux fort petits trous
« résulté de cette disposition singulière, qu’à l’ouverture du polypier au lieu
dun seul rang d’animalcules, on croit en voir plusieurs rangs superposé^ les uns
aux autres, çt dont 1 aspect présente beaucoup de confusion : ajoutez que la consistance
molle et extensible de l’enveloppe gélatineuse, qui la fait céder à l’instrument
tranchant sans se diviser, s’oppose encore à leur extraction
Quand on est parvenu à se procurer un Polype bien entier, on est étonné qu’un
ammal si différent en apparence de l’espèce précédente y soit si semblable, en
enet, par le nombre et l’organisation essentielle de toutes ses parties. La bouche
le cou, les tentacules, paroissent conformés de même. L e thorax est, relativement’
eaucoup plus grand; il présente d’ailleurs la même forme cylindrique, le même
nranglement vers le milieu, les mêmes tubercules devant et derrière le cou lès
memes vaisseaux bruns et ondulés sur le dos, le même appendice à la poitrine,
tau-dessous la meme ouverture, à laquelle aboutit aussi l’anus; l’ouverture est
uemem p us spacieuse. Dans cette espèce, l’anus sort à peu près au milieu du
rax: mais il y a d’autres espèces, voisines de celle-ci, dans lesquelles l’intestin
!S, /lcr. Àns l., tom. X L IX , part. I I , n." 6 1 , pag. 449, m Sc/wlio ad obsmatiomm ScUosseri.