
§. XV.
D es Vessies aériennes.
L e s vessies aériennes remplissent presque to u t le vide de l’abd omen , le reste
des organes abdominaux ne formant qu’une masse fort petite en comparaison de
leur volume : elles so n t entre elles d’une dimension très-inégale; leur forme est
celle d’un cy lin d re, sau f que l’extrémité de la petite ( a a ,fig . fi ) t st terminée en
pointe. Privées de canal pneumatique, elles s’ouvrent à-la-fois e t immédiatement au
moyen d’une fente vers la partie supérieure de l’oesophage (i) : un muscle constric
teu r en to u re cette o u v e rtu re , e t donne conséquemment au bicliir la faculté
de conserver l’air in tro d u it dans les vessies.
O n pense bien que c’est seulement par intervalles que cela peut avoir lie u ,
puisqu’on n e p eut soutenir long-temps la co n tra ctio n des fibres musculaires. Le
b ic h ir , réduit à ce sphincter p o u r conserver l’air de ses vessies n a ta to ire s , do it peu
souvent y avoir recours, e t c’est ce que démontre le reste de son organisation : il
vit à fond d ’e a u , et constamment à te rre , o ù il parvient à ramper à la manière
des se rp en s, e t en s’aidant de ses longues nageoires pectorales.
Les vessies aériennes oc cu p en t to u t le haut de l’abdomen : la grande (C C, fig . ÿ )
en remplit to u te la longueur immédiatement au-dessous de la colonne épiniere,
e t la pe tite est située au-dessus de l’estomac.
S XVI.
D e s Reins.
L es reins so n t formés par deux languettes o u deux rubans placés de chaque
cô té de la saillie interne de la co lonne épinière; ils commencent à la naissance de
celle-ci, e t se p o rte n t jusque derrière l’anus. O n distingue à leur extrémité postérieure
très-sensiblement des uretères qui d ébouchent dans une vessie urinaire.
§. XVII.
D es Organes sexuels.
Les organes sexuels so n t formés de deux testicules ( t t,fig . f i c h e z les mâles, ou
de deux ovaires chez les femelles, lesquels, dans la saison du f r a i, sont d'une
dimension à o ccuper les deux tiers de la longueur de la cavité abdominale. Un
tissu cellulaire très-mince les re tien t si foiblement à la surface des autres organes de
l’abdomen, q u e , quand o n enlève le poisson par la tê te , leur propre poids les
entraîne en en b a s, et vice versâ. C e tissu si mince forme au to u r de la semence un
(t) Voye^ cette fente représentée en o * f s * 8,
sac qui se rompt au moindre effort : les oeufs qu’il renferme à une certaine époque,
sont alors de la grosseur des grains de millet et de couleur vert-pré.
§. X V I I I .
D es Organes des Sens.
Nous terminerons la description du bichir par ceux des organes des sens qui
ont leur siège dans la tête.
Du goût. Le palais est formé de plusieurs pièces osseuses, recouvertes d’aspérités
(voye za , b ,C ,jig . <i) : entre cette couche d’os et celle de l’extérieur de la tête
sont logés les muscles qui meuvent la mâchoire d’en bas et les opercules.
La bouche est large et circulaire : quarante-huit dents (i) à-peu-près garnissent
tout son pourtour. Elles sont coniques, pointues, légèrement inclinées en dedans
et en arrière, et très-petites. Il en est encore beaucoup d’autres plus en dedans,
qui sont beaucoup plus fines, très-nombreuses, ramassées confusément, et d’autant
plus arquées qu’elles sont situées davantage en arrière.
Une langue ( k ,jig . <f) , extrêmement épaisse et charnue, remplit toute la cavité
de la bouche ; elle est bordée par deux lèvres très-prolongées, dont la supérieure
seule est soutenue au moyen d’un fort tendon.
La figure 6 présente toutes les parties qui composent l’organe du goût, hors
de leur position naturelle : je prie alors qu’on veuille bien donner attention à
l’explication suivante.
Tout le haut du dessin nous montre la voûte du palais : / est la mâchoire supérieure
, m m les deux mandibules inférieures qui sont détachées et écartées, et
V p les os carrés qui unissent celles-ci au crâne.
Tout le bas est la partie inférieure du palais, c’est-à-dire, la langue et les diverses
aspérités e de l’arrière-bouche. Elles correspondent dans l’état vivant et touchent
à la voûte du palais a , b , C ; mais on les a renversées, en les faisant jouer sur
un axe l , l , et on les a reportées en arrière, pour montrer tout l’intérieur de la
bouche. Les branchies g g sont portées par leurs osselets i i .
De lodorat. Les narines ont une double ouverture, et sont précédées par deux
barbillons fort courts.
De la vue. L’oeil est situé plus en arrière, et un peu de côté. Il est logé assez
profondément; ce qui se remarque d’autant mieux qu’il manque tout-à-fait de
convexité.
De l oüie. On n’en aperçoit pas d’ouvertures en dehors.
Pour le surplus, la tête est, à l’égard de son extérieur, dans le cas des tégumens
communs, sans parties molles au dehors, et parfaitement défendue par de fortes
cuirasses; chaque pièce de son pourtour est formée d’os larges et solides; un épi-
derme qui y adhère fortement, est l’unique tégument qui en empêche l’exfoliation.
La tete est encore remarquable par la longueur de l’occipital postérieur, qui
(i) Voyez fig. i , S tt m.