Pour bien comprendre ce que les organes de la respiration des tétrodons
offrent de nouveau et de remarquable, rappelons-nous d’abord ce que nous savons
du sternum des poissons osseux.
Il est formé de cinq pièces, dont une occupe le centre : celles de côté, ou
les annexes sternales, sont ordinairement placées l’une au bout de l’autre, et ont
pour principal usage de porter la membrane branchiostége et les filets osseux qui
servent à son déploiement ; d’où on les avoit nommées autrefois les grands os de
la membrane branchiostége.
Les tétrodons ne conservent que fort peu de chose de ce plan général : la
pièce impaire, ou proprement le corps du sternum, leur manque entièrement ; et
au lieu que les annexes sternales soient placées bout à bout, une seule (n.° 21 ,
fig. 20 et 2 1) s’étend de fos carré à sa congénère et se réunit à celle-ci un peu
au-dessous des os hyoïdes. T out me porte à croire qu’elle est analogue à celle
des deux annexes qui s’articule aux os carrés : aussi longue que le sont ailleurs les
deux annexes, elle en remplit aisément à elle seule toutes les fonctions, puisquelle
sert de support tant à la membrane branchiostége qu’aux rayons des ouïes.
L ’autre annexe (n.° 2 0 , fig . 20 et 2 1) n’en existe pas moins : on la voit en
dedans et le long de la première. Elle est fort grande et d’une configuration bizarre;
aussi-bien que l’annexe extérieure, elle complique le coffre pectoral tout autant
que si c’étoit une nouvelle pièce ajoutée pour la première fois à cet appareil.
Sa forme est celle d’un large feuillet reployé longitudinalement, et dont les
deux plans tombent presque à angle droit l’un sur l’autre. Elle est terminée vers le
haut par une tubérosité ou une sorte d’onglet qui sert à son articulation, et qui
est reçu dans une cavité pratiquée vers le milieu de l’autre annexe. Son bord,
du côté interne, est circulaire, et l’autre rectiligne : le sinus formé par le pli de la
partie mince est rempli par deux muscles épais ( O, p , fig . q.). La face opposée est
aussi couverte de muscles, mais qui diffèrent de ceux-ci tant par leur moindre
épaisseur que par la combinaison de leurs attaches.
Nous donnerons à ces deux annexes les noms qui conviennent à leur situation
respective : à celle-ci, le nom d'annexe intérieure ; et à la première, celui d'annexe
extérieure.
C ’est entre ces deux pièces que sont comme cachés les rayons des ouïes. II
n’est venu en effet à l’esprit de personne de les aller chercher en cet endroit,
quoique, à vrai dire, ils soient dans la place qui leur convient. J’en ai compté cinq
dans le fàhaka : le n.° 22 (fig . 20 et 2 1) en montre la forme, la position et les
attaches. Ils s’articulent tous les cinq à l’annexe extérieure. Enclavés comme ils le
sont, ils ne peuvent se déployer en éventail : ils ne sauraient d’ailleurs le faire,
parce qu’ils sont retenus à leurs deux extrémités; ce sont autant de demi-cerceaux
qui ne s’écartent les uns des autres qua leur milieu, effet qui est produit par le
besoin d’agrandir la capacité de la poitrine.
La membrane branchiostége, qui est contiguë et réunie à sa congénère, au
point de ne pas se distinguer des tégumens communs, recouvre toutes les pièces
du coffre pectoral, annexes et rayons : elle n’est percée, ou, pour me servir de
l’expression habituelle, elle ne montre son ouverture branchiale qu’à la partie la
piys postérieure de la poitrine, un peu au-dessus de la nageoire et tout-à-fait à
l’extrémité des rayons, qui, par-tout ailleurs, en sont les principaux agcns. C ’est
ce voile considérable, étendu au-devant des branchies, qui a fait considérer les
tétrodons comme appartenant à l’ordre des poissons branchiostéges.
La figure 22 nous montre les autres pièces qui font partie des organes de la
respiration; savoir, i.° au milieu et en avant, les trois os hyoïdes, et 2.0 sur le
côté et en arrière, les arcs des branchies.
§. V I I I .
Des Muscles qui meuvent les pièces du Coffre'pectoral.
Nous décrirons ces muscles dans l’ordre où les figures de notre planche nous
les présentent.
Premièrement, figure 4.
Le muscle a et son congénère. Ils s’appuient l’un sur l’autre en partie et du côté
interne : ils bordent en avant la crête de la mâchoire inférieure , et s’insèrent en
arrière tant sur le premier et le second rayon branchiostége, que sur l’os hyoïde.
Ils ont pour usage d’abaisser la mâchoire inférieure, et peuvent aussi, quand elle
reste fixe, entraîner un peu de son côté les rayons branchiostéges et l’os hyoïde.
Le muscle 0 est une portion du muscle de la langue, qu’on peut voir plus distinctement,
même lettre, figure ir. Il se bifurque et s’attache en arrière à la crête
de l’annexe extérieure, qu’il soulève dans ses fortes contractions et fait rouler du
dedans au dehors.
Le muscle p . Grand, fort, épais, il remplit le creux formé par le repli de {’annexe*
intérieure : attaché en outre par une sorte de gros pédoncule à la crête de l’autre
annexe, il rapproche ces deux pièces l’une de l’autre, et soulève particulièrement
celle dont il remplit toute la profondeur-: en général, il tend, en écartant des
branchies l’annexe intérieure, à développer la cavité de la poitrine et à lui procurer
une plus grande capacité. CL a est une section de l’oesophage.
Secondement, figure y .
Le muscle CL A montre la réunion des deux petits pectoraux : à peine aperçoit
on la bande tendineuse qui les réunit vers le milieu. Ils fournissent en avant
deux forts tendons qui s’écartent l’un de l’autre, et qui vont s’insérer sur la crête
de l’annexe extérieure : ils sont partagés en arrière en deux portions distinctes,
dont chacune s’attache à l’extrémité et le long de la clavicule. Ils entraînent,
quand ils se contractent, les clavicules vers les annexes extérieures, et viceversâ,
suivant que l’une de ces pièces est rendue fixe.
Au-dessous l’on voit l’aorte A , le coeur C et l’oreillette du coeur J.
Troisièmement, figure 6.
Le haut de la figure nous montre une portion des deux petits pectoraux ü ,
décrits dans l’article précédent : ils sont représentés, rejetés après la section qui