d’un canal large et profond : les muscles releveurs de la nageoire dorsale remplissent
tout ce vide.
Les sept vertèbres suivantes sont surmontées par de longues apophyses, que
séparent et avec lesquelles sont enchâssés autant de filets osseux, qui sont les apophyses
tutrices de cette même nageoire. Enfin Ion trouve (n.° 24} cinq de ces
pièces en dessous, et couchées le long de l’épine, dont 1 usagé est de servir à
l’articulation de la nageoire anale.
Les membres antérieurs (fig. tj> et 2 3 ) sont, comme ceux de tous les poissons
osseux, formés d’autant d’osselets; savoir, dufurculaire (n.° 15), de 1 omoplate (16),
de la clavicule (.17), de l’humérus { 18), des os de l’avant-bras (19), et de rayons
ou de phalanges. Le bras, ce que montre distinctement la figure 19 , est couche
le long de la clavicule ; et l’os furculaire se fait remarquer par une grandeur qui
ne s’explique que quand on sait qu’il remplace les côtes dans leurs principaux
usages.
Un travail qui nous est propre, et dont nous avons présenté les principales
bases dans le tome X des Annales du Muséum d’histoire naturelle, pages 249
et 3 4 2 , nous met en état de donner ici une détermination des pièces dont le
crâne des tétrodons est l’assemblage.
La grandeur du crâne (fig. j<> et 2 3 ) fait donner plus d’attention à la petitesse
des os des mâchoires. Une autre circonstance rend ces os également remarquables,
c’est qu’une portion d’entre eux n’est point enveloppée ; une sorte d émail en
lait l’écorce e t en prévient i’exfoliation : toujours visibles en dehors , durs et
tranchans, on diroit des mandibules de perroquet. Telles sont enfin ces quatre
dents des tétrodons, dont la considération (avons-nous dit plus haut) a tellement
frappé les naturalistes, qu’ils en ont fait le caractère distinctif de ces animaux,
et qu’ils en ont tiré la dénomination sous laquelle on les désigne habituellement.
Les tétrodons n’ont donc pas de véritables dents, mais une portion des os
maxillaires en tient lieu ; anomalie tout aussi curieuse que celles que nous nous
sommes attachés à constater jusqu’ici. Toute mâchoire inférieure de poisson est,
dans le principe, composée de quatre pièces au moins, de deux branches antérieures
et de deux branches postérieures. C e sont ces deux premières (n.° 26), à
l’égard de la mâchoire inférieure, et les deux intermaxillaires (n.° 25), à l’égard
de la supérieure, qui forment le bec des tétrodons.
Les autres os du crâne sont les maxillaires supérieurs (n.° 1), les temporaux (2),
les jugaux (3), les nasaux maxillaires ou les os carrés du nez (4) , les lacrymaux
ou les ungtàs (y), les coronaux (6 ), les pariétaux (8 ,9 et 1 o) ¡ l’occipital supérieur
(11), les occipitaux latéraux ( i z ) , et l’occipital inférieur (13) : enfin la
figure 17 représente le vomer à part.
Je n’entrerai point ici dans le détail dés preuves que je pourrois offrir à l’appui
de ces déterminations : je les ai en partie consignées dans les Mémoires cités
ci-dessus, et je crois devoir y renvoyer le lecteur.
Quiconque n’a pas suivi, comme je l’ai fait, pas à pas et dans l’ordre des générations
constatées par les naturalistes, tous les intermédiaires que nous présente
le vaste ensemble des animaux vertébrés, s’étonnera sans doute d’entendre dire
que les coronaux s’articulent directement avec les occipitaux, et que les temporaux
et les pariétaux, qui dans les animaux d’un haut rang existent entre ces
pièces, soient comme rejetés de côté dans les poissons, et deviennent des pièces
utiles au mécanisme de la respiration. Toutefois, je n’en saurois douter, le cerveau,
devenu plus petit, n’avoit plus besoin de ces enveloppes, et les organes de
la respiration, passés au-devant des bras, en ont acquis l’usage.
Enfin nous terminerons ce paragraphe, qui est le dernier de notre description,
par une observation sur la consistance de toutes ces pièces osseuses. On est
généralement dans l'opinion que les tétrodons ont le squelette cartilagineux, sur
ce qu’on les a crus de la même famille que les raies et les squales. A la vérité,
ils manquent de côtes : mais c’est presque l’unique rapport qu’ils aient avec les
squales ; car quant aux opercules et aux rayons branchiostéges qu’on ne leur avoit
pas trouvés, nous avons vu qu’ils n’en sont pas privés.
Mais, au surplus, ce qui décide cette question péremptoirement, c’est l’observation
du fait. Les os des tétrodons ont toute ou presque toute la solidité de
ceux des poissons osseux : s’ils ploient plus facilement dans quelques petits sujets,
c’est qu’ils sont pour la plupart minces et privés de la substance spongieuse ;
circonstance alors qui dépend de la forme et non de la nature de la matière.