carapace celle de sa base ou. du plastron. Le plan primitif reste le même ; mais
pouvoit-il être plus ingénieusement diversifié, plus convenablement approprié
aux nouveaux besoins des tortues !
L e plastron n’arrive non plus que la carapace à une entière ossification de
ses élémens chez les trionyx; le cas contraire caractérisoit le plastron des tortues
à écailles : il est, dans l’espèce d’Egypte, évidé à son centre, et complété sur ses
bords par une expansion du cartilage de la carapace. J’en ai donné la figure
dans les Annales du Muséum d'histoire naturelle, tome X V I , planche z . Je vais le
décrire.
Le sternum des tortues conduit à celui des oiseaux; cependant il se manifeste
ici un autre arrangement des parties, naturellement approprié aux habitudes
différentes de ces animaux. Les oiseaux, obligés de ramer dans un fluide très-rare
et d’y employer une force considérable, avoient besoin que le centre de leur
sternum fût très-étendu et d’une certaine solidité pour offrir une grande surface
et un point très-résistant aux agens dont ils font usage dans le vol. C ’est en
conséquence l’os impair, ou l ’entostemal, qui est chez eux la pièce la plus développée,
une base solide, et comme une carène pour les autres.
Les tortues, et principalement les trionyx, qui se déplacent sans de pénibles
efforts, se seroient accommodés d’un sternum foible et formé de cartilages, comme
celui de la plupart des mammifères ; mais leur sternum, étant compris dans un vaste
appareil élevé au plus haut point de développement, a participé à cette hypertrophie
générale, et est entièrement osseux. La pièce impaire, ou l’entosteraal,
n’étant plus sous l’influence d’un développement excessif des membres pectoraux,
est devenue chez les tortues, tout au contraire de ce qui est chez les oiseaux,
la plus petite des neuf pièces, tandis que les parties dites les annexes sternales et
qui sont composées des liyostemaux et des hyposternaux, devant soutenir chez
les tortues tout le poids du corps, ont été portées aux plus grandes dimensions.
Ces annexes sont augmentées chez les tortues d’une paire d’appendices antérieurs,
les épisternaux , et d’une paire postérieure, les xipliisternaux, lesquels
n’existent qu’en cartilage chez les oiseaux. Telles sont les neuf pièces qui, dans
les tortues à plastron solide, commencent par autant de points séparés, et qui y
croissent jusqu’à leur rencontre et leur entière ossification.
Entre les chélonées et les trionyx, voici quelques différences. L ’entosternal,
dans les trionyx, ressemble à un fer à cheval : il est surmonté de deux pièces
ayant la forme d’un X ; l’arc inférieur est employé à l’articulation de l’entosternal,
ou os impair; puis celui-ci reçoit dans l’écartement de sa fourche la première
partie des annexes, l’hyosternal. A u contraire, la forme du corps médian et impair
de l’entosternal est, dans les chélonées, un appendice ensiforme, dont la
pointe est dirigée en arrière. Cet entosternal est comme suspendu aux deux épisternaux,
fortement engrenés l’un à l’autre. Il n’y a à l’égard des autres pièces que
des différences dans la proportion de leur volume. Les annexes, ou les hyosternaux
et les hyposternaux, forment une masse plus considérable en longueur chez les
chélonées, et en largeur chez les trionyx; et les xiphisternaux au contraire son;
étendus et fort épais chez ceux-ci, quand ils s’en tiennent à la consistance d’un
simple filet chez les tortues de mer.
Les pieds fournissent aussi d’excellens caractères génériques g ceux de derrière
ont les doigts distincts et susceptibles de mouvemens propres, bien que réunis par
une membrane. Ceci caractérise aussi bien les émydes que les: trionyx; mais ce qui
est propre à ces derniers, c’est qu’ayant les pieds très-larges ils n’ont d’ongles
qu’aux trois doigts intérieurs : cependant les deux autres doigts ne manquent pas;
ils ont même conservé un volume proportionnel à la grandeur des trois autres.
Enfin les considérations suivantes éloignent encore les trionyx des autres
tortues : l’existence d’une petite trompe, la mobilité des lèvres et la situation
de l’anus.
Quant à de véritables lèvres qu’on trouve dans ces tortues, c’est un caractère
dont l’anomalie a d’autant plus sujet de nous étonner y que l’affinité des tortues
avec les oiseaux sembloit nous donner le motif de l’absence totale des lèvres chez
les autres tortues, et nous porter enfin à concevoir l’existence des enveloppes
cornées de leurs mâchoires.
La position de 1 anus n’est pas moins remarquable : on le trouve tout à l’extré-
mite du dessous de la queue. Si l’on se rappelle que c’est la seule ouverture qui
existe en arrière, et qu’à elle aboutissent le rectum, les uretères et l’oviductus,
on concevra ce qu une telle position peut produire de difficultés pour l’accouplement.
Par leur long cou les trionyx ressemblent à des émydes qui vivent continuellement
dans l’eau. Us rentrent à volonté tout leur cou dans l’intérieur de la
carapace ; la peau, qui ne tient aux muscles que par un tissu cellulaire très-
lache, se plisse en avant quelquefois assez pour se rabattre par-dessus la tête
mais le plus souvent de façon à former en arrière une suite de plis égaux et réguliers.
C est plus habituellement de cette dernière manière qu’ils portent la tête; ils
n’alongent le cou et ne letendent droit qiie pour atteindre leur proie,ou que
pour blesser par une morsure.
La partie molle de la carapace a beaucoup plus d’utilité qu’on ne le pourroit
croire. Les trionyx, en abaissant ou relevant les bords latéraux de cette large enveloppe,
parviennent à nager avec une vitesse extrême; e t, ce qu’il y a de plus
surprenant, par un mode qui leur; est propre, ils roulent sur eux-mêmes, de
manière que, lorsquils nagent à fleur d’eau, on aperçoit alternativement le dos
et le ventre. C est la manière de nager des cétacés qui allaitent leurs petits, pour
procurer à ceux-ci les moyens de venir puiser à la surface de l’eau l’air nécessaire
à leur respiration.
Il suit de cette observation que j’ai faite en Egypte, que voilà des animaux qui
emploient une partie de leurs appendices vertébraux au mouvement progressif:
les serpens le font de même, quand ils tendent leurs côtes, et qu’avec ce levier
agissant au travers de la peau ils se cramponnent sur le sol pour exécuter la rep-
tation et pour voyager.
Forskaeln’avoit qu’annoncé, mais point décrit le trionyx d’Egypte; aussi tous