
L a dénomination de cet ordre vient de ce que .la plupart des oiseaux qui le
composent peuvent porter en avant le tibia en même temps que le tarse, ce qui
les fait paroître comme montés sur des échasses ; et aussi à cause de la longueur
de leurs jambes et de leurs pieds, presque toujours disproportionnée comparativement
avec le volume de leur corps. C ette dénomination est très - applicable
à tous les oiseaux classés par les auteurs dans cette division ; mais la qualification
d’oiseaux de rivage, par laquelle on les désigne fréquemment, ne leur convient
point dans un sens aussi général, puisqu’il en est parmi eux qui ne fréquentent
jamais ni les bords des fleuves, ni les bords de la mer : telles sont les espèces des
genres struthio, rhea, casuarius, dromaius, otis, cursarias, cedicnemus, serpentarias,
cariama, psophia. Les espèces qui composent ces genres habitent toutes dans l’intérieur
des terres, le plus ordinairement dans les lieux déserts, éloignés des bois
et des eaux; elles ont des moeurs et des habitudes totalement différentes de celles
qui vivent sur les rivages. Leu r nourriture se compose principalement d’h e rbe s,de
graines, d’insectes terrestres ou de reptiles; tandis que les espèces qui recherchent
les lieux submergés se nourrissent particulièrement de poissons, de f r a i, d’insectes
aquatiques, de v er s , et quelques-unes de reptiles. Presque toutes les espèces
des genres cités sont polygames, et au contraire celles des lieux riverains sont
monogames.
D ’après ces considérations , on pourra établir deux divisions dans cet o rd r e ,
e t toutes les deux seront naturelles, l’une sous le nom de campestres, qui comprendra
les genres ci-dessus, l’autre sous celui de littordles, qui renfermera toutes
les espèces qui vivetit sur les plages vaseuses ou les grèves baignées par les eaux
de la mér ou des fleuves.
Parmi les espèces de la première division, qui toutes sont terrestres, il en est
quelques-unes dont les ailes sont impropres au v o l , et qui ne s’en servent que
pour accélérer leur course, qui est très-rapide. Elles nichent toutes à terre; leurs
petits quittent le nid peu de jours après leur naissance, et prennent d’eux-mêmes
les alimens que leur présente ou que leur indique la mère.
L a plupart des espèces de la seconde division sont demi-nocturnes; ce qui
signifie que c’est au moment des crépuscules et pendant la nuit qu’elles se rapprochent
des bords de la me r, des lacs, des rivières ou des terrains humides, pour
y chercher leur subsistance : c’est aussi pendant ce temps que certains mollusques
et crustacés sortent du sable ou de dessous les pierres où ils se tiennent durant
le jo u r , que les poissons, les reptiles et les insectes aquatiques sont en mouvement,
et que les vers sortent de terre. Les unes entrent dans l’eau sans mouiller
leurs plumes, ou parcourent les terrains vaseux; d’autres, quoiqu’avec des tarses
longs et grêles, et pourvus de doigts entièrement divisés et longs, plongent avec
une grande facilité ; chez un petit nombre d’espèces, les doigts sont entourés d’une
membrane festonnée, et celles-là nagent aussi bien que les vrais palmipèdes.
T ou s les riverains nichent ou sur les arbres ou dans les endroits bas et marécageux;
ils sont tous monogames et nourrissent leurs petits, dans le nid : ceux-ci
ne l’abandonnent qu’en état de voler.
Dans cette division, les femelles sont presque toujours plus grosses que les
mâles ; ce qui est le contraire pour les oiseaux de la première section.
La mue est double dans plusieurs genres de l’une et de l’autre division, et elle
change périodiquement les couleurs du plumage: dans d’autres, elle est simple;
e t, dans ce cas, il s’écoule plusieurs années avant que le jeune oiseau se soit
revêtu de la livrée de fadulte.
Les échassiers étendent leurs jambes en arrière lorsqu’ils volent, au contraire des
autres oiseaux, qui les reploient sous le ventre.
Genre P L U V I E R
( Charadrius, C u v . , V i e i l l . , T em m ., L i n . , L a t h . ; Pluvialis, B r i s s . ) .
Caractères principaux.
BECp[\is court que la tête, droit, grêle, renflé vers le bout et obtus; narines basales,
très-étroites, fendues longitùdinalement au milieu d’une membrane qui recouvre
environ les deux tiers de la longueur du bec.
L a n g u e lancéolée, entière.
P i e d s longs ou de moyenne longueur, grêles.
Seulement trois doigts dirigés en avant ; celui du milieu est réuni à l’extérieur par
une membrane ; l’intérieur séparé.
Caractères accessoires.
A i l e s simples ou éperonnées, tantôt plus longues que la q u e u t , tantôt de même
longueur, et tantôt plus courtes.
L a première ou la deuxième remige la plus longue de toutes.
Q u e u e arrondie ou carrée.
Les pluviers sont des oiseaux des contrées septentrionales qui émigrent périodiquement
chaque année en automne vers les climats tempérés ou chauds, et
qui reviennent dans les régions boréales au commencement du printemps. Ils
vivent en tro u p e , et fréquentent principalement les terrains humides, tels que
les marais, les prairies, les grèves des fleuves et des rivières, ou les bords de la
mer. Ils se nourrissent d’insectes et de vers qu’ils se procurent avec beaucoup
d’adresse, en frappant la terre de leurs pieds. Le s femelles pondent deux à cinq
oeufs à terre, ou sur le'sable. L e manque de pouce contribue à la vitesse de leur
course.
L a mue est double chez le plus grand nombre.
L a chair des pluviers est généralement estimée et recherchée. Plusieurs d’entre
eux ont des lambeaux ou des proéminences charnues à la tête ou aux mandibules.
Ils sont répandus dans tout l’ancien et le nouveau continent.