seul caractère de leur position différente toutes les modifications importantes qui
les distinguent. L ’un est en très-grande partie renfermé dans un étui osseux
l’appareil intra-crânien, et l’autre est distribué autour, ou l’appareil extra-crânien.
O r , tout autant que le premier est encaissé, qu’il remplit la boîte crânienne, et
qu’il est par conséquent protégé par l’ensemble de ses pièces solides, par une
muraille osseuse répandue à sa surface, il se manifeste sous la figure d’une vessie
qu’on auroit soufflée ; des particules médullaires y sont en grand nombre répandues,
sy voient accumulées et comme entassées : sa capacité dépend de leur
nombre, et généralement toutes ses subdivisions retiennent, tant qu’elles sont
cloisonnées, la forme d’une bourse remplie. Quant au second appareil, ¡1
garde l’apparence et la consistance des parties hors crâne du premier; et, dans
tous les cas, les extrémités de l’un, comme celles de l’autre, ont la même tendance,
aboutissent respectivement aux mêmes points, entrent dans des services
identiques, e t, par leurs insertions et leurs actions réciproques, deviennent et
constituent réellement les organes des sens, l’appareil vasculaire y portant aussi
un rameau terminal.
J’ai été conduit à ces idées générales en examinant la structure des appareils
olfactifs chez les animaux qui odorent dans l’eau, en voyant cette structure, particulièrement
chez le congre ( i ) : elles sont immédiatement applicables au crocodile.
Par induction , nous en venons à comprendre comment l’excès de
grandeur de la cinquième paire ou du nerf trijumeau ( appareil nervo-céphalm
externe), qui caractérise ce reptile, lui devient une utile compensation de l’excè
de petitesse de son cerveau ( apparàl nervo-céphalien interne ) ; car alors les actions
physiologiques qui dépendent de la fonction des nerfs, les phénomènes vitaux
dont on comprend l’ensemble comme toutes les manifestations variées sous le
nom S habitudes, tant de facultés pour la ruse, l’adresse et la prévoyance, que
nous avons reconnues au crocodile, ne seroient point, autant qu’on l’a cru jusqu’à
ce jour, hors de proportion avec les faits de structure organique. Il n’y auroit
ainsi pas plus de produits obtenus que n’en pourroient, selon la règle, accorder
ou faire supposer les agens producteurs.
Effectivement, s’il n’y a chez le crocodile qu’un très-petit cerveau pour tant
de sagacité et d’astuces, le crocodile en est sans doute suffisamment indemnisé
par le plus de volume et par la texture de son nerf trijumeau. Nul autre, parmi
les animaux qui respirent dans l’air, n’a ce nerf, à partir de la moelle alongée,
aussi gros, et de plus ne l’a aussi long; ce qui ne pouvoit être autrement, ce
nerf ayant à se rendre et à se répandre dans des maxillaires d’une grandeur démesurée.
Sa masse, que, dans ce cas, il convient d’estimer en multipliant le produit
de la longueur des rameaux par celui de la grosseur des diamètres, donne
en effet une somme totale dont le volume est considérable. Dans une tunique
forte et résistante se voit un tissu spongieux, composé de filets nombreux et très-
fins. Je donne, n’osant courir la chance d’une erreur,, cette observation comme
( i) Voyez, Annales des sciences naturelles, tome V I , appareils olfactifs dans les poissons, suivi de considérapage
322, un article sur les usages et la structure des tions sur les animaux qui odorent.dans l’air.
elle m’a frappé, sans essayer d’en déterminer ou du moins d’en pressentir la
nature avec plus de précision.
Mais ce n’est point assez d’avoir trouvé que la grandeur des résultats chez
le crocodile, ’c’est-à-dire- que les actions virtuelles, que les manifestations de
son vouloir soient, à l’égard des organes producteurs, dans une raison proportionnelle
et directe; un autre arrangement se fait encore apercevoir ; les perceptions
de ce reptile y gagnent d’être plus spéciales relativement à chaque organe
des sens, de façon que , si tous les motifs d’action naissent, se poursuivent et
se complètent dans chacun des rameaux de la cinquième paire, chaque faculté
se caractérise par un plus haut degré d’isolement. Dans ce cas, il y a peu de
réaction de l’une sur l’autre : l’organe du goût, par exemple, dans les choses de
sa dépendance, sera pour soi, à quelques égards, un centre de perception; il en
sera de même de celui de l’ouïe, et ainsi de suite.
Or de tels résultats donnent aux crocodiles cette sorte de rapports avec les
insectes, que de l’isolement des parties naissent des déterminations plus arrêtées,
plus dominées par les influences du dehors, beaucoup moins voulues par l’animal,
si je puis me permettre de m’exprimer ainsi, et généralement des actions placées
plus impérieusement sous les impulsions de l’instinct. Chez l’homme, au contraire,
les opérations de l’intellect se distinguent, comme étant plus raisonnées, et alors,
pourroit-on ajouter, comme étant plus sujettes à l’erreur: mais, si la précieuse
essence caractéristique de l’humanité n’échappe point à un tel danger, il s’ensuit
que les chances pour se tromper croissent comme le nombre des motifs entre
lesquels il faut choisir pour se déterminer. Cependant ces chances dépendroient-
elies de ce que les masses cérébrales seroient uniquement chez l’homme considérablement
volumineuses, entassées, et généralement de ce que cet entassement
les tiendroit en contact intime, pouvant occasionner la disjonction de quelques
parties des enveloppes immédiates!
Cette manière d’envisager la cinquième paire porte à beaucoup d’autres aperçus
comme à des- rapports plus étendus ; elle peut aussi faire concevoir pourquoi
Willis et Meckel l’ancien considéraient ce riche appareil comme une sorte de
grand sympathique pour la tête, qu’ils appeloient le petit sympathique. Mais ce
n est point ici le lieu d’en dire plus sur cela.
Non moins que les maxillaires, le palais, et l’organe du goût, le canal crânio-
respiratoire est répandu d’un bout à l’autre de la tête ; ses deux ordres de fonctions
sont distincts; il y satisfait également, soit comme siège d’odoration, soit
comme devenant un premier segment de voies aériennes pour la respiration.
Comme canal nasal, il est double dans toute sa longueur ; une lame verticale,
mince et cartilagineuse, le sépare par le milieu. Celle-ci, étendue du sphénoïde
antérieur sur les premiers maxillaires, reproduit, aux dimensions près, ce qui
est, dans le même lieu, moins distinct chez l’homme; savoir, la série du corps
ethmoidal, de la lame du même nom, et d’une troisième partie qui s’atrophie
et se perd dans les lèvres , mais qui grandit et devient un os à part chez les
mammifères à boutoir. Je nomme ces pièces ethmosphénal, rlùnosphénal et proto