que quelles portoient à des proportions exactes, sauf quelques différences qu’y
introduisent les conditions de l’âge et des sexes. Or on sait les tetes des crocodiles
établies sous la figure d’un triangle isocèle : prenant le rapport des longs
côtés à celui de la base, on possède une mesure comparative et d’une utile application
à la détermination des espèces. Ainsi, dans le cas actuel, mes trois crocodiles
se distinguent par les chiffres et la série qui suivent, savoir : le crocodile
vulgaire 2,07, le crocodile suchus, 2,22, et le crocodile de Saint-Domingue, 2,44;
quantités qui ont un diviseur commun , le chiffre 1,00, dont je fais limité de
mesure et que je prends pour l’expression de la base du crâne : de cela resuite
que l’unité exprime la plus grande largeur du crâne, existant et prise a la base de
celui-ci, et que le chiffre 2, plus une fraction, exprime de même la longueur
de la tête; cette longueur mesurée sur une des branches maxillaires. Ces lapports
_z_ _ii-; _ti_; o u , en négligeant les diviseurs, les chiffres 7, 22 et 4 4 » fournissent
une expression caractéristique simple et commode des grandeurs respectives de la
tête à l’égard des espèces.
La queue du suchus est également d’une plus grande longueur; car elle est non
seulement plus longue proportionnellement que celle du crocodile vulgaire, mais
de plus on la trouve accrue dans sa moitié antérieure de deux et quelquefois de
trois rangées d’écailles.
La tête, en tant que resserrée par-tout transversalement, est, en outre, un sujet
d’importantes considérations pour la détermination de lespece suchus ; les maxillaires
sont plus exactement rectilignes , les bords sous-orbitaires sont soutenus
plus verticalement : mais ce qui est sur-tout prédominant et devieht un caractère
exclusif et d’un haut intérêt zoologique, c’est la forme sinueuse du bord sur-auriculaire,
du contour jugo-temporal, aboutissant en arriéré a un angle emousse,
semi-curviligne et rentrant.
Un système de coloration non moins constant et non moins caractéristique
distingue encore le suchus de tous ses congénères ; c a r , au lieu d une grivelure
très-fine et d’un ton plus ou moins rembruni, ce sont en dessus des taches noires
variées de formes et le plus souvent orbiculaires, irrégulièrement disséminées sur
un fond vert. Elles ne sont ni assez multipliées ni assez rapprochées pour empêcher
les teintes générales d’être dominantes; d o u Adanson avoit pris occasion
de nommer sa première espèce crocodile vert du Niger. Les taches de la . queue sont
très-grandes, carrées, et disposées comme les cases d’un damier.
Les écailles sont, i.° les nue haies, petites, au nombre de quatre rangées, en
demi-cercle, et jointes deux à droites et deux a gauche.
2.0 Les Cervicales, rassemblées sur deux lignes, groupées et serrées en écusson:
elles sont grandes, à vive arête, et au nombre de hu it, si l’on comprend dans
ce compte deux fort petites, écartées en dehors et en arrière; les externes delà
première rangée sont assez descendues pour porter un tiers de leur largeur sui la
seconde rangée.
3.° Les dorsales, au nombre de treize rangées : la première se compose de deux
sortes d’écailles, de deux grandes en dehors et d’une petite au milieu ; les rangé«
suivantes, de six écailles à arêtes peu élevées, telles sont principalement les paires
médianes : une ligne d’écailles le long des flancs, écartées et irrégulièrement
espacées, ajoute à ce nombre.
4.° Lei pelviennes, formées de trois rangées de quatre. Ce n’est pas seulement
parce qu’elles se voient au-dessus des membres pelviens qu’elles sont ici distinguées
des dorsales, mais parce que, moins nombreuses, elles commencent une
autre série, sous le point de vue que leurs arêtes externes rompent la ligne des
écailles dorsales, d’une part, par plus de saillie, et, de l’autre, par une situation
intermédiaire à l’égard des arêtes précédentes.
Ç Les sexuo-caudales, ou les caudales antérieures, ayant deux ou trois rangées
de plus que le crocodile vulgaire. J’en ai compté dix-neuf chez le suchus du Nil et
chez un très-jeune sujet provenant du Sénégal, et vingt chez le crocodile vert
d’Adanson et chez d’autres individus aussi du Sénégal.
Or une rangée de plus d’écailles a cette importance, qu’elle nous révèle l’existence
d un segment vertébral de plus. La queue, dans sa première moitié, contient
l’organe péniai en avant, et son muscle rétracteur en arrière. En raison du plus de
volume de ces parties chez les mâles, la queue y est aussi sensiblement plus grosse
a son origine. Ceci explique les formes différentes des écailles sexuo-caudales. Les
dix premières rangées sont formées de quatre écailles à peu près de même grandeur;
les extérieures ont la crête un peu plus élevée; les neuf ou dix autres ran
gees, qui vont s atténuant insensiblement, sont composées d’écailles internes, qui
s atrophient et qui s effacent de plus en plus, et d’externes, qui gagnent en volume
et qui ont des crêtes très-élevées. J’engage à vérifier si la différence entre le nombre
des rangées et celui des vertèbres de la queue ne tiendroit pas à la différence des
sexes.
6.” Les postéro-caudales, ou les dernières écailles de la queue. Elles forment une
série distincte, et ne sont en rapport, à vrai dire, que dans un point avec les antérieures.
Le nombre des rangées est de dix-neuf : mais d’ailleurs ce nombre n’exprime
qu’une seule circonstance dans les rapports communs, c’est d’indiquer celui
des segmens vertébraux ; car les écailles de cette dernière partie de la queue sont
uniques par chacpte rangée ; et comme s’il arrivoit que tous les élémens multipliés
des régions antérieures ne fussent ici que réunis et confondus et qu’ils dussent se
montrer en tendance de reparoître, les arêtes sont beaucoup plus grandes. Et en
effet, 1 unique arête de chaque unique rangée est prolongée sur la ligne médiane
en une crête haute et v iv e , assez longue à la base. La forme de ces dernières
ecail es est celle d’un triangle dont un des bords, le postérieur, est découpé quand
I angle du sommet est réfléchi.
Telle est cette seconde et longue moitié de la queue, dont l’animal, quand il
st a eau, tire parti en 1 ajoutant a ses autres moyens et instrumens de natation
mais quà terre il traîne sur le sol comme une surcharge embarrassante. Tant de
volume pour si peu d’utilité rappelle la queue plus inutile encore de la plupart
es mammifères. Cependant ces appendices se rattachent sous d’autres rapports à
a philosophie de la science : ils se composent de tronçons imparfaits, venant