
Les huit dents du palais ne sont formées que d’une téte large, crenelee sur les
bords, et creuse au centre : les six dents rangées au-devant sont au contraire
terminées en cône.
Celles-ci sont reçues dans la couronne évasée des six dents de la mâchoire
inférieure qui leur correspondent : elles s’y emboîtent avec d’autant plus de précision,
qu’un onglet des dents d’en-bas s’appuie sur leur face antérieure.
Les deux premières dents d’en-bas offrent en outre une particularité remarquable;
c’est une portion conique qui naît du milieu de la tranche, et qui s’élève
parallèlement à l’onglet et plus haut que lui. Il n’y a le plus souvent de vide
entre les dents supérieures que pour loger une seule de ces excroissances; et
alors, ou l’une des deux ne se développe pas, ou le battement des mâchoires en
opère l’usure.
A ces différences dans les dents, en correspondent d’autres dans les os maxillaires
: ceux-ci sont forts et très-larges dans le raschal, et d’une petitesse singulière
dans le raï. Quoique la tête du premier soit plus longue, les pièces osseuses qui
la bordent en arrière .et qui portent les nageoires pectorales, sont plus courtes :
cette différence, discordante au premier aperçu, devient possible, à cause du plus
de longueur du sternum dans le raschal que dans le raï. Les clavicules, au moyen
de cette pièce intermédiaire, n’en sont pas moins appuyées sur les os hyoïdes.
Les côtes sont courtes et flexibles : l’abdomen, qu’elles circonscrivent, est plus
long dans le raschal, qui a vingt-neuf vertèbres ventrales et dix-sept coccygiennes;
les vertèbres qui portent des côtes, sont, dans le raï, au nombre de vingt-trois,
et celles de la queue, au nombre de vingt-une.
Celui-ci a de fausses apophyses tutrices, qui manquent à l’autre ; je les ai décrites
dans le néfàsch, où elles occupent l’intervalle qui existe entre la tête et la
première dorsale.
Le raï est figuré (p l. 4 ) de grandeur naturelle, tandis que le raschal ne l’est
guère qu’à moitié des plus grands individus que j’ai vus.
Le raï se nourrit de vers, d’oeufs, et d’immondices qu’il épluche entre ses dents •
le raschal est plus décidément carnassier, ainsi que ses dents le laissent assez juger.
Enfin je compléterai les renseignemens que j’ai à donner sur ces deux poissons
, en observant qu’on ne les trouve, du moins abondamment, qu’à l’époque
de l’inondation : le raschal est particulièrement un des premiers à paroître, et à
remonter le fleuve quand il est dans son décours.
DESCRIPTION
D U
PALMIER D O UM DE LA H A U T E É G Y P T E ,
o u
C U C I F E R A T H E B A Ï C A ;
P a r M. D E L I L E ,
M e m b r e d e l ’ I n s t i t u t d ’ É g t p t e .
L e Doum croît auprès des monumens de Philte, de Thèbes et de Denderah.
Sa verdure contraste avec la sécheresse des lieux qui l’environnent. En s’élevant
dans les plaines presque stériles qui bornent le désert, il présente un rempart
contre les vents et les sables; et il rend propres à la culture, des lieux qui seroient
abandonnés, s il ne les abritoit. Il reçoit sous son ombre les sensitives épineuses,
qui croissent rarement dans les champs arrosés par le Nil ; et, en se portant du
côté du désert, il contribue à l’agrandissement des terres cultivées. II croît aussi
sur les bords du Nil, et il est commun dans la haute Egypte, au-dessus de Girgeh.
C ’est à peu de distance de cette ville qu’une des îles du fleuve a reçu le nom
d’île des Doum, parce qu’elle produit ces arbres en grand nombre. Au nord de
cette partie de lÉgypte, le Doum devient rare; mais il croît naturellement fort
loin vers le sud.
Il forme, par son tronc rameux, une exception remarquable dans la famille des
palmiers. U s’élève ordinairement à huit ou dix mètres (1), et se partage d’abord
près du sol en deux branches, de chacune desquelles il en sort deux autres qui
quelquefois se bifurquent plus haut. Le tronc a un mètre (2) de circonférence; il
est presque uni, et marqué d’anneaux que les pétioles forment en se détachant du
bois. Ces anneaux, hauts de deux doigts ou davantage sur la première partie du
tronc, sont plus courts sur les branches. Cette diminution provient du ralentissement
de la végétation lorsque l’arhre est vieux. Les branches terminales sont
couronnées de faisceaux de vingt à trente feuilles palmées, longues de deux mètres
ou deux mètres et demi (3). Leurs pétioles ont un peu plus de la moitié de cette
longueur; ils sont demi-cylindriques, taillés en gouttière en dessus, terminés en
(.) Vingt-cinq à trente pieds. (2) Trois pieds. | (3) Sut ou sept pieds.