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Savone. Delà nous vînmes dîner à Savone en J d’heure depuis Albizola
& en s | d’Arenzano, où nous avions couché. Savone eft afTez con,
nue par fon p o r t, fes palais , fes églifes : elle me plût fur-tout par
fes jardins & par la beauté de la végétation dans fes environs.
De Sa- §• 13 6 6 , E n fo r ta n t d e S a v o n e , o n fu it u n b e au c h em in h o r iz o n ,
vone a la ta j p r a t iq u é le lo n g d e la m e r ; mais à c in q q u a r ts d e lie u e d e la v i l le ,
montagne r n , . , . , , i .
de St. Ste- on commence a gravir la pente rapide d une montagne couverte de
phan°.h pins maritimes. Cette montagne eft compofée d’un fchifte micacé,
micacée rougeâtre? dont les feuilletsfouvent tortueux, renferment çà & là,
avec des deg lentilles quartzeufes, dont quelques - unes ont plulieurs pouces
titulaires!1" diamètre, fur un ou deux d’épaiifeur, On en voit qui paroiifent
moulées dans les finuoiités des veines qui les renferment. Ce fait pour-
roit bien , s’il étoit encore nécelfaire, prouver que ces noeuds ont été
formés en même tems que les fçhiites où on les trouve.
C e quartz çft demi-tranfparent, & a un peu l’oeil de la calcédoine.
C es roches, d’abord peu inclinées , deviennent enfuite verticales &fe
colorent en rouge de rouille. On les trouve auffi dans quelques endroits,
tendres, terreufes & comme argilleufes ; & là , leur couleur
eft brune, ou d’un brun rougeâtre. En général leur direction & leur
inclinaifon varient; cependant celles qui font verticales marchent pour
le plus fouvent de l’Eft à l’Queft,
Schiftes Après avoir monté cette montagne pendant une petite demi-heure,
terreux :e r e n c o n t;rai des morceaux de ce fchifte , d’un rouge très-vif; ces
d un beau 1 j •
rouge. morceaux font fibreux, légers, friables ; ils tachent les doigts comme
de la fanguine. On en voit dont les feuillets font entièrement oblitérés
; d’autres, où on les diftingue encore. On y reconnoit, à l’aide
de la loupe/quelques grains blancs extrêmement petits, que leur fuü-
bilité au chalumeau-fait reconnaître pour du feldfpath : les autres parties
de la pierre fe changent en feories, les unes grifes qu brunes,
les autres noires. Cette fubftance ne fait aucune effervefcence avec l’ef-
prit de nitre, & n’y perd fa couleur qu’après plufîeurs jours de digef-
tion. Je ne doute donc pas, que broyée convenablement, elle ne pût
fervir dans la peinture.
Nous continuâmes de monter pour palier la montagne qui forme
le promontoire de St. Stephano, dont les bords efearpés ne permettent
pas de fuivre les contours ; & au plus haut du paffage & même
encore au-delfous, je vis les fchiftes micacés ; mais là , ils ne font plus
ni colorés, ni décompofés.
g. 1366. Bientôt après nous rencontrâmes des couches de pierre
calcaire, compacte & bleuâtre ; & comme depuis long-tems nous n’en
avions pas v u , je m’arrêtai pour chercher leur tranfition avec les
fchiftes micacés qui occupent le haut de la montagne.
Je trouvai un fchifte dont l’afpeft eft rougeâtre & un peu terreux
par dehors, dont la calfure eftfchifteufe , un peu écailleufe & grenue,
d’un gris verdâtre, un peu brillant, un peu translucide fur les bords,
quand la pierre eft féche, mais devenant toute translucide & d’un verd
clair quand elle eft mouillée. Elle donne du feu contre l’acier & fe
fond au chalumeau en une feorie verte & un peu bulléufe ; fon odeur
eft peu ou point terreufe ; jè la regarde donc comme un fchifte corn-
pofé d’un mélange fingulier de feldfpath & de mica.
20. U n fchifte de mica b rillan t, tendre & à peu près pur.
3°. U n fchifte de couleur fauve, luifant & doux au toucher , fem-
blable à celui du §. 1000.
4°. Un fchifte a rgilleux, gris bleuâtre, un peu luifant, qu’on pren-
droit à l’oeil pour de la pierre calcaire1, mais qui ne donne que quelques
petites bulles dans l’eau fo r t e , & qui fe fond, quoique avec
peine, en une feorie grife.
Tranfi-
tion entre
les fchiftes
micacés &
la pierre
calcaire.