Doutes
fur la température
du globe.
courant que produit l’air qui rentre dans les cavités foutcrraincs
La. montagne qui domine ces caves eft calcaire : elle a Tes couches
efcarpées contre les caves & contre le Nord. Son nom eft Henq, fotl
pied s avance dans le lac de Lucerne, où il forme un promontoire-
c’eft une des bafes du mont Pilate, dont il fait partie. M. Pfyffeh me
dit que le lac eft très-profond auprès de ce rocher.
Âu refte, il paroit que le vent froid fort là de plufieurs endroits;
car au pied de la montagne, dans les envir-ons, par-tout où on écartoit
la terre qui recouvrait les débris du rocher, on fentoit à la main le
.vent froid qui en fort..
§. 1412. V o il à donc des exemples bien répétés & bien variés d’une
température plus froide que celle à laquelle on a donné le nom de
tempoe, & qui regne au milieu même de l’été , foit au fond des lacs,
foitau milieu des terres. J’avouerai franchement, que d’après ces obfer-
vations, je vins a douter de la réalité de cette température moyenne
que 1 on attribue a la maife entiere du globe ; je penfai que peut être
V it a l ia n o D o n a t i fe ferait trompé, en aflurant que le fond de la mer
etoit a 10 degrés du thermomètre, & qu’il auroit été induit en erreur
par des thermomètres trop aifément affeétés par la chaleur des eaux
voifines de la furface qu’ils traverfoient en revenant du fond ; & que
la température de la mer, fi elle étoit éprouvée par des moyens fem-
blables a ceux que nous avons employés dans 110s lacs, ne fe trouveroit
pas fupérieure à la leur,
Ce fut pour vérifier d’une maniéré bien certaine un fait fi important
pour la théorie de la terre, que je pris tant de foins pour conf-
truire un thermomètre qui pût me rapporter fidèlement la température
du fond de la mer : & en partant pour Gênes, je penchois fortement
a -croire que je trouverais le fond la mer fort au-delTous du tempéré.
§. 141J.
§. 1413. La théorie me. fournifloit aufti des argumens favorables à Raifoncfs-
ces doutes. En effet, à moins que l’on n’admette avec Defcartes & *o=°£,ee \
Leibnitz que notre terre eft un petit foleil encroûté, ou avec M . de ces doutes.
B u f f o n qu’elle eft une éclabouffure de notre foleil, ou qu’on ne
fuppofe dans fon fein quelqu’autre principe de chaleur, tout aufti
hypothétique & tout aufti gratuit ; il faut bien reconnoître que la chaleur
de notre terre n’a d’autre fource générale & confiante que celle
du foleil, & que fans l’aflion de cetaftre elle feroit une mafle glacée
jufques dans fon centre. Or , quelle certitude avons-nous que cette
chaleur puifle pénétrer jufqu’au centre de la terre ; ce n’eft pas la théorie
du feu qui nous la donne, cette certitude.
C ar la théorie nous enfeigne que le feu ne pénétre les corps qu’en
les dilatant, & que les parties des corps réfiftent à cette dilatation,
par leur inertie & par leur cohérence. Il fuivroit de là, qu’à mefure
que le feu ou le calorique pénétre une mafle quelconque', la réfiC-
tance continuelle que lui oppofent ces deux forces devroit diminuer
graduellement fon adion. Ainfi en fuppofant que , fuivant l’opinion
reçue, l’adion du foleil entretienne à la profondeur d’environ
80 pieds, une chaleur d’environ dix degrés r l’adion de cette chaleur
ne devroit pas fe propager uniformément jufqu’au centre de la terre ;
mais elle devroit au contraire diminuer graduellement fuivant une pro-
greffion qui nous eft inconnue ; & ainfi le centre de la terre feroit le
point le plus froid du globe. Le froid du fond de nos lacs feroit une
conféquence naturelle de cette théorie, & quant aux mines profondes
où l’on trouve de la chaleur, les minéraux fufceptibles de fermentation,
& dontl’exiftence ne fauroit être révoquée en doute, en donneraient
une explication fuffifante.
Le s expériences que j’ai faites arec M . P i c t e t , a Nice & a Porto- .
Fino, ont un peu dérangé ce fyftême, en montrant au fond de la mer
une chaleur fupérieure même au tempéré. On pourroit cependant encore
éluder la conféquence de ces expériences’, en fuppofant qu’il exifte
E e