C A I L L O U X
Origine O n demandera maintenant fi tous ces cailloux font des fragments
?*u“ s des rochers du haut Dauphiné où la Durance prend fa fource. Je
répondrai par la négative : quelques-uns fans doute en viennent ; JVI,
de Fau jas dit qu’il a trouvé auprès du village de Servieres , les rochers
d’où viennent les variolites. Mais plufieurs de ces cailloux Ont été
tranfportés d’ailleurs & par des routes différentes. Les grandes révo.
lutions du globe ont charrié & dépofé des cailloux de différents
genres, dans les vallées & dans les plaines que traverfe la Durance;
ce torrent à entraîné les fables & les terres qui étaient mêlés avec
ces pierres, les a mifes à découvert,& les a enfuite roulées,,tranf.
portées & mélangées.
§. 1541. E n cherchant ces cailloux, je-remontai la Durance jut
qu’auprès delà Chartreufè de Bonpas, fituée fur fa rive droite au
pied d’une colline; cette colline n’eft compdfée que de bancs dé grès
tendres, dont on voit en divers endroits les tranches Coupées au.
dçlfus de la çhartreufe,
D Pe !a , . §. i f 42, L es trois-quarts de lieue qui fêparent Avignon des bords
Avignon, de la Durance, font une plaine extrêmement fertile & bien cultivée.
On ne voit là aucun caillou roulé ; le limon que le Rhône,' dans lès
grands débordements, a dépofé fur ces terres les a nivelées & ferti-
lifées, en recouvrant les pierres que les anciennes révolutions ayotenC
charrié là , comrne fur les autres plaines de çe pays.
Beadpoînt §• 1 Î43- On connoît la fituatiôn de là ville d’Avignon, ïes fuper-
4e vue. fies pmbrages qui. l'entourent, fur-tout du côté pu Rhône, mais,(ce
qui m’a frappé le plus ,'c’eft la vue dont on jouit du haut" dû rocher
calcaire fur. lequel eft bâti1 le château- On ^ là," fous fes pîèds le
Rhône, qui', divife. en" plufieurs bras 'tortheux\.’'formé "on_nombre
d’isleS couvertesd’arbrès' & de*la plus béllè Verdure." ILfemhlè que c?
fgut plufieurs rivières, qui ici fe réuniffent, là fe réparent pour fe
Char-
tieufe de
Bonpas.
rejoindre encore, & s’entrelacer de mille maniérés différentes. On
découvre au Couchant des plaines cultivées à perte de vue, & à leur
e n t r é e 'la ville de Villeneuve, qui, fituée fur la rive efcarpée du
Rhône forme un effet très-agréable : à l’Eft les Alpes de la Provence,
& au Midi la ville d’Avignon, dont on embraffe toute l’étendue ; fes
beaux quais, fes belles promenades, & le bac du Rhône, qui dans
un beau jour de fête fourmillent de monde, & font encore animés
par le fon du tambourin & par les danfes gaies de la Provence.