G lai fe
durcie.
n o s U P E R G U E. | Chip. X I
C e feldfpath différé du commun en ce qu'il a un oeil décidément
gras, plus translucide que la plupart des feldfpaths communs; là caffure
ne donne que rarement des. indices de fa forme lamelleulè ; fes
lames, quand on les diftingue, ne font pas droites, mais fouvent convexes
, enforte que prefque toutes fes caffures fe préfentent foüs une
forme conchoïde & avec un éclat fcintillant. D’ailleurs, il eft beaucoup
plus dur que le commun, ne fe laiffant point rayer par une forte
pointe d’acier trempé. Sa fufîbilité eii suffi moins grande; je n’ai pu
en fondre au chaiumèau que des globules de 0, 2, tandis que le
commun en donne de o , 3, D’ailleurs, il fe fond en un verre bulleux
& fans çoideur, comme l’efpeçe commune.
Il eft curieux de voir réunir dans la même pierre & fbus 'des couleurs
très-différentes, ces deux elpeces.de même genre.
§. 1304. D. Je ne décrirai plus qu’un fragment, qui me fournira
l’occafion de déterminer les caractères diitinctifs delà cornéenne vake
{)vakke de Werner) & de la glaife durcie ( verbarteter thon du même
auteur. ) Ces deux genres fe diftinguent très-bien lorfqu’on en a fous
les yeux des échantillons bien caractérifés ; mais ils fe confondent aifé-
jnent dans les deferiptions, fur-tout quand on s’en tient ftridemént
aux caractères extérieurs proprement dits. En effet, l’un & l’autre a
une caffure matte, plus ou moins inégale, s’approchant plus ou moins
ou de la terreufe ou de l’écailleufe ; enfin, l’une & l’autre eit tendre
& a l’odeur d’argille. Cependant la glaife durcie a un tiffu plus inégal,
plus groffier, plus décidément terreux , & dans lequel on peut prefque
diftinguer les grains de la terre. Enfin, elle happe , quoique quelquefois
imperceptiblement à la longue, ce que ne fait pas la vake.
M ais les caractères phyfiques donnent des diftinétions plus tranchantes.
La vake agit, & même affez fortement, fur l’aiguille aimantée
, çe que ne fait point le glaife ; elle eft affez fufible & en un émail
n,oir & opaque ; tandis que la glaife fe fond avec plus de peine , en
PU verre d’un gris verdâtre, demi tranfparent.
La glaife durcie que j’ai trouvée à Supergue eft d’un violet brun &
parfaitement caraâérifée-
§. 1304. E. Le corps même de la montagne eft compofé de cou- Nature
ches alternatives de fable, d’argiiïe & de pierre calcaire argilleufe. Les
bancs de cette pierre font plus folides vers le bas que vers le haut de Supergue-
la montagne. Tous ces bancs , ou au moins la plus grande partie
d’entr’eux , defeendent du côté du Nord. Leur inçlmaifon varie; je
l’ai vue en divers endroits de 45 degrés, mais fouvent auffi moins confi-
dérable. Les couches de fable du haut de la montagne renferment une
grande quantité de cailloux roulés. Mais les couches- calcaires folides
que l'on voit vers le bas n-’en renferment point, du moins n’ai-je pu
en découvrir aucun, & cela prouve qu’elles qut été formées avant la
débâcle qui a charié fur cette montagne le fable & les cailloux. En
revanche, on y trouve des débris de coquillages marins, & fur-tout
de bivalves. J’ai obfervé aufli des coquillages de la même claffe dans
des couches de cette même montagne, qui font compofées d’un fable
jaune aglutiné ; j ’y ai trouvé errtr’autree un fragment d’huître , qui avoit
encore la fraîcheur & le brillant de la nacre.
On trouve encore dans ces mêmes couches des éthites ou des pierres
dont l’intérieur eft vuide; les unes, brunes ferrugineufes, les autres
blanches calcaires.
§. 1,303. L a vue que Pon a du haut de Supergue , foît de la plate- Vue dfe-
forme qui eft au haut de l’églife, foit de la galerie qui eft au-deffus
de la coupole, eft une-des, plus belles que je connoiffe. Les Alpes-
préfentent de là l’afpeét le plus magnifique ;, on les voit flanquées fur
la gauche par l’aigue pyramide du Mont-Vifo ;Jur la droite par les-
hautes & larges maffes du Mont-Rofa; & dans l’intervalle une foule de:
'cimes neigées,, dont les formes & les hauteurs préfentent la plus riche:
variété.
On eft bien pofté là pour vérifier ce que je difois dans le chapitre: