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Derniers C e t t e riviere roule encore des fragments de bafalte; le pont en
couîi*eS Pav® en Partie» on en v0‘t k l°ng du chemin jufqu’au village
de Beauchàtel, près du confluant de cette riviere avec le Rhône ; mais
dès-lors, je n’en ai plus retrouvé fur cette route.
Be au cha t e l eft aufli le dernier endroit du côté du Nord, où j’aie
vu en pleine terre des oliviers fur cette route. Ce village eft fitué
fur un angle Taillant d’une montagne. Après’ qu’on l’a paffé, le chemin
ferré contre cette montagne, eft perché fur une corniche affez
élevée & aflez étroite. Là même, & avant d’y arriver, on voit quelques
couches de roches quartzeufes noires, dures, luifantes, aflez
femblables à celles de St. Jean auprès d’Hyeres, §. 1483.
A 1 f minutes de Beauchàtel, on rencontre des roches granitoïdes
d’un blanc jaunâtre, & une bonne heure après, on paffe au village
de Charmes.
Couches §• 1614. Peu après avoir paffé Charmes, au-delà d’un petit vallon,
donMa^fi P*erre calcaire reparaît au jour, & fes premières couches font en
tuation eft pente douce, tournant le dos aux dernieres primitives. Ce phéno-
remarqua- mene eft contraire à la réglé générale, mais il s’explique par la nature
de fes couches. Les premières font d’une breche grofliere, compofée
de fragments plus ou moins arrondis par le frottement, & tous de
la même efpece de pierre que les couches inférieures. Celles-ci font
compades & fans mélange de fragments ; on rencontre près de - là
une carrière où on.les exploite.
J’ai fait voir ailleurs que ces fortes de breches calcaires ontl'été
produites peu avant la derniere révolution de notre globe, &
dans le moment où le grand Océan commençoit à s’ébranler pour
abandonner notre continent. Fdles font donc d’une formation incomparablement
plus récente que les roches primitives de Beauchàtel, &
n’ont point eu celles-là pour bafe. mais elles ont été formées à part &
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indépendamment d’elles. Il n’eft donc point étonnant que leur fitua-
tion n’ait aucun rapport/avec celle de ces roches.
§. 1615-. L es roches calcaires continuent jufqu’à Soyon, à demi- soyorn.
lieue de Charmes. Le village de Soyon eft fitué au bord du Rhône ,
fous un rocher calcaire , coupé à pic à une affez grande hauteur. Nous
y dînâmes, & quoique nous fuflîons dans la meilleure auberge , il n’y
avoit aux fenêtres ni vitres ni chaflis ; l’hôte nous dit qu’il n’etoit
pas fi dupe que d’en faire la dépenfe, parce que les voyageurs des
coches d’eau qui s’arrêtent chez lui,caffent dans leur gaieté les vitres
fans les payer. L’air étoit fi froid, quoique ce fut le 9 mai, que nous
fûmes obligés de coller du papier dans la chambre ou nous, dmames.
A cela près, nous ne fûmes pas mal.
P r e sq u ’e n fortant de Soyon, on voit que les montagnes inferieu- ^
res, du côté du couchant, ne font plus de la même nature ; & brique
le chemin s’approche d’elles, on reconnoit que ce font des gres tendres
en couches horizontales.
Mais les fommités plus hautes & plus eloignees du même cote, iont Cruffol.
toujours calcaires & très efGarpées contre 1 Orient. On voit de loin
fur une crénelure efcarpée d’une de ces hautes montagnes, le château,
ou plutôt les ruines du château de Cruflol, dans ta fituation la plus
extraordinaire. Au pied de ces efearpements eft une petite plaine dans
laquelle on Fait tomber des rochers , que des tailleurs de pierre travaillent
& équarriffent à mefure.
g. i6i6. A une lieue & un quart de Soyon, la grande route Iaiflè a p<tray.
fe gauche le village de St. Péray, fitué dans une jolie plaine entourée
de coteaux couverts de vignes, dont les vinj blancs font fort eftimes.
Les montagnes de ce village, au Nord, paroiffent primitives. Toutes les
pierres détachées que fon voit vis-a-vis d’elles le long du chemin , & dans
les murs qui le bordent, font de beaux granits gris à grands cryftauxde