226 T EMP É R A T U R E A DE G R A N D E S
E nfin , lorfque je fuis venu à traiter ce chapitre, j'ai réfolu de ne
plus attendre & de faire faire, auprès de chez m o i , un grand trou
uniquement deftiné à cette expérience.
Le moment même m’a paru favorable après une faîfon auffi marquée
par fa chaleur & par fa féçhereffe que l’été de 1791,
Il étoit intéreffant de favoir à quelle profondeur avoit pénétré cette
chaleur extraordinaire.
J’ai choifi, pour faire ce creux, un champ de ma campagne de Conche
qui eft fitiiée au bord de l’Arve, à f de lieue au Sud-Eft de Geneve..
Ce champ fait partie d’un plateau élevé de 91 pieds au-deffùs de la fur-
face moyenne des eaux de l’Arve en été, & à ai y toifes au-deflus de
de la mer. Rien ne le commande à une allez grande diftance.
La terre de ce champ, jufqu’à la profondeur de 50 'pieds où je fuis
parvenu, & même vraifemblablement plus bas, eft une argille extrêmement
compacte> qui renferme çà & là des cailloux & du gravier,
non point par. lits, mais difféminés & empâtés dans la fubftance de
l’argille.
P our juger de l’influence que les. variations de l’air extérieur exer-
ceroient fur l f f premieres couches de la terre pendant le cours de
mon expérience, je fis faire dans le même champ, 4 2 0 pieds de diftance
de mon creux , un trou de 3 » pouces de profondeur, & d’ua
pouce & un quart de diametre, & j’éprouvai de tems en tems, fuivanfe
mon p ro céd é, la température de la terre à cette profondeur;
Du 9 au 12 d’odobre, cette température fut prefque fans variation
de 12°, 6; on peut donc regarder sûrement ce degré de chaleur comme
celui qui régnoit alors dans ce genre de terrein à la profondeur de 30
poucev
Eu creufant plus profondément je trouvai que la chaleur alloit en
croiflant jufqu’au quatrième pied, où elle étoit a 12, 7 y. Elle continua
uniformément a ce terme jufqu’au 7me- pied, & au - delà du 7me. elle
QOiuiiicnÇci ci décroître} je trouvai >
Le 10 d’odobre, à 9 pieds, 2 pouces, 1 2 , 30 degrés.
Le 12 h i - - no p. . . 7 p. • - 11 * 9°-
Le 14 . • • • H P- • • 9 P- • • 10 » 7°-'
Le 15 • • • • 18 p. • • i° P- • - 9 > 7G
Le 16 . . - . *9 P- • - 8 P- • < 9 > éo.
En continuant de creufer au-detTous de 20 pieds, je trouvai la température
déplus en plus froide; à 26 pieds 4 pouces, elle étoit de 8, 8-
Mais je ne puis pas compter fur l’exaditude de ces dernieres expériences
, parce qu’on rencontra une couche , ou le gravier empâté d ar-
gillè forme une maffe fi dure & fi compade ,' qu’on ne pouvoit avancer
qu’avec une extrême lenteur. Puis il fur vint des pluies froides qui
refroidirent le fond du creux, & qui durent influer fur les couches
inférieures ; c’eft une expérience à répéter dans une autre faifon.
§. 1421. M a is pour fuivre ces expériences avec plus de facilité, j’ai établi Autre
l ’appareil que je vais décrire. Après avoir conduit mon creux jufqu’à la aux
profondeur de 29 pieds | , avant d’y rejeter la terre que j’en avois for-mêmes re-
tie, j’y ai placé verticalement un cylindre de bois , percé fuivant fa chero es*
longueur d’un trou de 1 pouees \ de diametre, & fermé par le basXe
tuyau forme ainfi une efpeçe de puits de 29 pieds fix pouces de profondeur.
Trois cylindres de bois folides, unis par des anneaux de fer,
rempliffent toute la capacité de ce tuyau , n’ayant de jeu que ce quil
eu fautpour qu’on puiffeles retirer & les enfoncer fans trop de difficulté.
C e s cylindres conftruits comme le piquet du §. i 4 >9 , portent des
thermomètres noyés dans leur intérieur à différentes hauteurs ; 1 un à
*i p. a p. 6 lign. de la furface ; l’autre à «1 p. 1 p- 6 lign. ; le troi-
* 6 F f z