C H A P I T R E V.
G L A C I E R D E L ’ O B E R A A R.
Nuit §■ 1700. C e t t e excurfion eft de mon dernier voyage, du 11 juillet
du femeux 1733. J’étois arrivé la veille un peu malade à l'Holpice du GrimfeL
*7*j: * ‘ Le lit que m’offrirent mes hôtes., dans une chambre empeftée de l’odeur
du vin & du fromage, nie caufa tant de répugnance, que je préférai
d’aller coucher fur le foin. Je m’en trouvai fort mal; ce foin quifer-
mentoit, me donna un mal de tête affreux, je fus obligé de me lever
& de pafTer à l’air une partie de la nuit ; mais j’ai été enfuite fort content
de n’avoir pas mieux dormi. Cette nuit du 10 au xi juillet ,fera
à jamais mémorable dans notre pays, par le terrible orage & par les
tonnerres qui éclatèrent prefque fans interruption. Perfonne ne paffa
la nuit dans fon lit, chacun fe tenoit prêt à fuir, croyant à chaque
inftant , voir écrafer ou embrafer la maifon qu’il habitoit. Sur le
Grimfel, la nuit fut calme & fereine ; cependant lorfque je regardois
au Couchant, du côté de Geneve, je voyois â l’horizon quelques bandes
de nuages & des éclairs qui -en fortoient, mais je n’entendois
abfolument aucun bruit ; ils reffembloient à ceux qu’on appelle communément
des éclairs de chalenr, & que le peuple croit n’être pas
accompagnés de tonnerres. Francklin avoit combattu ce préjugé,
& cette obfervation vient bien à l’appui de fon opinion.
Boute de §• ryor. E n partant de l’Hofpice pour aller au glagier d'Oberaar,
l’Qberaar. ou ¿g la four ce fupêrieure de i Aar, je pris pour guide Ulrich Mez-
zener, le fils de l’Hofpitalier. Il me fit d’abord fuivre la route qui conduit
au glacier de Lauteraar, mais en côtoyant la chaîne méridionale
D E L’ O B E R A A R , Chap. V. 474
des montagnes qui bordent la vallée pierreufe qui conduit à ce glacier,
§. 1692. Après trois quarts-d’heure de marche, je paffai fous une
avalanche de blocs énormes de granit qui s’étoient écroulés enfemble
pendant l’hiver de 1780.
A demi-lieue de là, nous changeâmes de diredion , & nous commençâmes
à monter obliquement pour gagner le haut d’un vallon qui
eft fitué au pied du Zinckenftock, montagne où font les fours à cryftal
de Lauteraar, §. 1697. Arrivé dans ce vallon, je remontai le torrent
de l’Oberaar qui y coule-
§. 1702. En paffant ainfi le long du flanc du Zinckenftock, j’ad- Structure
mirois les affiles parallèles & prefque horizontales, dont il paroifToit
compofé, & qui formoient comme autant de grandes marches, fépa- kenftoek.
réespar des repos couverts d’herbes & d’arbuftes.
§. 170J. C ependant je diftinguai au pied de cette montagne des Roche
couches minces d’une rofche feuilletée qui eft grife, tendre, mélangée ^
de quartz, de mica & de pierre de corn e, Hornblende Schiefer. Ces
couches font prefque verticales ; elles courent du Nord-Eft au Sud-
Oueft, en s’appuyant un peu contre le Zinckenftock, au Nord-Oueft.
De femblaibles couches co noient fous, nos pieds dans la même
direction. Ce fait confirme encore ce que j’ai fou vent obfervé, que
divèrfes vallées ont été déterminées par la molleffe des rochers dont
elles occupent la place.
§. 1704: E n montant toujours dans la même diredion, j’arrivai au ]g
haut d’une arrête qui domine la vallée dans laquelle eft fitué le gla- danS la val-
cier d’Oberaar, vaHée fituée derrière le Zinckenftock, & à peu près lee d’Obe-
parallele à la vallée du glacier de Lauteraar. Cette arrête, fur laquelle
j’étois, fe prolonge au milieu de la vallée du glacier de l’Oberaar. Elle
eft compofée des mêmes feuillets] verticaux que j’ai décrits, dont la
diredion eft là de l’Eft Nord-Eft à l’Oueft Sud-Oueft, précifément la
même que celle,que préfente là la vallée du glacier.