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plu-viales le détruifent bien loin de le produire. Ces cailloux ont donc
été agglutinés jen forme de poudingue par un dépôt des eaux de la
mer, & dans le temps où ces eaux ont été chargées de ce dilTolvant
qui, fuivant l’ingénieux fyftême de M. deDüLOMiEü, leur donnoit le
pouvoir de foutenir une grande quantité de matières qui fe précipitaient
ou fe cryftallifoient au fond de leurs réceptacles.
rifcie1" % ’ 598 M a i s , je crois de plus qu’il faut revenir à la fuppofition
q u a r t z dé- ffue Je §• 1 f 51 - C’eft qu’il y a eu dans ces plaines des montatruites.
gnes de quartz ou de grès dur, qui ont été détruites par la derniere
révolution. Car puifque la plupart des cailloux de ce grès que l’on
trouve;à la Crau , font plus gros que ceux que l'on trouve plus haut
dans la vallée du Rhône, on ne peut pas lüppofer qu’ils aient été
détachés des mêmes montagnes. En effet, les plus gros débris.font
toujours les plus voifins de leur fourcei & ils diminuent graduellement
de volume à mefure qu’ils s’en éloignent.
Trou- ; §. iy j j . On fait que cette plaine, malgré fa ftérilité , nourrit pen-
Crau? 6 adant 7 à 8 mois dè l'année près de 4 cent mille moutons, qui
dans la belle faifon vont en 20. ou 30 jours de marche paître l’herbe
fine des hautes Alpes de la Provence, & paffent ainii toute leur vie
en plein air. ■
I l fa u t lire d a n s l’o u v ra g e d e M, D a r l u c , l’in té re ffa n te h ifto ire
d e ces é m ig ra tio n s , d e la vie d u re & fa u v a g e d es b a ïle s o u b e rg ers
•q u i c o n d u ife n t c e s .tr o u p e a u x , & les d é ta ils d u g o u v e rh e n ie n t ré p u -
•b lic o -m o n a rc h iq u e , q u e fe fo n t fa it à e u x -m ê m e s ces b e rg e rs to u jo
u r s fé p aré s d u re ftè d es 'h u m a in s, j
St.Martin-' Nous.mimes près de quatre heures à traverfer la partie de cette
du Crau. r.pjâine, qui s’étend de Sâllon au.villâge de St. Martin. Il eftiivrai que
comme je fis à pied lai plus grande partie de la route, je retardai un
peü la voiture. Çe village., entouré d’arbres & de terres cultivées,
D E L A C R A U ,C h a P. X X X I V , 40}
forme une efpece d’isle dans la plainé déferte de la Crau, car on
retrouve encore les cailloux au-delà de ce village. Ce n’eft qu’en approchant
d’Arles, qui eft à deux lieues de St. Martin, que l’on perd de
vue ces curieux, mais triftes veftiges de la retraite du grand Océan.
S. i 6oû. D em ie heure avant d’arriver à Arles, près des moulins du , Co,lme
° / “ U Pont
pont de C rau , le chemin coupe des collines compofées de cailloux Crau.
roulés, mais d’un tout autre genre que ceux de la Crau. Premièrement
ils font beaucoup plus petits, enfuite c’eft le genre calcaire qui
y domine, & qui en forme prefque lès neuf dixièmes. C’eft même
une pierre calcaire affez remarquable , en ce qu’elle eft peu dure, jaunâtre
& d’une nature marneufe, qui fait que l’adion de l’air & de
l’eau lui fait perdre fa cohérence, & la rend même fouvent friable. Des
morceaux Je cette pierre plongés dans l’acide nitreux y. font une vive
effervefcence & y perdent toute leur dureté, mais ils y confervent
leur forme. On voit auffi parmi ces pierres marneufes, mais rarement ,
quelques graviers de quartz, de grès & de petrofilex. L’origine de ces
Collines eft donc bien différente de çelle de la Crau.
§, 1601. Immédiatement avant d’entrer à Arles, on traverfe un Bancs
plateau élevé, couvert de moulins à Vent, & excavé - par un grand
nombre de carrières. C’eft une pierre calcaire, dont les couches dou-les.
cernent inclinées montent au Sud-Sud-Eft. Cette pierre, ici jaunâtre,
là d’un gris blanchâtre, eft compofée de gros grains de fpath calcaire
lamelleux, confùfément cryftallifé, & ne renfermant point de coquillages.
Mais on y trouve quelques couches, & même des filons d’une
autre pierre calcaire très-tendre, poreufe, femblable à un tuf, qui eft
remplis de coquillages, & fur-tout de coraux blancs, les uns ftriés,
d’autres pointillés, d’autres liffes. J’ai cru auffi y reconnoître le fom-
met d’un lépas polygone.
§. 1602. Nous eûmes le plaifir de voir à Arles le P. D u m o n t , Arles,
minime, qui avoit entrepris la defcription des antiquités de cette
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