CAteau
de Mont-
mélian.
Fort de
Montmé-
Jian.
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C e qui prouve que ces ébouleniens font d’une date poftérieure aux
grandes révolutions de la terre, c’eft qu’on ne trouve ni dans ces monticules
, ni à leur furface, ni entr’eux , aucun caillou d’origine étrangère
; tandis qu’au-delà des abîmes, par exemple , fur la colline au Sud
du village de Mians , on trouve une quantité de cailloux d’origine
alpine. J’ai parcouru ces abîmes en 1790, dans le but de cette recherche
, & je n’y ai trouvé que des fragmens à angles vifs de pierres
calcaires & de pétrolilex fecondaires formés dans ces pierres. Ces
calcaires étoient les unes denfes, renfermant fréquemment des débris
de coquillages ; les autres grenues ou falines;,: n’en renfermant aucun.
Ces dernieres fe trouvoient quelquefois adhérentes à des couches de
pétrofilex.
§. 1182. A une lieue de Chambéry , on laiffe à fa droite la grande
route qui conduit à Grenoble par la vallée du Grailivaudan : on paffe
enfuite fous le coteau de Montmélian, dont les vins font très-eftimés
ea Savoie. Le fond de ces vignobles eft tout de débris calcaires anguleux
; on n’y voit prefque point de terre.
L a montagne qui domine ces vignobles, & de laquelle tombent ces
débris fe nomme la , Tuile elle eft remarquable par fes couches en forme
d’S ; & lorfqu’on la voit de plus loin ; par exemple , du Fort de Mont_
mélian , on y obferve des formes de couches encore plus fingulieres.
abimes , étoient fubitement arrêtés par l'image
de Notre-Dame. I/un d’eux crioit
aux autres : Pouffez jufques à Chimay,
village de l’autre côté delà vallée, & ceux-
ci lui répondoient : Ne voit-tupas Notre-
Dame de Mians qui nous en empêche. Ces-
mots étoient écrits fur des banderolles qui
fortoient de leur bouche.
Quant à la date de l’événement, les hif-
toriens ne la donnent pas avec précifion j
mais une perfonne digne de foi m’a dit avoir
vu un mifîel très-ancien-, appartenant à la
maifon de Mont-Saint-Jean , & renfermant
une note manufcrite , qui contenoit en
fubftance : Que l’an 1249, & vigile
,3 de Sainte Cathérine, à l’heure de minuit
,3 fe formèrent les abimes de Mians , par
w l’ébouiement d’une partie de la montais
gnc ) anéantit le prieuré qui étoit en
33 bas, avec plufieurs villages d’alentour. n
D E M A U R I E N N E y Chap. 1 V. 19
Ce Fort qui a joué un grand rôle dans les anciennes guerres de la
Savoie, étoit conftruit fur un roc calcaire,ifolé,dont les couches qui
montent au nord font coupées à pic au nord & au couchant.
On a du haut des ruines du Fort un des plus beaux points de vue
que l’on puiflfe imaginer. On fuit le cours de l’Ifere depuis Conflans juf-
qu’au fond de la vallée du Grailivaudan ; on voit cette riviere ferpen-
ter dans fon large lit, bordé au Sud-Eft par les Alpes, & au Nord-Eft
par les montagnes de la grande Chartreufe. Celles-ci viennent fe terminer
au Mont-Grenier près de Chambéry, & font toutes efearpées
contre les Alpes. Le Fort Barreau & le Château des Marches, fitués fur
des éminences , décorent le payfage, & les yeux fe repofent avec plàifir
fur la plaine fertile & bien cultivée qui s’étend au nord du côté de
Chambéry,
A u t r e fo i s la route de Turin defeendoit au bord de l’Ifere, en paf-
fant par l’étroite & rapide rue qui forme la petite ville de Montmélian
; mais on a pratiqué un beau chemin au nord de la ville, par
lequel ou arrive à la pofte qui eft au bord de la riviere. Le bas de la ville
eft élevé de 139 toifes au-deifus de la mer. Là, on traverfe I’Ifere fur
un grand pont de pierre, puis on monte par une pente rapide au
village de Planèfe, Du haut de cette pente on a encore une vue charmante
fur le cours de l’Ifere & fur la belle valléelqu’elle arrofe.
§. 1183. A une petite lieue au-delà de Planèfe , j’obfervaidans mon ^rem!e,-
premier voyage en Italie, en 1772, une carrière d’ardoifes, Tbonfchiefer fes.
de M. "Werner, que l’on avoit ouverte au milieu d’une prairie, &qui
eft actuellement comblée. Ces ardoifes étoient les premières que l’on
vit fur cette route ; car jufques-là tout eft calcaire : les montagnes ’
même qui bordent cette partie de la vallée, au moins celles au levant,
font Purement calcaires ; mais vraifemblablement, ces ardoifes paffent
fous ces montagnes & leur fervent de bafe. C’eft à l’entrée de la vallée de
l’Arc qu’on les voit au jour fur fa droite. Elles font d’un .noir bleuâtre,
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