¿ 8 0 T e m p é r a t u r e a d e g r a n d e s
refroidiffement de 7 ou 8 degrés au-deffous du tempéré, tel qu’on l’ob,
ferve dans les caves de Lugan ; mais elle fuffit pour expliquer un froid
de y ou 6 degrés au-deffous de ce terme, comme il l’eft à Cefi à
Ifchia , au mont Teftaceo..
En effet, je fuppofe un grand reTervoir fouterrain rempli d’air, & afTez
rapproché de la furface de la terre, pour que le froid de l’hiver le
faifejdefcendrede 3 degrés au-deffous du tempéré, ou du 10e degré,
& que les chaleurs de l’été le faffent monter d’autant au - deffus de ce
terme.
L orsque le froid aura pénétré ce réiervoirle plus poffible, fa-température
fera de 7 degrés.
E nsuite lorfque la chaleur du printems commence à Je dilater, fa
température s’élèvera, je fuppofe jufqu’à 8, il commencera àfortir, &
l’évaporation diminuant fa chaleur de 3 degrés , le réduira à y; & ce
fera la fon terme le plus froid. A niefüre que les chaleurs de 1 été pénétreront
le refervoir, la chaleur de lair qui en fort augmentera auili ;
cependant elle ne furpafferajamais le tempere, puifque la plus grande
•chaleur du réfervoir fera 13 ,, & que l’évaporation la réduira à. 10.
La comparaïfon de mes expériences, foit entr’elles, foit avec celles
de labbe N o l l e t , prouve qu’effeélivement la chaleur de ces v en ts
frais augmente a meiure que la fàiibn s avance. En effetv l’abbé N o l l e t
trouva les caves du mont Teftaceo à 9, 5, le 9 de feptembre, tan d is
que moi je les trouvai a s , 3 au premier de juillet. De même je tro u vai
les caves de Lugan a 4 1 le premier août, tandis que je les avois
trouvées à z § le 39 de juin.
L o r s q u e cet air a atteint ton plus haut degré de ch a leu r, il doit demeurer
pendant quelque tems dans une efpece de ftagnation ; après
quoi le réfervoir commence à fe refroidir & à pomper l ’air extérieur:
Alors la fraîcheur de l’automne & les froids de l’hiver fuffifent pour
entretenir la fraîcheur des caves.
On voit par là qu’en fuppofant le tempéré à 10, le froid produit par
l’évaporation de 3 degrés, & que la condition du problème foit que la
chaleur de ces caves ne furpaffe jamais 10 degrés, on ne peut pas expliquer
un froid qui, en été, defcende au-deffous de 3 dégrés ; car fi l’on
fuppofoit le réfervoir d’air plus voifin de la furface, qu’il le fût par exemple
allez pour que le froid de l’hiver le fit ^defcendre à f ; alors, à la
vérité, cet air refroidi encore par l’évaporation, fortiroit au printems à
la température de 2 degrés. Mais auffi vers la fin de l’été, le réfervoir
monterait à 15 , qui diminués de 3 par l’évaporation ,' refteroiént encore
à 12, ou de 2 au-deffus de io , ce qui eft contraire à la condition pref-
crite.
Si donc on veut expliquer une fraîcheur plus grande que de 4 ou y
degrés ; telle que celle de Lugan & d’Hergifweif, & qu’on ne puiffe
pas fuppofer l’évaporation capable de produire dans ces circonftances
un froid plus grand que de 3 degrés ; il faut fuppofer que la température
moyenne du réfervoir eft au-deffous de 1 o degrés : or, cette fuppo-
fition n’aura rien de forcé , du moins pour les pays voifins de nos
Alpes, qui font les feuls où l’on ait obfervé des caves auffi froides.
En effet, le froid des eaux profondes de ces lacs, ou Paélion de la
même caufe qui les refroidit, doit agir fur les refervoirs que la terre
recèle dans leur voifinage. Si donc 011 fuppofe un réfervoir affeété
par ces caufesréfrigérantes, & dont la température moyenne, au lieu
d’être de 10 degrés, comme elle feroit ailleurs, ne foit que de f ;
que le froid de l’hiver la réduife à 3 : lorfque la chaleur du printems
commencera à dilater cet air & à le faire fortir, il viendra à 4,
ou à 5, mais l’évaporation le réduira à 1 011 à 2.. A la fin de l’été la
chaleur extérieure fera monter l’air du réfervoir à 7 , & l’évaporation le
réduira à 4 , ce qui eft conforme à mes obfervations.