D ’ A 1 X A S t . J E A N ,
C H A P I T R E IV.
D ' A I X A S t. J E A N D E M A U R J E N N E .
«s°quî §• 1J78- L es montagnes à gauche ou à l’Eft de la grande route qui
bordent la conduit d’Aix à Chambéry, font la continuation de celles que l’on
d’Aix à côtoie entre Annecy & Aix. Leurs couches à peu près horizontales,
Chambéry. quoique fréquemment, fléchies & ondées, font en général efcarpées
contre le couchant.
S u r la droite au couchant, on a une colline bien cultivée & habitée
qui fe prolonge du nord au fud, & qui fépare cette vallée du lac
du Bourget ; elle fe nomme ïréferves; fa matière eft un grès.’
^ Defcente §. 1179. O n defcendoit autrefois à Chambéry par un chemin creux
béiy *m" très-roide & très-mauvais ; mais depuis quelques années, on a rendu
cette route magnifique : on l’a taillée dans le roc vif, en foutenant les
terres du côté du précipice , par un mur très-fort & très-élevé. Ce roc
eft difpofé par couches bien fuivies , & peu inclinées, d’une belle
pierre calcaire grife compacte, dont la nature approche de celle du
marbre. •
On jouit en defcendant d’une vue très - agréable. On voit prefque
fous fes pieds la ville de Chambéry dans le fond d’une plaine bien
cultivée & parfemée de villages entourés d’arbres fruitiers. Du fond de
cette plaine s’élèvent plufieurs montagnes toutes calcaires, dont les
couches inclinées de part & d’autre de la cime, préfentent fréquemment
la forme d’un chevron ou' d’un A.
Situation §. 1180. Je déterminai en 1790 avec beaucoup de foin l’élévation
Ijéry. " ville Chambéry, par des opérations femblables à celles que j’ai
rapportées
D E M A U R J E N N E , Chap. I V , 17
rapportées au§. 1170, & je te trouvai de 136 toifes au-deffus de 1a
mer ' & Par conféquent, de 57 toifes au-deflous du lac de Geneve.
Cet abaiflement, joint à la fituation de Chambéry, dans un fond fermé
au nord, & ouvert au midi, produit une différence très-feniible dans
la température de l’air. Les hivers y font plus doux & de quinze jours
moins longs qu’à Geneve.
O n compte dix lieues de Geneve à A ix, & deux lieues d’Aix à Chambéry
, mais ce font de grandes lieues de Savoie ; car même en pofte,
fans s’arrêter, on a de la peine à faire en moins de dix heures la route
de Geneve à cette ville capitale de la Savoie.
§. r 181. A une demi lieue au-delà de Chambéry, on laiffe à fa droite Abîmes
au couchant, fur une hauteur, le village de Mians. Entre ce village deM,*ns-
& le Mont-Grenier , qui le domine au couchant, on trouve une plaine
d’environ une lieue en tout feus, couverte de petites éminences de
forme conique , comme des taupinières, de 20 à 25 pieds de hauteur :
cet endroit fe nomme les Abîmes de Mians.
L e peuple débite différentes fables fur l’origine de ces monticules;
mais ce qu’il y a de plus vraifemblable, c’eft qu’ils ont été produits
par un grand éboulement du Mont-Grenier. On voit effeftivement
vers le haut de cette montagne une très-grande échancrure , fituée
direélement au-deflus de ces abîmes, & qui paroît être le vuide qu’ont
laiffé les rochers qui s’en font détachés. Les eaux ont entraîné les parties
les plus mobiles de ces éboulis ; mais les fragments des rochers
les plus folides ont réfifté à l'aétion des eaux & ont fervi de noyaux
aux éminences qui fubflftent encore ; c’eft ce que l’on peut aifément
vérifier fur la plupart d’entr’eux, malgré 1a terre & l’herbe qui les recouvrent.
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( 1 ) On allure que dans le couvent des ■ relatif à cet événement. Ce tableau repré-
Francifcalns qui eft à Mians, on montrolt I fentoit les diables, qui dans le moment où
encore , il y a quelques années, un tableau ! ils dévaftoient le pays en produifant ces
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