St. Jean
de Mau-
rîenne.
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les magafins & le droit de fonte, qui appartient au Seigneur du lieu ;
& qu’il faut racheter de lui,' à ce qu’on m’aflura, à raifon d’un louis
pour chaque jour où les fourneaux font en activité. 11 refteroit cependant
un profit confidérable, fi les fourneaux pouvoient marcher ainfi
d’un bout de l’année à l’autre; mais l’on eft fouvent arrêté, fur-tout
en hiver, par le manque de charbon (*).
§. 1206. La petite ville de St. Jean, capitale de la Maurienne , quoi-
qu’environnée de hautes montagnes , a autour d’elle un terre-plein bien
cultivé & allez agréable.
Elle eft élevée de 298 toifes au-deffus de la mer. J’ai eu dans mon
dernier voyage, le bonheur de voir là M. le chevalier de St. R e a l ,
intendant de la Province ; & qui eit, comme je l’ai déjà dit, un amateur
très-zèlé & très-initruit de la phyfique & de l’hiltoire naturelle.
Il nous reçut chez lui,.mon fils & moi, de la maniéré la plus obligeante.
Il nous communiqua diverfes inventions ingénieufes dont il
s’occupe, & nous fit voir une collection nombreufe & intérelfante de
minéraux des Alpes.
JVL de St. R e a l fe propofoit de donner l’hiitoire naturelle la plus
complété du Mont-Cenis & de fes environs. Dans ce deflèin, déjà en
1787, il avoit pafle pendant deux étés confécutifs, fix femaines campé
en plein air fous une; tente, dans les lieux qui lui a voient paru les plus
convenables pour fervir de centre à fes obfervations ; &fon deiTeinétoit
(*) Le laboratoire où l’on coule le fer eft
bas & obfcur ; en y entrant, mon fils &
moi, nous y trouvâmes un .vieux fondeur
«n cheveux blancs , & couvert de haillons
, qui préparoit fon diné ; ce diné con-
fiftoit dans un gros corbeau , qu’il plumoic
à la pâle Iu^ur des fëories qui fortoient du
fourneau. Sa marmite cuifoit fur un monceau
de ces mêmes fcories, & il plongeoit
à chaque inftant fon corbeau dans cette
marmite, pour l’attendrir &Ie plumer avec
plus de facilité* C’eût été un beau fujetde
tableau pour unTénieres,
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de pafler encore cinq étés dans des lieux différens & également convenables
à fon but. Il avoit d’habiles coopérateurs, qui devoient'fç
charger des branches de l’hiftoire naturelle, dont il s’eft moins occupé
q u e de la minéralogie, comme la botanique & la zoologie. Il vouloit
ainfi décrire avec une exaétitude auffi parfaite que le permet 1 état aétuel
des ftiences phyfique&', un quarré de 12 lieues en tout fens, dont le
Mont-Çenis auroit été le centre. Ceux qui connoilTent un peu les hautes
Alpes, fentiront l’étendue & la difficulté d’un pareil travail.
M. de St. R e a l a eu la bonté de me lire le journal des obfervations
qu’il avoit faites pendant l’été de 1787, fu.r la plaine du Mont-Cenis
& fur les montagnes voifines; & je vis par cette lecture, que M. de
St.R e a l avoit au plus haut degré, le courage, l’aétivité & les talens
néçeflfairçs pour cette entreprife.
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