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D’ober. §, 1715. O n tire d’abord au Nord-Eft, contre l’extrémité de la
Oberwald va^ e • fermée en cul-de-fac par la montagne de la Fourche , au pied
de laquelle eft la fource du Rhône. Quoique cette partie de la vallée
foit très-haute, le fond en eft cependant marécageux. Pour éviter ce
fond, l’on côtoie la montagne à gauche, au Nord-Ouefi , qui forme
le pied de celle du Grimfel. J’obfervai fur le chemin des fragments
d’une pierre calcaire bleuâtre, grenue ou faline, & mêlée de mica; je
ne vis pas les rochers d’où ces fragments, fe détachent ; mais ils tiennent
vraifemblablement à la bafe primitive du Grimfel. M. Besson avoit
obfervé cette pierre calcaire , & il d it, que vis-à-vis, il y a de la pierre
ollaire ; mais comme je n’ai point paffé de ce côté-là, je ne l ’ai pas
obfervée. Quant aux pierres calcaires, on en revoit de l’autre côté
du Rhône, vis-à-vis d’une petite chapelle, que l’on rencontre à 20
minutes au-delà d’Oberwald. .
En approchant de ce village, qui eft le dernier du Vallais, & à 40
min. d’Obergerftelen, le chemin pafle fur des tranches verticales d’ar-
, doifes & de fchiftes argilleux luifants, ondés, tendres, non effer-
verfcents. Un peu au-delà d’Oberwald, on voit un four à chaux, où
l’on cuit les pierres dont je venois de rencontrer les fragments.
D’Ober- §■ 17 17- Bientôt après on commence à monter un chemin pavé,
wald à la rapide & gliflant, qui pafle fur des bancs, & entre des bancs de roches
feuilletées de différentes efpeces ; les plans de leurs couches font d’abord
diverfement inclinés ; les premiers étant en appui contre la
montagne, &lesfuivants renverfés. contre la vallée; mais cependant ils
courent tous dans la même direction : favoir, du Nord-Eft au Sud-
Oueft ; & 3 20 minutes au-deffus d'Oberwald, leur fituation devient
conftamment. verticale. On fait ainfi une lieue entière, toujours entre
des plans exactement verticaux , parfaitement fuivis & prononcés ,
tant fur la rive droite du Rhône „ que fuit ce chemin , que fur la
- rive oppofée. On eft même forcé, malgré f o i ., à faire attention à
ces couches, car fouventle fentier où l’on paffe eft fèrri entre deux
de
de ces couches verticales,' au point que l’on fe froiffe les jambes en-
tr’elles fi l’on ne tient pas Ton cheval exaélement au milieu. O r , cette
fituation ne tient pas à la nature de la pierre ; en effet , ici c’eft
un ffchifte mélangé de mica & de quartz; là , c’eft une roche de
corne fchifteufe, comme celle de St. Bernard, §. 992 ; plus loin,
c’eft un granitelle compofé de feldfpath & de hornblende ; ailleurs,
c’eft une roche granitique ou gneifs. Voyez fur la variété de ces.
roches, l’ouvrage de M. B e s s o n , pag. 98 , de l'édition in -c f.
8? 173 dé l’8°. Voyez aufli le voyage de M. S t o r r , tom. II, p. 30.
Toutes ces roches, fans aucune exception, depuis le fond du lit du
Rhône jufqu’à la cime des montagnes qui bordent fes deux rives, ont
conftamment leurs couches verticales, & dirigées du Nord-Eft au Sud-
Oueft. Enfin, ce n’eft pas non plus le cours du Rhône qui a déterminé
cette direétion ; car, fi quelquefois il court parallèlement à ces
couches, fouvent aufli il les coupe à angles droits. Il réfulte delà que
fi on rife faifoit attention qu’à l’angle que font ces couches avec le cours
du Rhône, on croirait que leur direétion varie, & c’eft fans doute
ce qui eft arrivé à M. S t o r r , lorfqu’il a dit; Alpen-Reifs, tome I I ,
PaSe ?? , qn’il n’y avoit rien de confiant dans leur pofition ; car
quand on compare leur cours avec la bouffole, comme je l’ai fait
dans mes trois Voyages, on y trouve la plus parfaite régularité.
Si donc des divifions fi régulières, fi confiantes, n’étoient pas des
couches, s’il falloit les confidérer comme des effets fortuits de lapefan-
teur ou des météores, il faudrait renoncer à tout raifonnement phy-
fique, & attribuer au hafardou au concours fortuit des éléments, tous
les phénomènes pour l’explication defquels nous fatiguons nos corps
& nos efprits. Cependant les voyageurs qui ne font pas géologues,
s’occuperont moins de ces couches que des belles chûtes du Rhône,
des amas de neige fous lefquels il s’engouffre pour en-fortir avec une
nouvelle violence, & du glacier d’où fort la plus grande partie de fes eaux,
§. 1718. Ce glacier, qui porte le nom du Rhône, eft, finon le plus
grand, du moins l’un des plus beaux de nos Alpes. Du haut d’une mon-
F p p
Glacier
Rhône.