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Etats confédérés, dont PaiTemblage forme la république du Vallais.
Obergeften, où je couchai, eft un des principaux villages de ce Dixain ;
on y vient en trois heures & demie depuis l’Hofpice. La moyenne de
huit obl'ervations lui donne une élévation de 682 toifes.
Grêlefur §■ i? i í ¡ Je fis cette route par un bien mauvais tems ; un peu au-deiTous
le Grimfel. fommet du Grimfel, je fus accueilli par une grêle ferrée, dont les
grains, gros comme des noifettes, tomboient avec tant de force lur le
dos des mulets, qu’on avoit beaucoup de peine à les tenir ; mais ce que
cette grêle eut de remarquable, c’eft qu’elle n’avoit été précédée d’aucun
de fes avant-coureurs ordinaires, & qu’elle ne fut accompagnée
ni-de tonnerres, ni d’orage proprement dits.
Etat de § .1 7 14 . Q u a n t à la vapeur, le xo de juillet , quand j'arrivai k
la vapeur. j>jj0fp¡ce ¿y Grimfel, fa denfité étoit 0 ,4 ; mais le 11 & le 12 elle
fut peu fenfible. Cependant les gens de l’Hofpice m’affurerent, qu’à la fin
du mois précédent elle avoit été à peu-près aufli denfe fur le Grimfel
que dans la plaine. Et ces montagnards, qui fe connoifient bien en
brouillards, difoient tous, que c’étoit une fumée & non point utf
brouillard.
C H A P I T R E VII.
D’OBERGESTELEN A LA SOURCE DU RHONE.
§• r7 I f - J >AaR ivA i avant midi à Obergeftelen, & comme je me
croyois guéri de mon indifpofition, je me difpofois à aller le même
jour à la fource du Rhône ; mais dans l’apsès-midi, je me trouvai
férieufement malade. Le froid de la grêle que j’avois eifuyée avoit
repercurté fur les entrailles une humeur de rhume que j’avois depuis
quelques jours, & m’avoient donné une dyflenterie accompagnée de
douleurs extrêmement vives. Ce n’étoit pas une perfpeéfive agréable que
de fe voir atteint d’une maladie aiguë , dans ce pays à demi fauvage ,
dénué de toute efpece de fecours. Et ce qu’il y avoit de pire, c’eft
que mon hôte fut allez barbare pour me déclarer, que dans quel-
qu’état que je fulfe le lendemain matin, il fàudroit que je fortifie de chez
lui, parce que ce ferait dimanche, & qu’il ne vouloit pas perdre les
chalands qui devoient venir chez lui boire dans la chambre que j ’oc-
cupois. Lorfqu'e j’ùffrois de le dédommager, il affedfoit de méprifer
1 argent, & tout cela avec le fiens froid & la morgue d’un magifter de
comédie, qui en écorchant quelques mots de latin , fe faifoit appeller
Dominus Hallenharder. Je regrettai bien vivement les bonnes gens de
l’Hofpice'du Grimfel ; mais enfin avec de l’argent, qui étoit le véritable
but de ce vilain homme ,• je le déterminai à me garder. Je me
tins tranquille le lendemain, en bûvant une infufion d’avoine grillée
en forme de café , feul remede'que j’euffe à ma portée; & le lendemain
, 14 de juillet, comme il faifoit fort beau, j’effàyai de monter
mon mulet & d’aller me promener à la fource du Rhône, qui n’eft
qu’à deux lieues d’Obergeftelen ; je l’avois déjà vue deux fois, mais il
me reftdit encore des obfervations à y faire.