Monceaux
de fable
accumulés
par le vent
fous des
fo’ mes
régulier
s .
178 D E G E N E S
I l s nous affurerent unanimément, qu’après .des pluies auffi abondantes
que celles qui venoient de tomber, les courans portent au
couchant, avec une telle violence, que dans l’efpace de 3 heures les
pêcheurs perdent leurs hameçons ; & qq’ainfi , comme nous étions obligés
de laitier 110s thermomètres dans la mer, au moins pendant 12
heures, il étoit à peu près certain que nous ne poumons point les retrouver.
Nous y renonçâmes donc, & avec d’autant plus de regret,
qu’ils affiiroient qu’entre l’isle de Gallinara & le cap delle M e lk , il
y a une efpeçe de grande vallée foumarine, nommée il fojjo di dentro ,
où nous/aurions trpuvé jufqu’à 2yo braffes, & qu’à y ou 6 milles en
mer , v is -à -v is du cap , on trouve jufqu’à 400 brades ; mais ils nous
firent efpérer qu’à Nice nous trouverions de grandes profondeurs fans
être expofés à ces mêmes courans.
Q u a n t à la raifon de ces courans , on comprend qu’en général,
dans; les tems où la Méditerranée reçoit plus d’eau qu’il ne s’en évapore
de fa furface, cette eau doit fe porter à l’Oueft pour fortir par le
détroit de Gibraltar ; il eft auffi évident que les courans qu’elle forme
doivent être plus lenfibles dans les détroits & vis-à-vis des caps, que
dans le fond des golfes; mais enfuite les.çirconftances locales qui modifient
ces principes généraux & qui rendent les courans plus ou moins
violens dans certains parages, nous font abfolument inconnues.
D é t e r m in é s à continuer notre voyage par terre, nous louâmes des
mulets pour remplacer ceux de Gênes que nous avions renvoyés : la
felouque alla fans nous, porter notre bagage à Nice.
§. i?7f. A quelques minutes d’Alaffio , on voyolt fur le rivage des
monceaux de fable de dix à douze pieds de hauteur.
Ils avoient été accumulés par le vent de 111er, & leur régularité
étoit vraiment admirable; ces monceaux étoient compofés de couches
minces, continues & concentriques, comme des voûtes paraboloides
A N I C E , Chap. X V I I . 179
fuperpofées les unes aux autres ; ces voûtes étoient convexes du côté
du ciel & du côté de la mer; c'étoient donc de petites montagnes en
pente douce du côté du vent qui les avoit formées, & efcarpées du
côté oppofe.
J’ai déjà fait, §. 1229, la même obfervation fur les terres & les
graviers accumulés par le débordement des rivieres ; l’air & l’eau donnent
donc Ja même ftruéture aux montagnes formées par leurs dépôts.
Ce fable, obfervé au mifcrofcopë, paroit en grande partie compofé
de grains de quartz , blancs ou jaunâtres. 0 ny voit auffi d’autres parties
de différentes ‘couleurs, dont quelques-unes font calcaires & fe diffol-
vent dans les acides ; ênfin , il y des parties attirables a l’aiman, dont
les ufles paroiffent des mines de fer grifes ; les autres, desftéatites
jaunâtres, demi-tranfparentes.
Les grains de quartz de ce fable font tous ou prefque tous anguleux
; fouvent même on y réconnoît des indices de cryftallifation. Je
fuis bien porté à croire, comme M. d e Luc , que les fables ne font
point tous des produits du brifement ou du détritus des pierres, mais
qu’il y en a beaucoup qui font le refultat d’une cryftallifation qui
s’eft opérée dans le fein des eaux. Je montrerai meme ailleurs un fable
quartzeux produit artificiellement par une opération de ce genre.
§. 1376. A un quart de lieue de la ville , on paffe près de la'chapelle
de/a IH adonna, di porto /ateo, bâtie fur un roc faillanthors de la-
mer. Ce roc eft d’une pierre calcaire’ noirâtre, argilleufe, avec des
veines defpath & de quartz. Ses couches, très - inclinées & relevées
contre le Nord-Eft , courent du Sud-Eft au Nord^Oueft; elles font
entremêlées de bancs de fchiftes argilleux, femblabies a ceux que j ai
obfervés fur les derrières d’Alaffio. §• 1272-
D’Ala ilio
à An dora.
Calcaires.
Avant & après cette chapelle, on voit de grands amas de débris
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