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feldfpath. On y voit cependant aufli quelques cailloux roulés de quartz
charriés par le Rhône.
Cornas.
Château.
Bourg.
O n pafle enfuite à demi-lieue de St. Péray, le long & vilain village
de Cornas. Les vignes de cet endroit, expofées au foleil levant, fur la
pente de la montagne, produifent un vin rouge foncé, qui a aufli de
la réputation. Les montagnes calcaires recommencent à dix minutes
de Cornas; elles font aflez hautes, efcarpées & relevées contre les
dernieres primitives. On pafle aufli aupfès d’une carrière d’une belle
pierre blanche calcaire , exploitée par un grand nombre d’ouvriers.
On voit au bord du Rhône de grandes barques fur lefquelles on charge
ces pierres dès qu’elles font taillées. Cette carrière fe nomme Pont de
la Goule.
§• 1617. M a is à une petite demie-lieue de là, au village de Château
Bourg on retrouve le granit. Toutes les maifons de ce village font
bâties de cette pierre. Le château, fitué fur un roc efcarpé, & coupé à
pic au-deflus du Rhône, fait dans le payfage un effet très-pittorefque. O11
me fit là, en 1781 , une querelle affez extraordinaire. Comme le village
eft élevé de 60 ou 8° pieds au-deffus du niveau du Rhône, & que je
cherchois les endroits les plus bas pour éprouver la chaleur de l’eau
bouillante, comparativement à l’expérience que je mepropofois de faire
fur le Mont-Blanc, je defcendis au bord du Rhône, & je fis en plein
air bouillir de l’eau fur une lampe à efprit-de-vin, dans une bouilloire
adaptée à cet ufage. Les gens du village vinrent en grand nombre autour
de moi, par un mouvement de curiofité. Ils me demandèrent ce
que je faifois; je le leur expliquai; & ils conlidéroient cette expérience
fans aucun ligne de mécontentement, lorfqu’il furvint un homme un
peu mieux mis que les autres, qui fe mit aufli à m’interroger : je lui
répondis comme aux autres ; mais il ne fe contenta pas de ma réponfe :
& il me dit d’un ton menaçant, qu’il n’étoit pas aufli fot que je paroif-
fois le croire, & qu’il favoit fort bien que c’étoient des relèvements
que je prenois. En même tems & comme pour me défarmer, il fe
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faifitde ma canne, que j’avois pofée auprès de moi; je lui arrachai
cette canne des mains avec beaucoup de vivacité , je pris un ton fermé
qui lui en impofa ; & pendant que les ipeclateur.s héfitoient fur le
parti qu’ils prendraient, j’achevai mon .expérience & me retirai à
l’auberge. Cetce.querelle n’eut pas d’autres fuites , mais deux ans plus
tard, elle aurait pu m’être funefte.
En fortant de Châteaubourg, on fuit,le long d’un rocher de granit,
un chemin en corniçhe an-deflus du Rhône, dans une fituation charmante
: on defcend dans une petite plaine bien cultivée, où eft fitué
le village de Mauves, & delà en demi-heure on vient à Tournon.
C e t t e ville eft b â tie fu r le g r a n it , o n e n v o it d es ro c h e rs b ien
caraétérifés fo rtir a u jo u r e n d iv e rs e n d r o its , & fu r-to u t d a n s la p a rtie
fe p te n trio n a le d e la v ille.
■§. iéi8. D ans le voyage que je fis en 178S, je fus curieuxde fuivre
encore la rive droite du Rhône jufqu’a Andance, a 4 lieues au-dëfliis de
Tournon. Enfaifant cette route on trouve d’abord , en fortant de-Tour-
non , de beaux rochers de granit tendre , à grands ;cryftaux de feldfpath.
Bientôt après on traverfe le large lit d’un torrent qui vient des
montagnes à l’Oueft. Ce lit eft rempli de cailloux roulés ; la plupart
de granit, fans aucun fragment de laves ni de bazaltes. Les granits
continuent jufqu’au-delà du village de V io n , qui eft à une lieue de
Tournon. Mais entre Vion & Arrai, qui eft à trois quarts de lieue
plus loin, les granits cetfent d’être en malle, ils deviennent chifteux
& irrégulièrement feuilletés, & on les voit ainfi jufqu à Andance.
J ’a u r o is volontiers fuivi plus loin cette rive , mais le chemin neft
pas trop bon pour les voitures, même jufqu’a Andance; & il neft
plus praticable au-delà de cette petite ville. Ne pouvant donc aller
plus loin, je traverfai le Rhône avec ma voiture fur un bac, & je
G g g
Tournon.
De -Tour;
non à An- .
dance.