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celui que j’ai trouvé ait été détaché. O r , d’après cette defcription, fe
eft bien certain que cette montagne n’a point fubi l’adion des feux
fouterreins. Il feroit cependant poflible que les eaux euffent pris cette
terre dans un endroit où elle auroit été préparée par les feux fouterreins,
& l’euffent enfuite tranfportée fur cette montagne. Mais
d’un autre côté, on pourrait dire qu’il eft également poflible que le
tripoli fe foit trouvé tout formé dans les endroits où on l’a vu mélangé
avec les produits des feux fouterreins.
Tri polis §. i y 77. D a n s ce conflit d’opinions & de poflibilités contradictoires,
rente^nà- Je crois d’abord que l’on peut regarder comme c'ertain, qu’il y a des
ture. tripolis de natures, ou au moins de ftrudures très-différentes, celui
par exemple, qui vient de Riom en Auvergne, eft bien certainement
un fchifte qui a fubi l’adion du feu.
fchTtteus* P r em i è r e m e n t , c’eff inconieftablement un fchifte, fes feuillets quoi-
que très-minces, font parfaitement diftinds | plans, parallèles entr’eux,
& cependant fa caffure terreufe. a tous, les caraderes de celle du
tripoli; de plus fa couleur de brique , ici jaune, là rougeâtre, l’oeil
& le toucher fec d’une matière calcinée, & enfin certaines bourfouf-
flures que l’on voit en quelques endroits, indiquent affez clairement
l ’action du feu.. On ne découvre cependant aucun pore dans fon
intérieur.
D a n s l’efpérance de trouver quelque morceau de cette fubftaiice,
qui me donnerait des lumières fur la nature, j’en fis prendre un fat
chez un marchand droguifte, & je l’épluchai avec foin. Je trouvai
là quelques fragments d’un très-beau noir, & dont la ftrudure étoit
d’ailleurs la même que_ celle des rouges. Ce font ceux dont M. G u e t -
t a r d parle dans fon Mémoire. Acad. des Sciences 1737 p. 177. Ces
morceaux noirs deviennent rouges par l’adion du feu, & j’en trouvai
dans le même fac des fragments, noirs à une de leurs extrémités,
rouges à l’autre, & qui dans l’intervalle paffoient par toutes les nuan-
I ces
A M O N T E L I M A R , Chap. X X X L 369
ces intermédiaires. Je ne faurois donc douter que cette efpece de
tripoli n’ait fubi l’action du feu, mais une chaleur lente, douce ,
telle que celle des mines de charbon en état de combuftion plutôt
qu’une fufîon telle que celle des volcans proprement dits. Car la ftructure
, je le répété, de la pierre noire, qui paroît n’avoir point été
brûlée, eft la même que celle de la rouge qui paroît l'avoir été. Il
paroît cependant que l'action du feu le rend plus propre à polir les
pierres & les métaux, car les ouvriers qui l’emploient rebutent abfo-
lument les morceaux noirs, & n’achetent que ceux qui font rouges
ou jaunes.
§. 1338. La terre pourrie d’Angleterre, qui eft bien fûrement une tripoli
efpece de tripoli, trippela cariofa, n’eft pas du tout poreufe, & n’a e» ‘»»ne-
que de tres-légers indices de ftrufture fchifteufe. J’en ai auffi trouvé
au bord du Rhône un morceau de couleur fauve, d’une douceur &
d’une fineffe finguliere, qui ne montre ni pores ni aucune apparence
de tiffu feuilleté,
§. 1339. M ais le tripoli de Corfou, connu dans le commerce fous
le nom de tripoli de Venife, femble intermédiaire entre les efpeces diaire.
fchifteufes & celles qui ne le font pas ; car quoiqu’il ne fe fépare point
par feuillets comme celui d’Auvergne, on y voit pourtant des traits
parallèles de couleurs différentes, qui indiquent une formation analogue
à celle des fchiftes.
§.1360. L o r s q u ’o n obferve, au microfcope, à un jour favorable ces^Conclu-
différentes efpeces de tripoli, & en particulier celui de Venife, on
| voit qu’il eft compofê de grains tranlparents & très-fins. D’un autre
I côté i’analyfe chymique prouve que la terre filiceufe forme les neuf
| dixièmes de cette fubftance, Kirvoan,p. 83. Enfin elle fe comporte
au chalumeau exadement comme le petrofilex primitif. Il me parait
donc prouvé que c’eft un fable petroliliceux extrêmement fin < lave
& dépofé par les eaux fous la forme de feuillets, ou de couches plus