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ils paiïent par - deffus les niaiïes de gypfes qui bordent le chemin
La Grand-
Croix.
Cafcade.
Expériences
fur l’électricité.
C’eft un tuf jaunâtre, calcaire , dans lequel font empâtés des fragmens
d’autres pierres ; mais ces fragmens font tous des mêmes efpeces
de pierre que l’on trouve dans les environs.
§. 124?. A une-petite lieue de la Pofte, on traverfe un hameau nommé
la Grancl-Croix. Ce hameau eft à l’entréè du Mont-Cenis, du côté
du Piémont; iLeftabaiffé de 6s toifes an-deffous du lac; d’où il fuit
qu’il eft élevé de 917 toifes au-deffus de la mer, & de 517 au-deffus
de la Novaleze.
§. 1248- A A dix minutes au-deffoüs la Grand-Croix, la Cenife fe précipite
du haut d’un rocher, & la violence delà chûte ladivife en petites
gouttes ; j’y portai mon éledometre ; on fait que M. T r a l le s , pro-
feffeur de phyiique à Berne ; a trouvé que cet éledometre, expofé à
ces gouttes qui ie détachent des grandes cafcades , donnoit conftam-
rnent des lignes d’une éledricité très-fenfible , & du genre de celle qu’on
appelle négative; mais je ne pus en obtenir aucun indice, & cela
Confirmerait l’explication que le célébré M. V o l ta a donnée de ce
phénomène. Il croit que cette éledricité eft l’effet de l’évaporation :
o r , dans ce moment là, fuivant ce principe, il ne devoit y avoir aucune
éledricité, parce qu’il ne pouvoit fe faire aucune évaporation ;
l'aif étant entièrement faturé d’humidité par la pluie mêlée de brouillard
qui tomboit alors. L ’hygfometre indiquoit auffi l’humidité extrême.
U n peu plus bas, on trouve une fécondé càfcade plus forte que la
première, & qui paroiffoit encore plus propre à donner de l’éledri-
cité ; je n’en eus cependant pas davantage, & fans doute par la même
raifon.
, Cette fécondé chû te , qui eft un peu fur la droite du chemin , mérite
qu’on s’en approche , pour voir le grand & prof ond baffin de forme
D U M O N T- C E N î S. Chap. C I . ¿7
circulaire que l’eau a creufé dans le roc fur lequel elle tombe. Ce ro c ,
de même que les autres rochers efearpés dans lefquels eft taillé le
chemin , eft de la même roche fchifteufe micacée dont le Mont-Cenis
eft prefqu’entiérement compofé ; mais ici cette roche eft plus com-
pade, moins feuilletée ; elle contient moins de mica , plus de pierre
calcaire, & s’approche ainfi de la nature du marbre.
Au-deffous de cette fécondé cafcade, on traverfe la petite plaine de
St. Nicolas, & on paffe la Cenife fur un pont qui eft la limite entre
la Savoye & le Piémont.
§. 1249. En defeendant à cette plaine, 011 voit dans le rocher fur
la droite du chemin, de larges & profonds filions , dont le fond & les
bords font arrondis, & qui font un peu inclinés vers le bas de la montagne.
Ces filions font indubitablement l’ouvrage d’énormes courans
d’eau qui ont autrefois coulé dans cette vallée, en rempliffant toute fa
largeur. On en voit qui font très-élevés au-deffus du fol aéluel de la
vallée. M . de St. R e a l avoit fait cette obfervation avant moi, & j’eus
beaucoup de plaifir à la vérifier- Il donnera dans fon ouvrage les
dimenüons èc la hauteur de ces filions ; j’ajouterai feulement que
comme ils font creufés dans un beau roc calcaire, folide , mele de
très-peu de mica, on ne fauroitjes foupconner d’avoir été produits
par une exfoliation fpontanée de la pierre.
§. Jïfo. P lus bas, on laiffe à droite une grande gallerie, couverte Gallerio.
d’une forte & folide voûte; cette gallerie a environ 300 pieds de lon-'r0utee>
gueur fur 13 de largeur. On l’a conftruite pour fervir de paffage aux
voyageurs, lorfque le chemin comble par les avalanches, devient impraticable.
Les rochers qui font au-deffus & au-deffous de Cette gallerie | 8c
dont la nature eft la même que celle des precedens, ont leurs couches
fléchies, fans doute par des affaiffemens ; car il m a paru , comme je
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