Le principe de l’évaporation, fuffit donc pour expliquer le froid des •
grottes fituées loin des Alpes, où le thermomètre ne defeend pas au.
deffous de 5 degrés, & ce même principe combiné avec celui du froid
qui paroît propre aux pays voifins de nos lacs, explique le froid des
grottes iîtuées dans leur voifinage.
tion^ ré. S- *4* L II y a cependant contre cette explication une objedion que
venue. je ne me diflimule point, c’eit que il l’air renfermé dans ces cavernes
étoit déjà humide, s’il étoit faturé d’humidité , il ne pourrait point
produire d’évaporation , & par conféquent point de froid. Mais il eft
de fait, que les cavernes ne font pas toutes humides, ou du moins, ne
le font pas conftamment ; d’ailleurs, ces cavernes doivent être très-
vaftes, pour que la dilatation caufée par une différence de chaleur d’un
très-petit nombre de degrés, leur faffe fournir pendant tout l’été des
couraus d’air conlîdérables. Par conféquent, il doit y entrer en hiver
une grande quantité d’air ; & cet air qui y entre froid, & qui s’y réchauffe
, doit acquérir une grande force defficative, & ainfi deffécher
leurs parois ; d’ailleurs la chaleur du printems qui le dilate le defféche
en même tems, On peut donc fuppofer qu’il doit être affez fec pour
produire une évaporation qui le refroidiffe de 3 degrés.
Le phe- g. ry 1 g. M. du C a r la , avec qui'j’ai converfé fur ce phénomène,
peuTpas"6 croyoit que même fans évaporation, l’air quifortiroit des cavernes vaftes,
s’expliquer mais peu profondes, fufüroit pour tout expliquer ; & il eft vrai qu’il
jPPhexpliquerait bien le froid des caves au printems. Et vraiment fi B
poration. fuppofe une caverne affez peu profonde, pour qu’en hiver l’air y def
cende de 6 degrés au-deffous du tempéré, il pourra en forcir au printems
avec une température qui ne fera que de 4 ou 5 degrés au-deffous
de la congélation. Mais enfuite en été, il faudra que le réfervoir fe
réchauffe de 6 degres au-deflus du tempéré, & on ne pourra plus expliquer
comment l’air qui en fort maintien la température des caves
toujours au-deffous du tempéré.
O r , on a vu qu’au 9 de fep tem b re , l ’abbé N o l l e t , trou va celles
du mont Teftaceo, à 9 degrés |. Il faut donc néceffairement recourir
a u froid produit par l’évaporation.
§, 1417. Mais pour acquérir des lumières plus certaines fur lacaufe obférva-
de ce phénomène, il faudrait des obfervations répétées au moins deux tions à
ou trois fors par mois, pendant toute une année , fur la température aire‘
de ces caves, comparée avec celle de l’air extérieur- Je fuis perfuadé
que d’après les données qui réfulteroient de ces obfervations, on parviendrait
à déterminer avec aiïèz de préciûon , non-feulement la caufe
générale du phénomène', mais encore bien des détails & des particularités
de cette caufe ; & cette efpérauce feroit encore mieux fondée, fi
aux obfervations thermométriques, on en joignoit fur le volume du
vent frais qui entre dans ces-caves &fur fon degré d’humidité. On pourrait
déterminer ainfi la capacité & la profondeur moyenne de ces réfervoirs
fouterrains. Il feroit même à fouhaiter qu’on- y ajoutât quelques
épreuves eudiométriques-
§. 141g. Je terminerai ce chapitre en expofant quelques expériences incertîfaitespar
un procédé nouveau, fur la température interne de la terre. la
Les connoiffances que l’on croit avoir aequifes fur cette température, par ¿eu, 0„
les obfervations que l’on a- faites dans les puits & dans les caves, ne m ont regne un
. . . . - , , , . degre conljamais
pleinement fatisfait. Je fais bien que l’air renferme dans des cavi- tant ue
tés lbuterraines , dont la profondeur égale ou furpaffe 80- pieds, ne chaleut
relfent à peu près point les influences- des variations des failons. Mais
cela ne nous apprend pas jqu’elle eft exactement la profondeur de la
couche de terre où ceffent ces influences. En effet, l’air confidére en
lui-même , eft meilleur conduéteur du calorique que la terre ; & de
plus fa fluidité fàvorife tellement le mélange de fes parties , que lorf-
qu’on mefure la température d’une couche d’air dans un puits, on n’a
point, ni même à peu près, la chaleur de la couche de terre corref-
pondante à cette couche d’a ir, mais feulement une efpece inconnue
de moyenne entre la température des couches fupérieures & celle des
inférieures.