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Le minerai eft une galene grife à petits grains, mêlée de mine de
cuivre jaune. On la tire d’une montagne nommée Sarazin , qui eft à
trois lieues au-delFùs de Modane, du côté du midi. D’après le rapport
du maitre fondeur, cette montagne doit être compofée d’un
fchifte argilleux, tendre & noirâtre.
E t j’ai vu en effet un fragment de cette mine, dont les deux falban-
des étoient un fchifte noir bleuâtre, d’un éclat prefque métallique,
tendre & à rayure noire. Ce morceau ne contenoit que de la mine de
cuivre jaune à petits grains, ¿ans une gangue de quartz blanc. Là,
après que le minerai a été boçardç, on le lave; on le mêle avec une
partie des fcorjes de la fonte précédente qui fervent de fondant, &
on le fond dans un fourneau à manche, animé par le vent d’une trombe
d’eau. Les parties métalliques fe raffèmblent dans un baflin fitué au
bas du fourneau. Lorfque ce réfervoir eft plein on le perce par en bas»
& les matières fondues s’écoulent dans un fécond bafljn. Dès que ces
matières commencent à fe refroidir, il fe fige à leur furface une matte
noire, cryftallifée & fragile ; on enleve cette matte à mefure qu’elle
fe fige, & on la met à part pour en retirer le cuivre. Le plomb qui
refte au fond du baffiti paffe à la coupelle, & donne depuis 4 jufques
à 7 onces d’argent par quintal,
§, 1223. Un peu au-delà de Modane, on voit fur la droite du chemin
des rochers blancs, qui ont un afpert affez fingulier. En lesobfer-
vant de près, on voit que ce font des pétroiilex primitifs ou palaio-
petres verdâtres & translucides, coupés en tout fens par de petites
y„eines de quartz blanc. Dans quelques-unes de ces fiffures, le quartz
fe montre fous fa forme régulière de cryftal de roçhe. ■
Ce pétrofilex eft plus dur, plus translucide & moins fufible au chalumeau
que celui de Martigny, que j’ai décrit §. 105-7. Il fe rapproche
donc davantage de la nature du quartz, & c’eft encore un exemple
de ces tranfitions fi fréquentes dans la claffe des pierres.
l a n s - l e - b o u r g . ch. v. 49
I §. 1224. Un peu au-delà de ces petrofilex, la grande route paffe tout yp c‘
L travers d’un de ces rochers de gypfe, dont j’ai parlé §. 1208.
1 Mais avant d’arriver à la pofte de Villarodin , on voit à fa gauche Calcaire»
•des couches à peu-près horizontales, d’une pierre calcaire comparte & J’™*011-
jjn peu argilleufe. Ces couches alternent avec des feuillets très-minces
d’une pierre de la même nature.
I §. 1225. Sur la route qui conduit de Modane à Filiarodin, & en viilaro-
Kefcendant la pente rapide de ce village, on obferve dans le grand ^n. \^eU
*hemin fur le pavé, & fur les murs même du village, des pierres &c_
d'un très-beau verd, mêlé quelquefois de blanc.
I Des parties vertes, les unes d’un verd-jaunâtre, d’un éclat fcintillant,
grenues & dures, font du même genre que le fchorl verd du Dau-
jfphiné. Je donne à ce chorl le nom de Uelphinite-, pour le diftinguer
¡de quelques autres fchorls verd, dont la nature eft très-différente- Ces
parties jaunâtres font donc de la Delphinite grenue. Les parties d’un
irerd foncé ou verd de porreau que renferme cette pierre, & quipré-
¡Tentent une forme fchifteufe ou latnelleufe, font de la pierre de corne
|ou cornéenne fchijleufe & de. la hornblende latnelleufe ; car lorfque la
¡POrnéenne a des parties difcernables qui donnent des indices de cryf-
¡ftallifation, elle prend le nom de hornblende. Elle ne conferve le nom
de cornéenne que quand fon tiffu-, foit fchifteux foit comparte, eft
parfaitement égal & fans parties diftinrtes.
[ Les parties blanches. paroiffent du quartz au premier coup-d’oeil,
itmais quand ou les examine avec foin , on y diftingue les lames rhom-
bcïdales, & même çà & là des cryftaux bien formés de feldfpath; les
parties mêmes dont la caffure eft grenue, matte, fans apparence de
fcryftallifation, font auffi du feldfpath, Comme le prouve leur fufibi-
lité au chalumeau : j’ai même vu peu de pierres de ce genre qui iuf-
âüfent auffi iufibles.
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