A venue
de Rivoli.
IOO D E L A N O V A L E Z E
mont. Quant aux collines de débris que je venois obferver, & dont
fait partie celle de Rivoli, furia cime de laquelle je me trouvois, elles
paroiifoient de là, former trois dos parallèles , qui courent àpeu-près
de l’Eft à l’Oueft, comme l’extrémité de la vallée d’où fortirent les
matériaux dont elles ont été formées. En voyant ces collines , on
croirait qu’elles vont s’appuyer contre le pied du Mont-Picheriano ,
dont la petite montagne de St. Michel fait partie ; mais j’ai vu du
haut de cette montagne, §. 1 192, que ces collines font l'eparées de
fon pied par une vallée qui renferme les petits lacs d’Avigliana ; &
c’eft une particularité remarquable , car ordinairement les collines de ce
genre s’appuyent immédiatement contre le pied des montagnes qui terminent
les vallées d’où font fortis les matériaux dont elles font compo-
fées. 11 eft vraifemblàble qu’en fortant de la vallée de Suze, le courant
fe partagea en deux branches , dont l’une paira du côté du Sud,
au pied du Mont-Picheriano, & l’autre fuivit le cours aCtuel de la
Doire , paffa au pied du Mont-Mufinet, & fe répandit de là dans les
plaines du Piémont. On voit dans les environs d’Avigliana près de la
place où le courant dût fe partager , quelques monticules de ferpentine
demi dure & femblable à celui fur lequel eft bâtie la tour d’Avigliana,
ce furent vraifemblablement ces monticules qui diviferent le courant,
& qui en ralentifrant fon cours , occafionnerent les dépôts qui ont
formé les collines fituées entre Avigliana & Rivoli.
§. 1296. D e Rivoli à Turin, on fuit une magnifique avenue de près
de deux lieues de longueur, & qui conduit le voyageur jufqu’à la
porte de Turin. Cette avenue eft plantée de grands ormeaux, dans
une plaine très-fertile & très-bis 11 cultivée , mais qui ne préfente rien
de varié à la curiofité du minéralogifte. La belle Eglife de Supergue, bâtie
fur le haut de la colline au-delà du P ô , fe trouve exactement dans
la diredion de cette avenue , & termine le point de vue de la maniere
la plus agréable.
Turin. §. 1297. L a fituation de la ville de Turin eft affez connue; on fait
qu’elle eft bâtie dans une belle & fertile plaine , près des bords du Pô ,
qui coule au levant de la ville , & la fépare d’une colline qui porte le
nom de colline de Turin. On fait que cette ville eft grande , bien
bâtie, percée de rues larges, droites, décorées par des maifons d’une
architecture noble & régulière.
L a nature de cet ouvrage ne me permet point de faire l’énumé-
ration des objets dignes de l’attention des voyageurs, que renferme
la ville de Turin & fes environs ; d’ailleurs, les defcriptioas de
l’Italie, qui fe multiplient & fe répètent fans ceffe, ont rempli cette
tâche beaucoup mieux que je ne faurois le faire. On peut en particulier
confulter la nouvelle édition du voyage de M. de l a L an de. Pour
ne pas fortir de mon genre, je me contenterai de dire, que j’ai vu
l’étude de la minéralogie cultivée à Turin avec le plus grand zele &
le plus grand fuccès : les collections de M. le Bailli de St. Germain ,
de M. le Marquis de B r e z é , le laboratoire de l’Arfenal, celui de M.
le Dofteur B on voisin , renferment une foule d’objets intéreffans, &
pour .la minéralogie du Piémont, & même pour celle des pays les plus
éloignés. Le cabinet de M. le Marquis de B r e z é , renferme entr’autres,
une des plus belles & riches collection de mines d’argent, de celles de
Norvège fur-tout, & de Zéolites qui exifte en Europê. M. de L uc ,
en prenant la moyenne entre 84 obfervations du baromètre faites iimul-
tanément à Turjn & à Gènes, a trouvé fuivant fa formule, l’élévation
du fol de la ville de Turin, au-deffus de la mer de 123 toifes.
Recherches fur les modifications de l’athmofphere, Tom. II. §. 647. La
formule de M. Trembley aurait donné 126 toifes.