continuation, coupent deux chaînes calcaires qui font la prolonga.'
ùon des hautes chaînes calcaires & feptentrionales du Grindelwald.
Entre ces deux chaînes, on voit une vallée , dont le fond plus élevé
que celui du Grund, eft une. roche micacée, brune, mêlée de feld-
fp a th , & par conféquent une roche primitive. O r , les couches des
deux chaînes qui bordent cette vallée, fe relevent co-ntr’elle. En effet,
la chaîne la plus occidentale, la plus voilînè de Meyringen, a fes
couches qui montent rapidement contre le Sud-Eft, & l’autre chaîne
prefente des efcarpements à pic du côté de la première. Le même
phenomene fe montre des deux côtés-de la vallée de l ’A a r , & il eft
ainfi très-curieux de voir ces deux chaînes, coupées par l’A a r , con-
ferver fur fes deux rives exaéteflient la même fituation.
A une petite lieue de Meyringen, on traverfe l’Aar dans la plaine
du Grund, vis-à-vis d’un petit hameau nommé Hof. On paffeenfuite
Su pied du roc primitif contre lequel fe relevent ces montagnes.
Les feuillets de ce roc font verticaux, ils coupent à angles droits
la vallée, & l’on voit que leur fituation & leur nature fo n t les
mêmes fur la rive oppofée. D e là , en fortant du Grun d, on commence
à gravir la pente rapide d’une montagne couverte de fapins
& de hêtres, & on voit fous fes p ieds, à une grande profondeur,
r fiui ecume avec violence contre les rochers qui s’oppofent à
. Ion cours. Cette montagne, de même que celle de la rive oppofée,
eft toujours du même ro c primitif, par deffus lequel s’élèvent les
chaînes calcaires dont nous avons parlé/
p f e - §' i677- J’ai obfervé dans les montagnes du Grindelwald, dont
mene ÏU *;es c“ aines lont ’ comme je l’ai dit, la continuation, les mêmes inclinai-
Grmfci. fons des calcaires contre les primitives. Le a3 juillet 1771, je pénétrai
dans la grande vallée de glace jufques au pied du Schrec-
khorn, &dans ce trajet, je vis diftinélement les couches calcaires du
Mettemberg & de l’Eigher, fe relever fous des angles de 60 à 70
degres, contre les roches primitives fituées derrière elles. Il y a même
là deux chofes très-remarquables; l’une, qu’au Nord, du côté de la
vallée habitée du Grindelwald, les' couches de ces montagnes calcaires
font à-peu-près horizontales, & qu’elles ne fe relevent du
côté de la vallée de glace, que tout-à-fait près des primitives ; l'autre,
que les primitives au Sud & à l’Eft de cette chaîne, & qui font
pour la plupart des efpeces de gneifs,-ont auffi réciproquement leurs
couches relevees contre, les calcaires. Ce fait fournit un bel exemple
des refoulements, que je regarde comme la caufe générale du
redreffement des couches originairement horizontales.
| *678- V e r s la fin du bois, on redefcend au bord de l’Aar; là
les feuillets du roc primitif ne font plus verticaux, mais ils ont une
inclinaifon fenfible en s’appuyant contre l’Oueft. On voit auffi là finir
la chaîne calcaire.
D ès-l o r s , jufques à Guttannen, ce font toujours ou des gneifs,
ou des roches micacées : l’inclinailon de leurs couches varie, mais
les plans de ces couches font conftamment dirigés tranfverfalement à
la vallée, ou du Nord-Eft au Sud-Oueft.
Je mis environ 4 heures de Meyringen à Guttannen, & comme
j’étois encore indifpofé, j’y paffai le relie du jour & la nuit fuivante.
Ce village eft fitué dans une vallée étroite, trille & fauvage ; entre
dés montagnes brunes, dégradées & ftériles. C’eft le dernier que l’on
rencontre avant de paffer le Grimfel, & c’eft auffi l’entrepôt des
marchandifes qui ont traverfé ou qui doivent traverfer cette montagne.
Comme il fe fait,par ce paffage, un commerce confidérable
avec l’Italie, les gens de Guttannen parlent prefque tous l’Italien;
l’aubergifte le parloit fort bien; il avoit même fait graver fur une
des poutres, de fa chambre, une devife bien étrange pour un payfan
Suiffe, & qui auroit mieux convenu à un Anglois dévoré du fpléeen. Il
paffato mi caftiga ; il prefente mi difpiace ; il futuro mi fpaventa.
D’après 4 obfervations du baromètre, la hauteur de ce village eft de
f 33 toifes au-deffus de la mer.
Primitives
jufques à
Guttan*
nen.
Guttaiî*
nen.