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dans les ftéatites de l'impronette, auprès de Florence. Enfin j’ai reconnu
que c’eft ce même genre qui forme les taches vertes & brillantes de
cette belle pierre qui porte à Rome le nom de Ver de di Corficu, .&
dont il y a de lî belles tables dans la chapelle Medicisà Florence. Le
fond de cette pierre eft auffi un jade.
Ce qui ma le plus étonné dans ces cryftaux verds, c’eft que ceux qui
font les plus durs, qui donnent du feu avec l’acier, font auffi les plus
fufibles.; il paroît que c’eft le mélange de la terre frliceufe avec la
terre magnélienne qui facilite la fufion du mélange, au moins dans
certaines proportions ; car ceux de ces cryftanx dont la mollefle prouve
qu’ils contiennent beaucoup de terre magnélienne, font auffi réfraétaires
quel’eft ordinairement ce genre de pierre. J’ai lieu de croire que toutes
ces variétés font rangées par M. W e rne r dans le genre de la Hornblende
; mais ce genre s’étend fi fort, qu’il faudra nécefiairement le fub-
divifer. La pierre que je viens de décrire a reçu différens noms. Quelques
auteurs l’ont nommée prime d’émeraude. M. de Born l’a
appellée fcborl feuilleté verdâtre en grandes lames. Cat. Raab. 1. p. 38°.
M. Blumenbach , fmaragdspath , p. 564. Pour m’écarter le moins pof-
fible de ces dénominations, je la nomme fnaragdite, '& j’en fait deux
efpeces, l’une lamelleufe & l’autre compacte ; & l’efpece iamelleufe
fe fubivife en verte & en grife.
§. 1314. TELLEs font les pierres que produifent les ftéatites en fe
cryftallilant, & fe combinant avec le filex ; c’eft parce que les hydro-
phanes de Mufinet n’ont point de reflemblance avec ces pierres, &
fur-tout parce qu’elles ne contiennent point de magnéfie , qui forme la
bafe des ftéatites, que j’ai ofé m’écarter du fentiment de M. de Beau-
v o is in ; mais je goûte infiniment d ’autres idées ingénieufes répandues
dans fon mémoire fur les hydrophanes, & en particulier celle d’une
diffolutionjréciproque des différentes terres 3 de l’a rg ille , par exemple,
& de la terre filiceufe.
C H A P I T R E XI II .
D E T U R I N A M I L A N .
§.1313. O n compte de Turin à Milan 30 lieues, que l’on peut Confidéfaire
en 12 heures en pofte. Cette route eft en entier dans des plai- rations^ ^
nés, & ne peut intérefièr le minéralogifte que par quelques confidéra- fur |es pjai.
tions générales, & par les cailloux roulés qui forment le fond de ces nés de la
Lombar.
plaines. die.
Plus on s’éloigne des Alpes & plus les couches de cailloux roulés
paroiflent enfoncées au-deiïous de la furface du terrein. Dans les plaines
des environs de Turin, on voit les cailloux immédiatement au-
detfous de la terre végétale ,• tandis qu’auprès de Milan, on les trouve
recouverts de couches épaiffes & redoublées d’argille, de fable & de
gravier. 11 y a quelques exceptions locales ; les rivieres, les torrens
ont, en quelques endroits voifins des Alpes, charié & amoncelé des
fables par-deffus les cailloux roulés ; & d’autres fois', dans des endroits
éloignés des montagnes, ces mêmes courans ont entraîné ces mêmes
matières atténuées, & ont mis à découvert les cailloux qui en étoient
anciennement recouverts. Mais le phénomène eft vrai dans fa généralité,
au point qu’au bord de la mer Adriatique on fait quelquefois
plufieurs lieues fans voir une feule pierre , même dans les endroits
où la terre eft ouverte à une allez grande profondeur.
C e phénomène n’appartient point exclufivement aux plaines du
Piémont & de la Lombardie. Il eft commun à toutes les grandes plaines
connues fur notre globe , & il eft par cela même d’une très-grande
importance pour- la théorie. 11 prouve en effet que les coudies fonda-
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