loit un guide. La porte ouverte d’une maifon, laiffoit voir une familfj
de payfans occupés à déjeûner. J’entrai, & je leur expofai ce que je
defirois. Mon air étranger, & ce deffein d’aller au travers des monta,
gnes, de préférence aux grandes routes ; cette curioiité pour des pierres
de nulle valeur , tout cela leur paroiifoit fufpeft; cependant le
maître de la maifon, qui étoit un bon laboureur, me dit, affeyez-vous
là, mangez avec nous un morceau de merluche, après quoi nous
verrons ce que nous aurons à faire : j’acceptai fon offre ; nous finies
la converfation de bonne amitié, & il finit par me dire qu’il connoii-
foit fort bien le pays, & même un peu lés pierres, & que quoiqu’il
eût d’abord penfé. à m’indiquer un autre guide, il viendrait lui-même
avec moi. Cette rencontre fut très-heureufe ; car j’eus dans cet homme
un excellent guide, & d’une très-bonne converfation; fon nom eft
Ifprit Jean du Revejl,
J ’e n v o y a i ma chaife m’attendre à Olhoules, & je partis à pied
Sveç mon çonducfeur,
Grès & g. Nous montâmes à l’Oueft Nord-Oueft fur des rocs cal-
* * rouge™ caires, & nous vînmes en J d’heures à une baftidc du quartier ds
te* Crué> De-là nous tirâmes droit au Nord, & nous atteignîmes bientôt
des bancs épais un peu Inclinés, d’un gris brun rougeâtre. Ce- font
les bancs que j’avois vu du Reveft ; leur couleur obfcure aura trompé
M. de L a m a n o n , qui fans doute ne fera pas allé les obferver de près.
Ç’eft d’après cette apparence trampeufe qu’il aura fuppofé des volcans
au Reveft; car non-feulement je n’en rencontrai aucun indice, non-
feulement je n’en vis auçun des hauteurs d’où j’etnbraffois tout le baflîn
du Reveft; mais mon guide m’affura de la maniéré la plus pofitive
qu’il n’en exiftoit point : & il s’y connoiffoit très-bien, non qu’il fût
çe que c’étoit que des volcans , mais, ce que nous appelions laves, il le
nommait pierre morcfque ; les premières que nous rencontrâmes au-
deffus du Brouifant, il les nomma fur le champ, & il me répéta alors
que
E T V O L C A N S É T E I N T S , Chap. XXIV. 289!
que dans toutes les montagnes qui entourent le baffm de Reveft il
n’y avoit pas une feule pierre de ce genre;
QpANT à ce grès, dont la couleur rembrunie pouvoït donner de
loin l’idée d’une lave , il eft compofé de grains de quartz blanc allez
gros, mêlés d’une efpece d’ochre rouge, & le tout lié par un gluten
calcaire. L’acide nitreux diffout ce gluten ; alors le fable quartzeux
tombe incohérent au fond du vale,tandis que l’ochre rouge demeure
füfpendue dans la liqueur, & finit asaffi par s’y affaiffer. Les gens du
pays donnent à ces grès le nom de pierre colombare.
En tr e les couches de ce grès, j’en trouvai une d’un pouce &
demi d’épaiffeur, de fpath calcaire qui étoit auffi d’un brun rougeâtre,
& confufément cryftallifé en grandes lames. Ce fpath fe diffout
avec une vive effervefcence dans les acides, & laiffe en arriéré, de
même que les grès, la terre rouge, & fubtile à laquelle il doit fa
couleur.
§. 0488. En continuant de monter, ■ nous atteignîmes le pied d’imdJ°gn*°£
rocher calcaire très-efcarpé, nous fuivîmes le pied de fes efcarpements, des calcai.
& nous arrivâmes ainfi à la jonction de ce roc avec les grès. Je vis la lesre8*
couches calcaires repofer immédiatement fur celles de grès, fans aucun
intermédiaire vifible; mais ici ce grès ff’eft plus rouge qu’à fa furface,
l’intérieur eft d’un blanc jaunâtre, compofé de grains de quartz & de
quelques cryftaux de fpath calcaire tirant un peu fur le rouge,
§. 1489. Nous fuivimes le pied du rocher jufques à fa face fep- ar^°nct'®
tentrionale pour trouver un endroit ou l’on pût l’efcalader. Nous ta;re#
rencontrâmes enfin un couloir rapide, par où nous montâmes. J’étu-
diois en montant la ftruiture de ce roc calcaire, mais il étoit fi tourmenté
, qu’on avoit bien de la peine à la déterminer.
Ici, je voyois des fentes parallèles entr’elles, qui auraient fort bien
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